La diffusion des matchs à prévoir, cet été, risque d’apporter son lot de surprises : performances inégales, ambiance de match terne, repères visuels inhabituels. Un autre élément qui présentera son lot de défis? Le travail des commentateurs et analystes, à la télévision.
Le retour de la NBA, prévu pour le 1er juillet à Disney World, ne sera pas un retour à la normale, loin de là. Les joueurs seront confinés, testés quotidiennement, et souvent loin de leur famille pour de très longues période de temps. Le personnel sera limité, les équipes seront regroupées et les fans, pour leur part, ne seront pas admis en personne. Ce dernier élément viendra joueur un rôle très important dans la facture télévisuelle d’un sport souvent axé sur l’émotion, où les joueurs sont souvent transportés, par les cris de la foule, à se dépasser athlétiquement.
Le vide qui sera crée par ces foules inexistantes, pourrait-il également venir ternir le travail des commentateurs et analystes, lors de la présentation des matchs? Le travail et la reconnaissance de ces derniers n’est souvent que tributaire du moment, rehaussé par la passion et les cris hystériques de partisans enflammés. Un commentateur qui s’évertue à décrire les exploits de LeBron James, à pleins poumons, et qui entend le son de sa voix résonner dans une enceinte complètement vide, risque de voir son adrénaline en prendre pour son rhume; l’importance du moment, sans l’entrain du bruit incessant des adolescents et leurs parents dans les estrades, risque de se perdre très rapidement.
Comment faire pour pallier à cette dissonance et dramatiser les exploits de nos sportifs préférés, comme il se doit, et préserver le mythe de nos super-héros? Comment perpétuer l’illusion qu’un dunk féroce de Ja Morant au 1er quart est absolument vital à notre raison d’être? Les Marv Albert de ce monde, devraient-ils demander conseil au commentateur attitré aux matchs de Panthers de la Floride, ces dernières années? Sûrement qu’il saurait partager son expérience et ses conseils, ayant travaillé plusieurs matchs dans des gradins souvent vides et silencieux…Voir ci-dessous, pour un exemple parfait de distanciation sociale:
Les équipes de description des matchs, semble-t-il, seront également forcées, dans certains cas, à travailler à partir d’un studio, en regardant le match sur un écran. En d’autres mots, elles ne seront pas différentes de tout partisan qui se respecte, qui s’amuse de temps en temps à décrire les matchs de son salon (avec les résultats que l’on connaît). D’ailleurs, cette méthode est généralement adoptée par RDS lors de la télédiffusion de matchs de la NBA, un dimanche soir. Palpitant, mais pas tant. À bien y penser, lorsque Bob C. Comeau s’écriait « …du centre-ville…! », il faisait peut-être référence à son studio RDS au centre-ville de Montréal.
Que compte faire la NBA pour remédier à la situation? Tel que décrit par mon collègue T-Will, cet après-midi, la ligue envisage de pomper du son artificiel dans les gradins et à la télé, qui proviendrait…attachez bien vos tuques et vos masques…du jeu NBA2K! Ça promet, les amis…De plus, certaines sources indiquent que des écrans géants pourraient être placés à certains endroits de l’arène, afin de permettre à des détenteurs de billets de saison, par exemple, de se joindre au match virtuellement, par le biais d’une plateforme de visioconférence telle que Zoom.
Ça promet d’être spécial, en effet, mais espérons que cela permettra à la ligue d’innover et de trouver de nouvelles façons d’impliquer ses partisans et de rapprocher les joueurs du monde ordinaire, à la maison, qui ne peut se payer des billets. Une simple et unique requête SVP, par contre : on veut plus des microphones, partout, sur les bancs, sur les joueurs et dans les vestiaires; c’est le moment où jamais de nous en donner pour notre argent. Le peuple le réclame et on le mérite, après une première moitié 2020 somme toute assez éprouvante, pour tout le monde.