De la Grèce au Larry O’Brien : L’épopée de Giannis Antetokounmpo

De la Grèce au Larry O'Brien : L'épopée de Giannis Antetokounmpo

En résumé

Giannis est un athlète unique, un talent générationnel. Voici son parcours atypique vers l'un des championnats les plus rudement gagnés.

« Gagné à la dure ». C’est avec ces mots que Giannis Antetokounmpo a décrit la façon dont lui et ses Bucks ont remporté le championnat de la NBA, pour la saison 2020-2021. Depuis son enfance en Grèce à vendre des montres et des CD à bas prix dans les rues d’Athènes, Giannis n’a pas emprunté le chemin facile en vue d’atteindre ses buts. Le MVP de la finale a connu l’une des croissances les plus ahurissantes de l’histoire de la NBA en se montant un CV exubérant, en route vers ce championnat on ne peut plus mérité. Et ce n’est qu’un début : Antetokounmpo n’est toujours âgé que de 26 ans et 227 jours.

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Match légendaire de Giannis : les Bucks champions de la NBA

Le Greek Freak, évidemment émotif suite à la rencontre ultime de la finale et sa performance personnelle historique de 50 points, 14 rebonds et 5 blocs, souhaitait rappeler en conférence de presse que la loyauté porte ses fruits lorsqu’on demeure dédié à une franchise et qu’on travaille collectivement et personnellement vers nos objectifs. Il soulignait hier avoir refusé de laisser Milwaukee derrière pour gagner avec la méthode « facile » en rejoignant d’autres vedettes sous d’autres cieux.

À titre de note, la superstar de Milwaukee s’est entendu pour cinq ans de plus avec la franchise qui l’a accueilli toute sa carrière, en signant une prolongation de contrat en décembre 2020.

« J’aurais pu rejoindre une super-team. Je l’ai gagné à la dure. Je l’ai fuc***ng fait ! » a dit Giannis tout en frappant son poing sur la table de conférence.

Sans papier et sans citoyenneté, Giannis n’a pas connu la plus confortable des enfances, avec ses deux parents d’origine nigérianes, Charles et Veronica Antetokounmpo, qui tentaient de subvenir aux besoins de leurs cinq jeunes garçons à titre d’immigrants, à Athènes. Les lois étant différentes en Grèce, deux des aînés de la famille Thanasis et Giannis n’étaient citoyens ni du pays d’Europe, ni du Nigeria pour toute leur enfance et adolescence.

Qui plus est, la famille des deux joueurs des Bucks a longtemps vécu dans une situation de pauvreté précaire, contraignant les deux frères à commettre des larcins et à vendre quelques biens matériels dans la rue dont des montres, lunettes de soleil, jeux vidéos, disques compacts, et autres objets. Le basketball a littéralement été une porte de sortie pour Giannis et sa famille, mais cette issue n’était d’abord pas si évidente.

Le troisième-né des Antetokounmpo a dribblé un ballon de basket-ball pour la première fois à 12 ans, mais ne s’est pas mis au sport de façon sérieuse avant encore plusieurs années. Ce n’est que vers 17 ans qu’il se vêtu des couleurs du EFAOZ B.C. (Enosi Filathlitikou Athlitikou Omilou Zografou Basketball Club) ou Filathlitikos B.C. à Zografou, en Grèce, avant de se faire un nom sur la scène internationale – non sans doutes et questions à son égard en raison de son jeu cru et très peu poli – pour ensuite se rendre éligible au repêchage de la NBA de 2013.

Repêché 15e lors de cet encan par les Bucks de Milwaukee, l’« Alphabet Humain » en a fait du chemin depuis…

« Je veux être un joueur de la NBA. » – Giannis Antetokounmpo en 2013

Lui qui n’avait comme unique rêve que d’atteindre le meilleur circuit de basketball au monde, Giannis s’est démarqué bien au-delà de ses ambitions initiales. Sa famille compte maintenant trois champions de la NBA, une première dans l’histoire pour n’importe quelle famille, avec Kostas (Lakers – 2020), Giannis et Thanasis (Bucks – 2021). Il va sans dire que ces deux derniers ont mérité de célébrer, après tout ce qu’ils ont traversé ensemble.

Quelques pouces et plusieurs livres de muscle additionnels plus tard, le Greek Freak peut s’introduire parmi la discussion quant aux quatre ou trois meilleurs power forwards de l’histoire, en bonne compagnie : il rejoint Tim Duncan, Karl Malone, Kevin Garnett, Dirk Nowitzki et Charles Barkley au sein du palmarès des meilleurs de tous les temps à cette position.

Certains pourraient même affirmer sans trop faire la polémique que Giannis est déjà deuxième meilleur dans cette catégorie, juste derrière Duncan. Après tout, il a accumulé les prix, honneurs et accomplissements nécessaires afin de monter un tel argument.

Voici tout ce qu’Antetokounmpo a eu le luxe d’ajouter à son incroyable CV en huit ans, au Wisconsin :

  • MVP (Joueur le plus utile) [2x] – 2019, 2020
  • Champion NBA – 2021
  • Finals MVP (Joueur le plus utile de la finale) – 2021
  • DPOY (Joueur défensif par excellence) – 2020
  • MIP (Joueur le plus amélioré) – 2017
  • All-NBA 1st Team (Première équipe d’étoiles NBA) [3x] – 2019-2021
  • All-NBA 2nd Team (Deuxième équipe d’étoiles NBA) [2x] – 2017, 2018
  • All-Defensive 1st Team (Première équipe d’étoiles défensives) [3x] – 2019-2021
  • All-Defensive 2nd Team (Deuxième équipe d’étoiles défensives) – 2017
  • All-Star (Participant au Match des étoiles) [5X]
  • All-Star Game MVP (Joueur le plus utile du Match des étoiles) – 2021
  • All-Rookie 2nd Team (Deuxième équipe de recrues étoiles) – 2014

Même avec autant de distinctions à son nom, les détracteurs continuaient de douter de Giannis… même jusqu’à la toute fin. On disait de lui qu’il n’était pas en mesure de mener son équipe vers la Terre promise parce qu’une défensive faite pour contrer son style de jeu savait trop facilement comment l’arrêter. Le numéro 34 des Bucks continuait également de recevoir de la critique au fil de cette série finale en lien avec son tir extérieur et ses lancers francs.

Eh bien, le grand athlète de presque 7 pieds ne s’est jamais laissé déranger par le bruit incessant des critiques et des internautes, et leur a répondu d’une prestation monstre à l’occasion du match le plus important de toute sa vie – tout en convertissant 17 de ses 19 tentatives à la ligne des lancers francs, soit sa meilleure marque en séries.

Il ne s’agissait là que de la cerise sur le sundae d’une finale où il présentait des moyennes de 35.2 PTS, 13.2 REB, 5.0 AST, 1.2 STL et 1.8 BLK par rencontre sur un rendement total de 61.8%. Inutile de vous mentionner qu’il est le premier de l’histoire à enregistrer une telle ligne de statistiques.

Au passage, il a aussi brisé et établi une foule de records et de faits d’armes. En voici quelques uns :

  • Il est le premier joueur avec une performance d’au moins 40 points, 10 rebonds et 5 blocs en finale.
  • Il est le premier joueur à remporter tous les trophées suivants : MVP, MVP de la finale, Joueur défensif par excellence et Joueur le plus amélioré.
  • Il enregistre le sixième plus haut nombre de points moyens par match de finale (pour un joueur champion) avec 35.2. Il est tout juste derrière Kevin Durant (35.2) en 2017, Michael Jordan (35.8) en 1992 et en 1993 (41.0), Shaquille O’Neal (36.3) en 2002 et en 2000 (38.0).
  • Seuls deux joueurs possèdent plus d’un titre de MVP, en plus d’avoir un trophée de Joueur défensif par excellence et de MVP de la finale : Michael Jordan et Giannis.
  • Seuls deux joueurs ont réussi trois matchs d’au moins 40 points et 10 rebonds au cours d’une même série finale : Shaquille O’Neal, en 2000, et Giannis.
  • Il rejoint une liste élite de joueurs avec 50 points ou plus lors d’un match de finale, incluant Bob Pettit, Jerry West, Elgin Baylor, Rick Barry, Michael Jordan et LeBron James.
  • Il a mené son équipe vers quatre victoires consécutives après deux défaites initiales, devenant la troisième formation de l’histoire à le faire. Les Trail Blazers en 1977 et le Heat en 2006 ont également accompli une telle remontée.

De plus, le gaillard a complété les deux défis que lui avait laissé le défunt Kobe Bryant.

Giannis Antetokounmpo s’est hissé parmi la crème de la crème des livres d’histoire du basketball tout en empruntant le sentier rocailleux et en conservant sa classe et son sourire, à chaque étape du processus. Il a préféré un petit marché comme Milwaukee à la gloire des grosses villes américaines et il est désormais un icone éternel de cette ville, comme résultat.

Giannis a gagné. Et il l’a fait à sa manière. Ça mérite tout le respect du monde.

D’ailleurs, lisez ci-bas les louanges et marques de respect qu’ont offert LeBron James, Kevin Durant, Steph Curry et plusieurs autres au Greek Freak :

La NBA réagit aux champions 2021

Liam Houde

Liam a gradué en journalisme au Collège La Cité, à Ottawa. Il aime marier son amour de la rédaction avec sa passion pour le basketball et son objectif est de faire du Québec un endroit où ce sport est un élément clé de la culture.

Liam Houde

Liam a gradué en journalisme au Collège La Cité, à Ottawa. Il aime marier son amour de la rédaction avec sa passion pour le basketball et son objectif est de faire du Québec un endroit où ce sport est un élément clé de la culture.

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