Hier, pour la deuxième fois dans son histoire, le Temple de la renommée du basketball a ouvert ses portes au grand Bill Russell. Une légende vivante dans l’organisation des Celtics tout comme dans la NBA, Russell est bien connu pour ses 11 bagues de championnat, mais au-delà de celles-ci, il y a un homme qui a trimé dur pour être ce qu’il est aujourd’hui. Portrait d’une légende qui le mérite désormais deux fois plutôt qu’une.
Avant de se pencher sur la carrière de Bill Russell, il faut retourner à l’époque où ce dernier n’était qu’un gamin dans l’État de la Louisiane, où le racisme était encore bien ancré à l’époque. Suite à de nombreux incidents liés à des injustices raciales, la famille de Russell déménage dans un quartier défavorisé d’Oakland.
Après avoir tragiquement perdu sa mère alors qu’il avait 12 ans, Russell s’investit dans le basketball. Il ne maîtrise pas bien les bases du sport, mais il possède des qualités athlétiques exceptionnelles, et une rencontre avec la vedette des Lakers, George Mikan, l’incite à poursuivre.
Russell, qui pratique alors un style de défense précurseur en n’ayant pas les pieds à plat pour être plus rapide, est remarqué par l’Université de San Francisco, qui lui offre une bourse. Le jeune homme voit en celle-ci une chance de se sortir de la pauvreté, mais est encore victime de racisme avec son équipe. Or, les membres de cette dernière le supportent dans toutes ces histoires et aident Russell à s’affirmer comme un pivot vedette.
Repêché par les Hawks de Saint-Louis en 1956 avant d’être échangé aux Celtics sur la recommandation de son entraîneur universitaire à Red Auerbach, Russell débute son parcours avec l’équipe américaine aux Jeux Olympiques de 1956, équipe de laquelle il est d’ailleurs le capitaine.
Dès son année recrue, Russell s’impose comme une force défensive et il mène la NBA pour les rebonds par match avec 19,6. Une autre époque.
Les Celtics remportent le championnat dès la première année de Russell, et après avoir échappé le titre en 1957, ils amorcent une séquence tout simplement surréelle de huit championnats de suite. Au cœur de ceux-ci, Russell est une force à la fois en défensive (il récolte au moins 23 rebonds par match en moyenne pour sept campagnes de suite) et sur le plan psychologique.
Même si Wilt Chamberlain retient la vedette du côté de la Californie, Russell continue de mener son équipe à des championnats. Les deux entretiendront une superbe rivalité durant les années 1960.
En 1966, après le huitième championnat de suite, Auerbach prend sa retraite. Celui qui le remplacera sera nul autre que Bill Russell, un grand moment pour celui qui devient du même coup le premier entraîneur Noir de l’histoire de la NBA.
Après une première saison qui voit la séquence de titres se terminer, Russell dispute deux autres saisons comme joueur-entraîneur, deux campagnes qui verront Boston remporter le titre de la NBA.
Or, en 1969, Russell quitte subitement les Celtics à la suite de problèmes personnels et d’une remise en question à la suite de l’assassinat de Martin Luther King. Il reviendra dans la NBA quelques années plus tard pour diriger les SuperSonics de Seattle entre 1973 et 1977, puis aura son dernier passage du côté de Sacramento durant la saison 1987-88.
En regardant tout le parcours de Russell, on y découvre un homme qui a trimé dur et qui a dû surmonter à la fois des difficultés au niveau des notions fondamentales du basketball et du racisme. On y découvre également un compétiteur presque maladif, mais aussi un homme sensible qui a pris la lutte contre le racisme au sérieux.
Bill Russell est un pionnier de ce sport, que ce soit au niveau de sa défensive peu orthodoxe pour l’époque ou en devenant le premier entraîneur-chef Noir de l’histoire du sport. Il mérite amplement d’avoir été intronisé au Temple à deux reprises, à la fois pour son illustre carrière de joueur et pour son impact comme entraîneur.