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De Washington et Tomjanovich à Green et Poole : la question de la violence en NBA

En résumé

L’incident entre Draymond Green et Jordan Poole n’est pas le premier du genre en NBA.

L’altercation entre Draymond Green et Jordan Poole a fait les manchettes de tous les journaux sportifs d’Amérique. Si Green s’est depuis excusé, la question de la violence dans le sport refait surface. 

Andre Iguodala parle de l’événement comme d’une querelle de famille. Bob Myers, le directeur général des Warriors, affirme que ce genre de choses arrivent dans le sport professionnel. Si personne ne tolère ce genre d’événement, il semble toutefois qu’on cherche à minimiser la bagarre. Pour le moment, il n’est pas prévu que Green manque un match.

Ce n’est pas la première fois que la NBA doit gérer un cas de violence. En novembre 2004, Ron Artest, des Pacers de l’Indiana, s’en prenait physiquement à des spectateurs des Pistons de Detroit dans ce qui est connu aujourd’hui comme « The Malice in the Palace ».

Bien avant ce triste événement, la NBA était secouée par un cas de violence sans précédent et devait justifier sa position face à ce type d’événement.

Le 9 décembre 1977, une bagarre éclate sur le terrain entre Kareem Abdul-Jabbar et Kermit Washington (Lakers de Los Angeles) et Kevin Kunnert (Rockets de Houston). En pleine altercation, Washington aperçoit le capitaine des Rockets, Rudy Tomjanovich, se diriger vers lui. Sans prévenir, il assène un violent coup de poing qui laisse le joueur étoile des Rockets sans connaissance.

Les blessures subies par Tomjanovich sont impressionnantes. Outre plusieurs blessures au visage, dont des fractures au crâne, à la mâchoire et au nez, on compte une fuite du liquide céphalo-rachidien. Afin de reconstruire son visage, Tomjanovich doit subir une intervention chirurgicale qui le force, on le comprend, à manquer le reste de la saison.

Sur le plan sportif, la NBA n’entend pas à rire. Elle suspend Washington pendant deux mois, ce qui lui fera manquer 26 parties. En plus d’écoper d’une amende de 10 000$, la suspension fera perdre à Washington 50 000$ en salaire.

En entrevue le 14 décembre, le commissaire Larry O’Brien condamne fermement l’altercation. Immédiatement, une commission est créée au sein de la NBA pour étudier le problème grandissant de la violence sur le terrain.

Dans les années 1970, les altercations sont monnaie courante en NBA. Les duels sont très physiques et il n’est pas rare que les esprits s’échauffent. Pour O’Brien, la préoccupation est réelle puisque, contrairement au hockey et au football, le basketball n’est pas un sport de collision. De fait, les joueurs ne portent aucun équipement de protection, les rendant ainsi excessivement vulnérables.

Si l’altercation entre Green et Poole ne risque pas d’entrer dans l’histoire, à l’instar de « The Malice in the Palace » et « The Punch », il ne fait aucun doute qu’il remet sur la table la question de la violence dans le sport. Certains considèrent qu’elle n’a pas sa place, mais il semble être difficile, voire impossible, de l’enrayer.

En ce qui concerne Tomjanovich, il reviendra au jeu en 1978 et sera sélectionné au Match des étoiles. Washington, quant à lui, sera rapidement échangé aux Celtics de Boston. Sa famille et lui seront ostracisés et recevront une quantité incroyable de menaces de la part des fans. Lorsqu’on regarde certaines situations aujourd’hui, on peut se dire que les temps n’ont finalement pas trop changé.

Pierre-Louis Mongrain

Pierre-Louis Mongrain

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