Depuis cet automne, une nouvelle organisation de basket de haut niveau a vu le jour dans notre province. L’institut de Sport Dynastie (ISD ou DSI en anglais) se veut le centre de haute performance et de développement du basket francophone en Amérique du nord. Rien de moins. Nous avons eu l’opportunité de nous entretenir avec Igor Rwigema l’actuel président directeur général de l’ISD, qui nous a accordé une entrevue, alors qu’il était en déplacement avec ses équipes à Winnipeg dans le NPA (National Preparatory Association). Rappelons que Igor Rwigema est une référence dans le petit univers du basketball au Québec et qu’il a fait partie des entraîneurs qui ont découvert, formé et amené Chris Boucher où il en est actuellement.
Fort d’une carrière de presque 15 ans, Igor est passé par tous les niveaux d’excellence du basket préuniversitaire, après ses débuts aux Tornades de Longueuil, il a fondé son premier programme civil à l’année, Phénix Elite, puis sa première académie de basket en 2012 avec le Collège d’Alma, précurseur de l’ISD, qui a permis de lancer Chris Boucher qui joue avec les Raptors aujourd’hui. 2 ans plus tard, il a déménagé à Thetford Mines afin de « se rapprocher des réseaux de compétition et d’avoir un budget plus réaliste en termes de développement » .
Après Thetford, Igor passe une année de transition avec le Collège Durocher Saint-Lambert pendant la saison 2018-2019 où il prépare son tout nouveau projet.
“Cette année de transition m’a permis de m’impliquer dans ce projet qui m’a été proposé par des anciens amis, hommes d’affaires et investisseurs. Ils voulaient continuer un peu l’histoire de l’académie ; sortir les jeunes des milieux défavorisés et leur donner un cadre dans lequel ils pourraient continuer à se développer dans le milieu sportif. Ils voulaient aussi changer le modèle d’affaires et limiter la responsabilité des institutions scolaires. Dans l’ancien modèle, les écoles étaient les principaux bailleurs de fonds, mais on arrive toujours à cette limite où l’école dit que la mission première c’est d’éduquer des jeunes”.
Igor Rwigema
“On a dû créer un modèle où les institutions scolaires étaient partenaires dans le projet et non les bailleurs de fonds principaux et où le développement du jeune n’est pas limité par les ressources financières de l’école”.
Igor Rwigema
Igor définit l’ISD un peu comme un « start-up » du développement sportif d’athlète de haut niveau et même s’il en est officiellement le directeur, il est amené à faire un peu de tout.
“Mes responsabilités c’était de monter toute la structure, d’établir le calendrier de compétition, de produire le développement à long terme des athlètes, de faire le recrutement des joueurs, de m’occuper de tout ce qui est enseignement, de la progression basket, mais aussi la communication, un peu le marketing”.
Igor Rwigema
L’idée de créer une telle structure est venue de la « success-story » d’Alma et de Thetford qui a amené des joueurs locaux du Québec et des joueurs français a touché à la NBA, pas forcément à jouer en NBA, mais au moins d’arriver à un niveau qui permettait aux gens de dire qu’ils étaient assez bons pour le faire.
“C’est la formule qui a produit le plus de joueurs dans le championnat universitaire canadien, et américain au sein du Québec”.
Igor Rwigema
Mais l’ISD ne se cantonne pas à la belle province, en effet, cet institut envisage un recrutement de hauts potentiels dans toute la francophonie.
Comme nous l’explique Igor, au Québec, le bassin de recrutement est d’environ 3 millions de personnes, on s’est alors lancé vers la francophonie qui représente un milliard d’individus à travers le monde, ce qui nous donne beaucoup plus de chance de trouver des joueurs à haut potentiel. On veut rendre le Québec comme le pôle de développement au niveau académique et au niveau sportif de la Francophonie, car c’est le seul endroit au monde où on peut vivre le rêve américain en français.
“C’est un modèle aussi très difficile à reproduire parce que pour le copier il faudrait se placer au Québec. On opère un modèle francophone avec une mentalité américaine à proximité du marché américain. Si on regarde notre « business model » comme industrie, c’est simple; on se demande elle est où la matière première dans la francophonie, notre usine est au Québec et le réseau de distribution c’est après la frontière américaine là où la majorité des jeunes veulent se retrouver”.
Igor Rwigema
DSI s’est doté de moyen à la mesure de ses ambitions. Ils ont structuré leur institut suivant 3 composantes, tout d’abord cette académie de basket, en second, le centre sportif dont ils sont propriétaires et qui regroupent leurs installations et tout ce qui a attrait à la santé, au bien-être autour du sport, « une sorte d’incubateur pour les professionnels de la santé qui vont offrir leur service à l’ensemble de la communauté, mais aussi à nos jeunes et permettre un suivi médical de haut niveau » . Et leur 3e créneau est celui de la formation, en créant le centre québécois de la PNL afin d’approcher les entraîneurs et coachs sportifs et de proposer une expertise à l’ensemble de la Province ou d’avoir accès aux conférences de basketball Québec.
Quand Igor nous parle de francophonie, nous nous demandons quels sont ces bassins francophones qu’ils envisagent d’explorer et s’ils en ont les moyens.
Les corridors qu’il a identifiés avec son équipe d’après son analyse sur ces dernières années sont le corridor antillais (Haïti, Guyane française, Martinique et Guadeloupe) qui est un des piliers les plus intéressants par le nombre d’athlètes professionnels par habitant. Le second serait le continent africain, « qui pour plusieurs est considéré comme l’avenir du sport et il n’y a qu’à voir l’implication de la NBA très récemment sur ce continent et donc on regarde vraiment tout qui est Afrique subsaharienne, Afrique de l’Ouest et Afrique centrale pour l’instant » .
En 3e, ils envisagent leur recrutement en France, et la Belgique, mais vraiment plus la France qui selon lui : « rencontre la plus grande diversité par rapport à l’Europe ».
De par son expérience passée, Igor est très présent au niveau de la France avec au moins 30 étudiants français qui ont intégré ses différents centres de formation. « On est bien installé on sait où sont les jeunes qui veulent se développer » . Quant aux potentiels au niveau de l’Afrique, ils ont de bons contacts en Guinée au niveau de la Côte d’Ivoire, au Cameroun, au Rwanda et au Congo.
1-Tim Duncan semble apprécier son rôle d’entraîneur.