Selon le directeur-général des Hawks d’Atlanta, Travis Schlenk, la NBA militerait pour un calendrier 2020-21 complet de 82 matchs, qui débuterait le 1er décembre et se terminerait le 1er août, au plus tard.
La nouvelle a semblé surprendre Michele Roberts, directrice exécutive de l’Association des joueurs de la NBA (NBAPA), donc beaucoup de travail reste à faire, mais cela semble s’enligner avec la pensée des propriétaires d’équipes, à travers les différents ligues majeures, qui exercent une pression énorme sur les joueurs, et ce sur plusieurs fronts, qu’on appellera les 4S: santé, sécurité, salaire et sacrifices (famille).
Les raisons principales derrière cette proposition de calendrier condensé, qui débuterait un peu plus d’un mois après la fin de la saison 2019-20, sont nombreuses :
- Simple question d’affaires; les propriétaires vont chercher à jouer un maximum de matchs, pour générer et récupérer un maximum de revenus
- Pouvoir revenir, dès que possible, sur l’horaire régulier du repêchage, des télédiffusions et du marché des agents libres, entre autres
- Steve Koonin, le président de Hawks d’Atlanta, a longtemps poussé pour un calendrier allant de décembre à août, afin d’éviter de devoir se battre contre la machine NFL; envoyait-il sont DG au front, afin de tâter le terrain? Hmm…
- Les Jeux olympiques d’été de Tokyo, très importants au yeux de la NBA et sa stratégie d’affaire en Asie, sont prévus pour l’été 2021. Si les playoffs de la NBA devaient être retardés et se prolonger au-delà de la fin juillet, comme ce sera le cas cette année, il y aurait un conflit de calendrier inévitable. Cela déboulerait, à son tour, sur plusieurs scénarios que joueurs et propriétaires veulent idéalement éviter, notamment la cannibalisation des côtes d’écoute d’un côté comme de l’autre du Pacifique, et pour les joueurs, devoir choisir entre son équipe NBA et représenter son pays natal. On parle ici de 108 joueurs internationaux évoluant dans la grande ligue. Tout autant, il serait facile de présumer que la très puissante USA Basketball fera pression pour éviter un tel conflit et s’assurer d’avoir à sa portée les meilleurs joueurs de la NBA, pour ainsi éviter une répétition de la débandade de la coupe du monde 2019, où les États-Unis se sont inclinés en quarts-de-finale contre la France.
De toute évidence, les propriétaires d’équipes de la NBA en sortiraient grands gagnants, dans leurs marchés locaux respectifs, mais qu’en serait-il des joueurs, au bout du compte?
Si un tel scénario devait se concrétiser, cela voudrait dire qu’au terme de la saison, 2020-21, ils auront passé 4 mois loin de la maison et de leur famille, en Floride, confinés à l’intérieur d’un complexe hôtelier, suivi d’un marathon de 6 mois, où toutes les équipes seraient forcées de jouer plusieurs séquences de 3 matchs en 4 jours ou même 4 matchs en 5 jours. Ce marathon serait ensuite suivi d’un sprint de 2 mois, sous la pression des matchs éliminatoires, 1 jour sur 2. Pour les meilleurs joueurs (et les plus influents de la ligue) cela voudrait dire, également, un autre 30 jours, loin de la maison et outre-mer. En tout et pour tout, un LeBron James, par exemple, risquerait d’avoir joué près d’un an et demi, loin de chez lui, à carburer la pédale au plancher en moyenne 1 jour sur 2, et possiblement près de 2 jours sur 3; un train d’enfer, que même le surhomme qu’est King James ne pourrait accepter. Les conséquences sur la santé mentale et physique des joueurs pourraient se ressentir dès la saison suivante et mettre, très possiblement, la carrière de certains en péril.
La NBAPA, hors de tout doute, désire revenir au jeu le plus vite possible, afin d’éviter d’autres pertes salariales majeures, pour ses membres. Par contre, jusqu’où seront-ils prêts à pousser la machine? La relation entre la NBA et ses joueurs semble excellente, la santé financière de la ligue est meilleure que jamais, mais la ligne risque d’être tracée abruptement, si les propriétaires ne démontrent pas un minimum de respect envers les limites de ses employés. À tout le moins, la ligue devra certainement considérer l’abolition de certaines mesures mises en place, ces dernières années, qui visaient à éliminer des tactiques de réduction de la charge de travail des joueurs (load management). Cela viendra-t-il ouvrir la porte aux équipes éliminées, cette année, et ramener un peu plus d’équilibre entre les canons de la NBA et les équipes flottant dans les méandres des bas-fonds du classement? Ce serait possiblement le compromis idéal et le scénario rêvé, pour les James Dolan de ce monde.