Le Sénat des États-Unis voudrait en connaître un peu plus au sujet des relations d’affaires entre la NBA et le gouvernement de la République Populaire de Chine, et aurait demandé au commissaire de la ligue, Adam Silver, de répondre à certaines de ses questions.
La sénatrice, Marsha Blackburn, aurait soumis au commissaire Silver trois principales questions, le sommant de soumettre ses réponses d’ici au 21 juillet, au sujet des liens qui unissent la NBA et le gouvernement chinois. Les relations entre la ligue et la Chine sont tendues et même gelées depuis l’an dernier, suite à des commentaires du directeur-général des Rockets de Houston, Daryl Morey, jugés comme étant déplacés par le gouvernement chinois.
Les questions de la sénatrice républicaine, qui cherche à sonder les intérêts de la ligue sous fond de tensions politiques et économiques entre les deux superpuissances, seraient les suivantes :
- Quelles sont les conséquences financières anticipées, suite à l’interdiction de télédiffuser les matchs de la NBA sur les ondes nationales du China Central Television (CCTV)?
- SVP détailler l’étendue de votre relation avec l’entreprise chinoise Alibaba, financée par et propriété du gouvernement chinois.
- La NBA continue d’opérer un centre d’entraînement dans la région chinoise de Xinjiang, où a lieu présentement l’une des pires crises humanitaires au monde. Avez-vous pris des mesures afin de fermer ce centre d’entraînement?
En cette ère de justice sociale et de protestations réclamant l’égalité pour tous et l’arrêt de violences injustifiées envers des minorités aux États-Unis, la question du centre d’entraînement de la NBA à Xinjiang pourrait être un lourd fardeau à porter, pour Silver et la ligue. Cette région du monde, relativement méconnue, est présentement le siège d’une persécution à grande échelle envers la communauté musulmane des Uighurs, et aurait mené à l’internement arbitraire de plus d’un million de membres de ces communauté ethniques.
Nul besoin de rappeler qu’Adam Silver et la ligue sous sa gouverne se retrouve elle-même en pleine situation de crise, due à la pandémie qui aurait débuté en Chine.
On se rappellera également que l’an dernier, la NBA avait subi les foudres du gouvernement chinois, suite à la publication de Daryl Morey (directeur-général des Rockets de Houston) d’un tweet en soutien aux manifestants de Hong Kong, qui dénonçaient un projet de loi visant l’extradition de dissidents politiques chinois vivant à Hong Kong, qui est en soi un territoire souverain mais chinois, opérant sous le principe de « un pays, deux systèmes ». Comble de malheur, cette controverse avait éclaté alors même que la NBA effectuait sa traditionnelle tournée promotionnelle de la Chine, en prévision de ses matchs pré-saison.
Très rapidement, la NBA avait cherché à se distancer des propos de Morey en s’excusant, afin de sauvegarder sa relation d’affaires étroite avec la Chine, où le basketball demeure le sport le plus populaire, avec plus de 640 millions de téléspectateurs à travers le pays. Le gouvernement chinois, qui n’est pas reconnu pour faire dans la dentelle, a cependant interdit la télédiffusion des matchs de la NBA sur les ondes de sa chaîne CCTV, par mesure de rétorsion. Plusieurs commanditaires chinois, dont Alibaba et Tencent, auraient également suspendu ou carrément annuler leurs commandites d’équipes de la NBA. Témoignant de l’influence grandissante du marché chinois et de la puissance du gouvernement chinois, l’équipementier américain Nike aurait même retiré sa marchandise à l’effigie des Rockets de Houston, dans certains de ses magasins en Chine.
Suite aux protestations de certains politiciens américains, pour la plupart Républicain, la NBA aurait finalement décidé (publiquement du moins) de changer de cap et aurait refusé de céder aux pressions de la Chine, qui cherchait à forcer le renvoi de Daryl Morey comme punition, ce que le gouvernement chinois s’est empressé de nier. La ligue aurait également donné la permission à ses joueurs, finalement, de s’exprimer librement sur la question de droits de la personne en Chine et à Hong Kong, après cet incident ci-dessous :
Au final, la NBA pense avoir perdu, jusqu’à présent, plus de 400 millions de dollars (USD) en revenus, et prévoit que les contrecoups de cette affaire continuera de peser lourdement dans la balance et le modèle d’affaires de la ligue. Il s’agira d’un bras de fer qui sera des plus fascinants à surveiller, au cours des mois qui suivent, alors que la ligue fera à de gros défis financiers.
Au centre de ses efforts visant à promouvoir le sport internationalement, la ligue est présente en Chine depuis les années 70 et a investi d’énormes ressources afin d’y établir sa forte marque de commerce dans la région, ce qui la place dans une situation assez unique dans le monde du sport nord-américain. Silver et ses partenaires déploieront très certainement tout autant d’efforts afin de réparer les liens brisés et la ligne sera très mince, entre la préservation de liens financiers étroits et les valeurs fondamentales de la démocratie américaine, berceau de la ligue et marché principal de la NBA.