La campagne 2019-2020 de la NBA sera gravée à tout jamais dans les livres d’histoire comme étant la saison de la Covid-19, là où un simple virus était suffisant pour mettre des bâtons dans les roues de la puissante machine NBA. Mais ce n’est pas le seul événement important ayant marqué cette saison rocambolesque; les décès de David Stern et Kobe Bryant ont aussi ébranlé le monde du basketball, ainsi qu’une foule de nouvelles, tragiques comme joyeuses.
Cependant, la majorité ignore que cette année sera marquée d’un astérisque bien particulier : la défensive.
Plusieurs connaissent l’adage voulant que « La défense gagne des championnats ». Ce n’est pas faux, mais le côté offensif du ballon est tout aussi important. Les dernières équipes championnes de la NBA profitaient toutes de formations défensives ET offensives de haut niveau, sans quoi succès est impossible. Oui, l’équilibre est de mise.
Toutefois, une statistique toute simple vient soulever une question surprenante, lorsqu’on jette un coup d’œil sur les cotes défensives des cinq meilleures équipes de la ligue.
Curieusement, les cinq clubs avec les meilleures fiches sont aussi les cinq clubs arborant la meilleur cote défensive (Defensive Rating).
Ce qui rend ce fait si intéressant, c’est qu’une telle coïncidence n’a pas eu lieu depuis… jamais. Du moins, depuis que la statistique de cote défensive existe, soit en 1996-1997.
Voici l’élite défensive de l’association :
(2019-2020) | Fiche de saison régulière | Cote Défensive |
Bucks de Milwaukee | 53-12 | 101.6 (1ère) |
Lakers de Los Angeles | 49-14 | 105.5 (3ème) |
Raptors de Toronto | 46-18 | 104.9 (2ème) |
Clippers de Los Angeles | 44-20 | 106.6 (5ème) |
Celtics de Boston | 43-21 | 106.2 (4ème) |
La clé du succès des Bucks
Au premier rang depuis deux ans, les Bucks de Giannis Antetokounmpo ont déchiffré le mystère du système défensif idéal, figurant parmi les meilleurs clubs de l’histoire en défense, sur papier.
La clé qui alloue autant de succès à la troupe de Mike Budenholzer réside dans 1) un schéma de rotation défensive ingénieux, 2) une protection intérieure puissante grâce à Brook Lopez et 3) des défenseurs périphériques athlétiques comme Eric Bledsoe, Wesley Matthews et Khris Middleton.
Par contre, rien de tout ça ne serait possible sans la présence du Greek Freak, présentement candidat au titre de Joueur Défensif par Excellence, ainsi qu’au titre de Joueur le Plus Utile.
Giannis révolutionne carrément l’aspect défensif du basketball avec sa polyvalence inédite. Son rôle de « rover » (patrouilleur) n’est pas suffisant pour décrire tout ce que le MVP en titre accompli sur un terrain de basketball pour stopper l’adversaire.
C’est un spécialiste de la perturbation des lignes de passe, grâce à son QI et son envergure hors du commun (7 pieds 4 pouces ou 2,22 m). En plus, son athlétisme et sa robustesse lui permettent de rivaliser avec les meilleurs défenseurs d’anneau. Comme si ce n’était pas assez, l’aîné Antetokounmpo excelle aussi au chapitre des rebonds défensifs – un aspect important de la défense – en totalisant 11.5 REB déf. par match, bon pour le tout premier rang de la ligue.
Si les Bucks sont aussi performants depuis 2018, sans super-team, c’est sans doute grâce à Giannis et au génie défensif de Budenholzer. Il ne reste qu’à décrocher le Larry O’Brien et Milwaukee aura prouvé que la défense gagne bel et bien des championnats.
De leur côté, les Raptors en ont fait une belle démonstration l’an dernier…
L’ADN de champion
L’organisation torontoise publiait la cinquième meilleure cote défensive lors de la saison régulière de 2018-2019, ainsi que la première, en séries éliminatoires. À leur nouvelle campagne, les Raps ont poursuivi sur cette lancée, arrivant à Orlando avec la deuxième meilleure cote du circuit.
Synonyme de victoires, la défensive des champions en titre leur a permis de se classer au troisième échelon de la ligue. Ce n’est pas mauvais pour une formation ayant perdu les services du grand Kawhi Leonard. Voilà une belle preuve de l’attitude et de l’ADN d’un champion.
Tout comme c’est le cas pour les Bucks, la clé du succès défensif des Raptors se cache derrière le banc : c’est le coach. Nick Nurse est même le candidat favori au titre d’Entraîneur-Chef de l’Année en 2020, avec raison. Son originalité, combinée avec la ténacité de son groupe, font des Raptors une véritable menace, à ne surtout pas sous-estimer à Disney World.
Tous pour un et un pour tous
Le reste du palmarès est complété par les Lakers, les Celtics et les Clippers. Deux de ces concessions, cependant, semblent avoir quelque chose que l’autre n’a pas. Les Lakers comptent dans leurs rangs Anthony Davis alors que les Clippers ont Kawhi Leonard et Paul George.
Ce sont toutes des super-vedettes défensives/offensives comme on l’a rarement vu, et elles ont un impact direct sur la cote défensive de leur formation, qui semble en retour avoir un impact direct sur le succès de celle-ci.
Pour les Clippers, par exemple, c’est rare de pouvoir observer deux joueurs étoiles « two-way » comme PG13 et KL2 vêtus du même maillot. Ajoutez Patrick Beverley et Montrezl Harrell au mélange, et vous obtenez une recette gagnante.
Leurs rivaux de Los Angeles aussi possèdent un effectif plutôt inhabituel. Le Lakeshow met de l’avant trois monstres autour de l’anneau, capables de bloquer une variété de tirs dans la peinture.
Anthony Davis (possiblement le récipiendaire du Joueur Défensif par Excellence), Dwight Howard et JaVale McGee se chargent de l’intérieur, mais il est important de ne pas oublier que la troupe de LeBron James bénéficie aussi de plusieurs gardes d’exception, lorsqu’il est question de défensive périphérique : Avery Bradley, Rajon Rondo, Danny Green et Kentavious Caldwell-Pope.
Lorsqu’on épie les effectifs des deux clubs hollywoodiens à la loupe, ça saute aux yeux, nous sommes présentement témoins de l’évolution de certaines des formations défensives les plus « boostées », jamais observées. Ce sont toutefois les superstars qui font la différence ici. Pour les Celtics de Boston, c’est une autre histoire.
Le dernier membre du top 5 n’a pas de talent comme Kawhi Leonard, Anthony Davis ou Giannis Antetokounmpo parmi son arsenal. Les C’s doivent trouver d’autres moyens de se hisser au sommet et ces façons de faire ressemblent beaucoup aux stratégies qu’emploient les Raptors et les Bucks.
C’est un cas de tous pour un et un pour tous, un travail d’équipe et de la défensive acharnée. C’est donc en travaillant et en communiquant ensemble que Boston est devenue l’une des meilleures formation au chapitre de la prohibition de paniers, sans vedette défensive ou protecteur d’anneau.
Encore une fois, le génie de l’entraîneur-chef, dans ce cas Brad Stevens, est aussi grandement à considérer. Il ne faut pas non plus négliger Marcus Smart, l’un des défenseurs les plus dévoués du circuit.
C’est donc cinq équipes très spéciales au sommet du mont NBA; cinq alignements formés de joueurs qui excellent des deux côtés du ballon. Malheureusement, on pourrait ne jamais avoir la chance de revoir un top 5 aussi bi-directionnel… à moins que cette exception ne devienne une tendance… et cette tendance un mouvement.
Néanmoins, ce qui est présentement une certitude, c’est qu’en 2020, c’est la défensive qui gagne des matchs.