Embarquons dans la machine à voyager dans le temps. Destination : 18 juin 2013, au American Airlines Arena de Miami. Nous assistons au match numéro 6 de la finale de la NBA, alors que les Spurs de San Antonio bénéficient d’une avance de trois points face au Heat de Miami, avec moins de 20 secondes affichées au cadran.
Ray Allen, tireur d’élite de profession, réussit un tir légendaire de l’arche qui permet ultimement à son club d’égaler la série à trois victoires respectives, en temps supplémentaire. Le Heat est ensuite couronné champion au septième combat.
Revivons l’un des tirs les plus clutchs de tous les temps :
Bon, l’amateur moyen de la NBA est déjà familier avec le poids que porte le lancer extérieur d’Allen. Mais ce ne sont pas tous les partisans qui se sont penchés sur l’impact réel qu’aura eu ce triplé sur le cours de la NBA. Nous pourrions nous retrouver dans un monde très différent, si le ballon n’avait pas trouvé le milieu de l’anneau à ce moment bien précis.
Tim Duncan grimpe les échelons
Si Ray ne convertit pas son tir, la troupe de Gregg Popovich obtient plus que probablement la possession du ballon, puisque Chris Bosh n’était pas en position de récolter un deuxième rebond offensif. Alors, pour le bien de la discussion, admettons ici que Ray Allen qui rate son tir périphérique = San Antonio est couronnée championne de 2013.
Si tel était le cas, Tim Duncan, power forward légendaire de la franchise texane, maintenant membre du Temple de la Renommée, n’essuie pas de revers en finale. Il termine sa carrière avec une fiche de 6-0 à l’étape ultime de sa profession, tout comme Michael Jordan. Il ne serait donc pas complètement faux d’affirmer que Timmy aurait sa place parmi le top 5 des meilleurs joueurs de tous les temps, si ce n’était pas du sang clutch dans les veines de Ray Allen.
Dur coup à l’héritage de LeBron
Certains tenteront toujours de soutenir le point voulant que ce tir spectaculaire est ce qui a sauvé la peau à LeBron James, que le King ne serait pas vu comme le grand joueur qu’il est aujourd’hui si ce n’était pas de Sugar Ray. Alors que l’héritage de James a été construit par lui-même, sa sueur, son sang et ses pleurs, ces partisans haineux ont raison, en partie.
Sans le trophée Larry O’Brien de 2013, le small forward issu d’Akron en Ohio, aurait à ce moment une seule victoire en finale pour six apparitions. Aujourd’hui, il en posséderait deux (en ajoutant celui avec les Cavaliers de Cleveland en 2016) sur neuf. Une fiche de parcours de 2-7 en finale de la NBA n’aide pas son cas pour la course au meilleur de tous les temps.
L’expérience échoue
De plus, si les circonstances suivant le 3 points historique d’Allen n’ont pas lieu, le fameux Big Three de South Beach composé de LeBron James, Dwyane Wade et Chris Bosh n’est pas perçu comme la réussite qu’il était.
Le trio, ensemble de 2010 à 2014, termine son existence avec une seule bague de championnat, celle de 2012 face au Thunder d’Oklahoma City. On ne parle pas de cette expérience de la même façon, et peut-être même que l’ère des « superteams » n’a pas lieu.
Dwyane Wade qui n’a que deux championnats à son nom, au lieu de trois, n’obtient peut-être pas de place aussi confortable au troisième rang des meilleurs shooting guards de tous les temps, derrière Michael Jordan et Kobe Bryant.
Kawhi et Pop
De l’autre côté du tableau, ce n’est pas que Tim Duncan qui redore son blazon. Kawhi Leonard aurait aussi trois bagues à ses doigts, aujourd’hui en 2020. Son statut au sein de la liste des plus grands de l’histoire change inévitablement.
Même chose pour l’entraîneur-chef illustre des Spurs. Gregg Popovich a six Larry O’Briens chez lui, son dossier aussi est encore mieux garni. Cependant, nous parlons déjà de Pop comme l’un des plus grands entraîneurs à gérer un banc de l’histoire de la ligue.
Ce ne sont donc pas tous les tirs qui ont le même poids. Celui de Ray Allen décoché au match numéro 6 fatidique est immortalisé comme l’un des plus importants, certes, mais les répercussions qu’il a eu sont parfois sous-estimées et oubliées.