Dimanche dernier, Kyle Korver était de passage à son ancienne université, Creighton University, pour donner une entrevue. Pendant l’entretien, le vétéran a raconté en détail les moments qui ont précédé le boycottage déclenché par les Bucks de Milwaukee le 26 août dans la bulle d’Orlando.
Aux États-Unis, le combat contre l’injustice raciale et la discrimination est d’actualité plus que jamais cette année. La NBA est sans doute la ligue sportive professionnelle la plus impliquée sur ce plan. Dans la bulle, la plupart des joueurs avaient choisi de mettre un message prônant l’égalité et la justice sociale au dos de leur maillot. Adam Silver, le commissaire de la NBA, avait fait en sorte que l’on puisse lire Black Lives Matter sur les différents terrains sur lesquels les rencontres se tenaient, mais était-ce assez?
Le 26 août, alors que les Bucks s’apprêtaient à jouer le match #5 du 1er tour des séries face au Magic, Kyle Korver, ses coéquipiers et ses entraîneurs se demandaient ce qu’ils faisaient là. Ils se posaient la question après des jours de conversation. Pour sa part, le shooting guard de 39 ans regardait son maillot, sur lequel il était écrit Black Lives Matter et il se sentait confus. Ce geste était-il suffisant?
La police avait tiré à plusieurs reprises sur Jacob Blake, un autre homme noir qui n’était pas armé, quelques jours auparavant. Cette fois, l’injustice avait eu lieu dans l’état du Wisconsin, plus précisément dans une ville ne se situant pas très loin de Milwaukee. Les membres de l’organisation ressentaient donc un certain devoir. Ils savaient qu’ils se devaient d’agir et de faire quelque chose pour dénoncer cette situation.
Une décision unanime
Quelques minutes avant le début de la partie, George Hill a annoncé au groupe qu’il n’allait pas sortir du vestiaire pour jouer. Sterling Brown, qui a été lui-même victime de brutalité policière il y a quelques années, s’est joint au point guard. Brown s’est levé et s’est adressé au reste du groupe.
« Brown s’est levé et il nous a dit que l’on n’était pas obligé de se joindre au boycottage si l’on n’en avait pas envie », a dit Korver. « On est tous restés assis et on a dit ‘on est avec vous. On est avec toi.’ »
Un des entraîneurs adjoints de l’équipe, Darvin Ham, était très émotionnel. Il pleurait en pensant à ses deux fils, âgés d’une vingtaine d’années, qui vivaient dans la ville de Milwaukee. Tous les membres de l’équipe présents dans le vestiaire ont commencé à parler des actions à prendre afin d’apporter plus de changement et d’avoir un réel impact sur le cours des choses. Par la suite, ils ont parlé à la famille de Blake.
« J’en avais les larmes aux yeux. On s’est tous réunis autour du téléphone et on écoutait sa famille et ses parents nous parler. On pleurait tous ensemble. On ne savait pas exactement quel était notre plan, mais on savait que l’on faisait la bonne chose », a expliqué Korver.
Alors que ce moment émotionnel avait lieu, Kyle s’est demandé quel rôle il devait jouer dans toute cette lutte en tant qu’homme blanc.
« Comment est-ce que je peux aider? Qu’est-ce qu’un homme blanc doit dire dans cet espace? Tu sais ce que tu dois faire? Tu dois te lever et donner ton appui aux personnes marginalisées », a dit Korver. « Et quand tu peux le faire, tu les aides à amplifier leur voix. Tu les écoutes. Tu reçois leurs idées et après tu trouves une façon d’aider. »