En 2016, James Jean-Marie était nommé Joueur le plus utile du RSEQ après une saison fort impressionnante pour l’école secondaire Jeanne-Mance. Depuis ses exploits à Montréal, les choses ont toutefois changé pour le Québécois, qui a eu l’occasion de voyager énormément à travers son parcours dans le monde du basketball. De Montréal à Hawaii, en passant par le Texas et San Diego, son bagage d’expérience se remplit et le prépare présentement à poursuivre sa carrière au-delà de la NCAA. C’est une histoire pleine de persévérance et de passion qui l’a amené où il est aujourd’hui. Une constante quête vers la meilleure situation possible, et une conviction qu’il trouvera un jour sa niche.
Hors du terrain, James n’a pas eu la chance que certains ont eu. Bien malgré lui, son background difficile a eu un impact sur sa vie et influencé son parcours. Le Montréalais ne cache pas qu’il a eu des fréquentations obscures à l’extérieur du gym.
« Je n’étais pas sérieux à l’école à cause de problèmes à l’extérieur du basketball. À un certain point, je vendais de la drogue parce que j’étais pauvre. Ma mère a combattu une dépression pendant quelques années, c’était dur pour moi. »
James Jean-Marie
Au départ, tout n’était pas rose. Ses difficultés à l’école et ses fréquentations hors du terrain lui ont donné un certain retard académique qu’il devra rattraper pendant plusieurs années. Or, son ancien entraîneur Guy Pariseau croit que James mettait tout de même une bonne quantité d’effort sur les bancs d’école, considérant qu’il savait vouloir aller aux États-Unis. Il y avait toutefois des creux de vague et des pertes de motivation, comprend-on. Ce n’était ni noir, ni blanc. Il œuvrait dans les zones grises, issu d’un milieu difficile.
Sur le parquet, il était toutefois sans pitié. Bien que plus vieux que sa compétition, il dominait la ligue outrageusement. Pour la majorité des gens qui l’ont vu œuvrer, il était l’un des athlètes les plus talentueux de la province.
« En tant que coach, il n’y avait rien à faire quand on jouait contre ses équipes de Jeanne-Mance. »
Woodwendy Séraphin (Dynastie Basketball), ancien entraîneur dans le RSEQ
Il a toutefois dû évoluer, que ce soit dans le vestiaire ou sur le terrain. Guy Pariseau mentionne qu’il y a eu une grande progression entre les deux premières années durant lesquelles il l’a vu jouer et celle durant laquelle il a gagné le titre de MVP.
Au départ, le jeune homme était frustré du manque d’effort de certains de ses coéquipiers. Malgré quelques accrochages, il a toujours été dévoué lorsqu’il avait un ballon entre les mains.
« Il n’était pas facile à coacher. Il demandait beaucoup de temps et d’énergie. Son caractère était assez particulier. […] Il trouvait que certains étaient trop permissifs avec ses coéquipiers. »
Guy Pariseau, entraîneur de James à l’école secondaire Jeanne-Mance
Il s’est éventuellement adapté et a compris ce qu’il fallait pour avoir du succès. Ç’a pris un effort collectif de l’équipe d’entraîneurs et une collaboration de James, mais tout a fini par payer sur le terrain. Un dîner entre les entraîneurs et leur joueur a notamment permis de remettre les pendules à l’heure.
« À force de pratiquer avec l’équipe, il a fini par la tirer vers le haut. Il était plus heureux, et on a gagné le provincial. […] Ses deux premières années, il était très individualiste, il pensait à lui et forçait des choses. À la dernière, il était devenu un vrai joueur d’équipe. »
Guy Pariseau
Suite à sa dernière saison au Québec, James fait comme plusieurs jeunes Québécois; il plie bagage et s’expatrie aux États-Unis afin de se préparer pour le collège.
« Le basketball était ma façon de m’en sortir, alors ma famille m’a fait réaliser que quitter le Canada était la meilleure chose pour moi, alors c’est ce que j’ai fait. »
James Jean-Marie
Il gradue du Athlos Leadership Academy en 2017 au Texas, mais n’a malheureusement pas les notes pour faire le saut directement en Division 1.
C’est pourquoi il opte pour un parcours dans un Junior College. Il dispute une saison comme réserviste avec le Indian Hills Community College (Iowa), inscrit un peu plus de 6 points par match et transfère à Navarro College pour sa deuxième saison, où il connaît une belle éclosion. En 31 départs, James inscrit 12 points par soir, attrape 7 rebonds par rencontre et ajoute un total de 23 blocs à sa fiche.
En 2019-2020, c’est enfin le grand saut. Pour sa saison junior, le Québécois s’enrôle à l’Université de San Diego. Il est partant pour 28 des 32 matchs de son équipe et inscrit en moyenne 7 points par rencontre. Il démontre également son efficacité en menant l’équipe pour le taux de réussite de la ligne de 3 points, réussissant 14 de ses 35 tentatives. Il termine la saison au deuxième rang de son club pour les rebonds et au troisième pour les points.
Malgré cette première saison satisfaisante dans la NCAA, Jean-Marie n’est pas rassasié. Lorsqu’une opportunité se présente à lui à Hawaii, il se jette sur celle-ci et transfère sans hésiter pour sa saison senior.
« Ils n’avaient pas [San Diego] la même vision que moi pour mon rôle, et un des entraîneurs a eu un travail à Hawaii. Je l’ai suivi. »
James Jean-Marie
Malgré la pandémie, il vit l’expérience complète à Honolulu. À titre d’exemple, seulement un peu plus de 1000 cas de COVID-19 ont été recensés dans les dernières semaines.
« Hawaii, c’est vraiment beau. Vraiment excitant. Ici, il n’y a presque pas de cas de COVID. Aucun de nos joueurs n’a testé positif. Les restaurants sont ouverts, les plages sont ouvertes. Honolulu, c’est vraiment une belle ville à visiter, je suis particulièrement heureux d’être ici. »
James Jean-Marie
Et sur le terrain, James fait la pluie et le beau temps. En seulement 18.8 minutes par match, il inscrit en moyenne 12 points et continue de maintenir un pourcentage d’efficacité intéressant en réussissant 58.8% de ses tirs et 37.5% de ses lancers de 3 points.
« Je me suis vraiment amélioré. Ma confiance a augmenté. Je suis plus agressif en attaque. Je suis devenu un meilleur scoreur et on gagne beaucoup de matchs. On a une bonne chance d’être au March Madness. »
James Jean-Marie
À travers les années, l’ailier de 6 pieds 7 se découvre en tant que joueur. Aujourd’hui, il peut se considérer très polyvalent, une qualité importante pour n’importe quel alignement.
« Je fais un peu de tout. Je tire de 3 points, j’ai un bon midrange. Je peux finir autour du rim, je peux dunker, je cours le terrain. Je suis vraiment versatile. Je peux faire beaucoup de choses pour mon équipe, comme prendre des rebonds et garder le meilleur joueur adverse. »
James Jean-Marie
Celui qui tente de baser son jeu sur ceux de Carmelo Anthony et Kevin Durant ne sait pas exactement ce que l’avenir lui réserve, mais il a des pistes de solution.
Il faut savoir qu’en raison de la COVID-19, les seniors de la NCAA peuvent jouer une année supplémentaire. Ainsi, James aura la chance de disputer une troisième saison en Division 1 en 2021-2022, mais il ne peut pas confirmer que ce sera à Hawaii. Il lui trotte en tête l’idée de transférer dans une école qui lui offrira un rôle important et une chance de briller sur la grande scène.
Par la suite, les options seront multiples.
« Je voudrais vraiment jouer en Australie dans la NBL. C’est un but que j’ai. Sinon, la G League, pour ensuite faire la NBA. »
James Jean-Marie
Si vous compariez le James Jean-Marie qui foulait les parquets des écoles secondaire entre 2014 et 2016 et celui qui est présentement un leader pour les jeunes de l’Université d’Hawaii, vous découvririez deux personnes et deux joueurs complètement différents.
C’est la progression qui fait la beauté de la chose. Plusieurs considèrent qu’il s’agit d’une énorme histoire de succès de le voir où il est aujourd’hui. Guy Pariseau, lui, continue d’épauler son ancien joueur – et de croire en lui.
« Il travaille fort. Il a toujours été déterminé. Il avait un petit caractère, mais ça prend ça pour réussir. […] On va essayer de l’aider à se placer, lorsque viendra le temps d’amorcer sa carrière professionnelle. »
Guy Pariseau
De Montréal à Hawaii, il a changé. Et il n’a pas terminé de voyager pour transformer son rêve d’une carrière professionnelle en réalité. Australie? Europe? G League? À suivre, comme dirait l’autre. Ce n’est pas le chemin qui compte, mais bien la destination.