Repêchage 2020 : 5 joueurs qui méritent le choix #1

Repêchage 2020 : 5 joueurs qui méritent le choix #1

En résumé

Kevin Vallée dévoile son top-5, appuyé par des analyses complètes. Surprise au premier rang...

Le Repêchage de 2020 est probablement le plus particulier de tous les temps. Pensez-y. On parle d’un repêchage au mois de novembre, de nombreux matchs annulés et d’un processus interrompu par une pandémie. Au-delà du côté technique, il s’agit aussi de la cuvée la plus mystérieuse des dernières années. Je parlais avec Charles Dubé-Brais, la semaine dernière, et il a trouvé les bons mots pour exemplifier la particularité de ce repêchage : « Personne ne mérite le top 3. Le repêchage devrait commencer au 4e rang ». Or, ça ne veut pas dire que le sommet du repêchage n’est pas intéressant. À mes yeux, cinq joueurs ont les qualités d’un choix #1 au sein d’une cuvée faible comme celle de cette année. Jeudi dernier, j’ai dévoilé mon Top 30 – aujourd’hui, j’explique mon top 5.

Avant toute chose, notez que l’écart entre les joueurs est, à mon avis, très minime. Ainsi, vous pouvez considérer mes choix comme étant 1A, 1B, 1C, 1D et 1E. Chaque joueur, surtout les 3 premiers, m’ont assez impressionné pour être considéré au premier rang.

1. Deni Avdija (SF) – 6’9″, 215 lbs – Maccabi Tel-Aviv

Deni Avdija est mon coup de coeur depuis le jour 1. Il profite d’une cuvée faible et des doutes qui planent autour de James Wiseman et LaMelo Ball pour se hisser au premier rang de ma liste.

Dans le cas de l’Israélien, c’est l’éthique de travail qui change tout dans mon analyse. La courbe de progression d’Avdija est tout simplement sensationnelle, et les recruteurs s’entendent pour dire qu’il est l’un des joueurs les plus obsédés avec l’amélioration. Il est un produit encore sous-développé, mais tout indique qu’il est le type de joueur qui fera tout en son possible pour s’améliorer et trouver sa niche dans la NBA.

J’ai écouté un match d’Avdija en janvier dernier. Je l’ai aimé. Mais à son retour, après la pandémie, il était un joueur complètement différent. Le jour et la nuit. J’ai confiance en ses capacités, même s’il s’agit d’un projet à long terme.

En tant que joueur, Deni excelle principalement en raison de sa vision et de son intelligence. À 6 pieds 8, il possède les qualités de passeur d’un meneur et sait trouver ses coéquipiers en transition et lorsqu’il fait dos au panier. Il montre déjà les qualités d’un point-forward qui facilite le jeu pour ses coéquipiers. Il est intelligent, comprend bien le jeu et sait naviguer le pick-and-roll.

Il devra assurément gagner du muscle, s’il veut jouer à la position 4 dans la NBA. Ça semble toutefois être dans ses plans. Il pourrait aussi avoir à devenir plus rapide, même s’il est relativement mobile.

Pour ce qui est de son tir, il s’agit de la partie la plus inquiétante de son jeu. C’est aussi la facette de son jeu qu’il travaille de façon intensive à tous les jours. De nombreuses histoires circulent sur les réseaux sociaux à propos de son dévouement à l’amélioration de son tir. Son attitude est sans faille.

« C’est une question de temps, c’est dans ma tête. Je vais y arriver. S’il faut que je reste réveillé jusqu’à minuit pour tirer 3000 fois et grimper au-dessus de 70%, je le fais. »

Avdija juge qu’il possède un bon tir (36% de 3 points en Israël) mais qu’il doit travailler sur sa confiance.

L’Israélien possède les outils et l’éthique de travail pour travailler sur ses lacunes. Il ne sera pas le meilleur en 2021, mais je suis convaincu qu’il sera un joueur très important dans quelques années.

2. James Wiseman (C) – 7’1″, 240 lbs – Memphis

James Wiseman est un cas particulier. Le jeune joueur de centre n’a joué que trois matchs dans la NCAA en 2019-2020, avant de décider de quitter Memphis pour travailler sur son jeu dans les gymnases. Ainsi, le tape est très limité – et on doit encore se baser sur ses matchs précédant son arrivée au niveau collégial. Considérez également que Memphis n’a pas affronté de gros clubs lors de ses trois matchs.

Néanmoins, Wiseman a le potentiel de devenir l’un des meilleurs bloqueurs de tirs de la NBA, lui qui possède la longueur et l’anticipation pour être un bon défenseur autour de l’anneau. Cependant, son manque d’expérience en basketball organisé de haut niveau fait en sorte que plusieurs doutent qu’il soit prêt à intégrer une brigade défensive de la NBA, et à faire face aux meilleurs joueurs du circuit. Même dans la NCAA et au niveau high school, Wiseman a de la difficulté à défendre les pick-and-rolls, se fait souvent brûler et ne possède pas une bonne vitesse/mobilité latérale.

Offensivement, l’athlète de 7 pieds 1 constituera une menace constante au niveau des alley oops, tout en profitant de sa taille pour s’imposer près du panier. Il manque toutefois de force pour améliorer son jeu dans la clé.

Au niveau du tir, Wiseman a montré un certain potentiel. Cependant, il a l’habitude de se contenter de tirs inefficaces et ce n’est pas certain qu’il aidera sa cause en tirant de l’extérieur et de la mi-distance.

Le centre risque d’être une bête au rebond, mais il y a énormément de doute quant à la traduction de son jeu dans la NBA. Il a encore plusieurs lacunes, et elles ne sont pas nécessairement physiques : elles sont mentales.

James Wiseman possède un énorme potentiel, mais pourrait très bien ne jamais dépasser son plancher. Tout de même, une équipe à la recherche d’un centre a intérêt d’étudier son cas de près.

3. LaMelo Ball (PG) – 6’7″, 190 lbs – Illawarra Hawks

Ah, le joueur le plus polarisant du repêchage. Tellement d’outils, mais peut-être pas l’exécution et la conscience mentale pour les utiliser de la bonne façon.

Le plus jeune des frères Ball est certainement le plus talentueux. Melo est un excellent passeur et possède une vision impressionnante qui lui permet de repérer ses coéquipiers. Néanmoins, est-il un bon fabricant de jeu? C’est différent. Il ne prend pas toujours la bonne décision pour l’équipe et peut parfois être égoïste dans ses choix.

La sélection de tirs de LaMelo n’est pas seulement décevante; elle est atroce. Ball a terminé sa première saison en Australie avec un taux d’efficacité de 25% de la ligne de 3 points et de 37% du terrain. Même s’il est réputé comme un shooter, il a réussi moins de deux tirs par match du centre-ville (1.7/6.7) et prend souvent de mauvaises décisions.

Il peut décider de tirer un long tir de 3 points alors que le cadran de tir est commencé depuis 3 secondes et qu’un coéquipier est libre pour une passe. Il est confiant… mais peut-être un peu trop. Et lorsqu’on lui en parle, il ne semble même pas réaliser qu’il s’agit de mauvais tirs. Il croit être un meilleur tireur qu’on l’admet, mais ce ne sera jamais perçu de cette façon s’il est aussi irresponsable avec ses décisions.

Ensuite, il y a le mécanisme de tir. L’équipe qui le repêchera tentera peut-être de l’ajuster, considérant l’inconstance de sa technique.

LaMelo est un expert au niveau des floaters et possède une belle touche autour du panier. Néanmoins, il n’est pas le plus athlétique et aura de la difficulté à compléter ses lay-ups à travers le contact dans la NBA.

Défensivement, Ball peut littéralement être qualifié de poule pas de tête. On peut attribuer cette lacune au fait qu’il ne joue pas du basketball organisé légitime depuis longtemps, mais ce n’est pas moins un défaut. Lorsqu’il n’a pas le ballon entre les mains, que ce soit en zone offensive ou défensive, il ne lit pas bien le jeu, quitte ses tâches et rate des switchs évidents.

Il possède du talent, et certainement un beau potentiel. Mais il devra travailler fort sur ses lacunes (surtout mentales) pour devenir l’option #1 d’une équipe.

Et s’il n’est pas l’option #1… Son utilité devient très limitée.

4. Anthony Edwards (SG) – 6’3″, 225 lbs – Georgia

Anthony Edwards est le seul joueur du top-5 à avoir disputé une saison complète dans la NCAA en 2019-2020. Athlète incroyable comparé à Jimmy Butler, Donovan Mitchell et Dwyane Wade, l’arrière est un monstre près de l’anneau et sait couper vers le panier afin de compléter. On le répétera à de maintes reprises, il s’agit d’un athlète exceptionnel.

Dans le cas d’Edwards, ce sont les impondérables qui font pencher la balance. Certains recruteurs ont peur de la personnalité du jeune homme, qui possède un fort caractère flamboyant. Personnellement, je suis d’avis qu’il s’agit simplement d’un goofy kid – un jeune homme cocasse, tout simplement.

Maintenant, on peut s’attarder aux impondérables positifs. L’arrière de Georgia possède énormément de coeur et utilise sa force pour malmener ses adversaires. Offensivement, il n’a pas froid aux yeux.

Il a également montré un beau potentiel en création de tirs, malgré son inefficacité. Il est possible que ce taux d’efficacité décevant soit lié à son rôle extrêmement important dans le système de son équipe.

En tant que tireur, Edwards possède un bon mécanisme et risque d’être efficace sur les catch-and-shoot. Il arrive facilement à se créer de l’espace avec des feintes qui font flancher l’adversaire en raison de l’aspect danger qui accompagne une montée d’Edwards. Sa sélection de tir peut parfois être douteuse, surtout lorsqu’il crée son propre tir.

Défensivement, le jeune homme possède tous les atouts – mais pas la motivation nécessaire. Son langage corporel est souvent nonchalant et s’il ne défend pas un joueur à 1-contre-1, il est normalement inactif. Il y a un réel manque d’effort, dans sa propre zone. Ce ne sera pas acceptable, dans la NBA.

Au final, Edwards est intelligent, étudie beaucoup de film et connaît ses lacunes. Il est très allumé et possède une bon potentiel… Mais il devra appliquer ce qu’il apprend, sans quoi il ne s’agira que de paroles en l’air.

5. Killian Hayes (PG) – 6’5″, 192 lbs – Ratiopharm Ulm

Killian Hayes est à mon avis la carte cachée du repêchage de 2020; silencieusement, le Français possède tous les outils pour devenir un très bon joueur dans la NBA.

Avec son jeu de pieds sensationnel, Hayes a développé le meilleur stepback du repêchage et constitue une menace constante en zone offensive. En 10 matchs en Euro Cup, il a maintenu un pourcentage de 39% de la ligne de 3 points – mais son efficacité a chuté à 29% sur 33 matchs totaux. Néanmoins, son mécanisme de tir n’a rien d’inquiétant et son lancer franc démontre que son tir devrait se développer jusqu’à devenir très efficace. Il s’agit d’un point d’interrogation, mais son lancer devrait évoluer de façon satisfaisante.

Outre cette créativité, Hayes possède l’une des visions les plus impressionnantes de sa cuvée. Le gaucher exécute de façon parfaite la passe la plus efficace, malgré le trafic et le mouvement. Le meneur profite du fait qu’il est considéré comme une arme offensive dangereuse pour attirer les défenseurs adverses pendant qu’il analyse la situation et choisit la passe logique.

Défensivement, Hayes est étonnamment assez efficace et montre un beau potentiel. Près de l’anneau, il est assez solide et n’a pas peur de terminer autour du contact.

Le pick-and-roll est une force, mais il y a certains doutes quant à son rôle dans la NBA. Il faut considérer que lorsqu’il a été retiré de sa situation à Ulm, il n’a pas performé à la hauteur des attentes. Ainsi, les clubs s’inquiètent quelque peu. Dans un contexte où le système n’est pas basé autour de lui et qu’on le tient responsable de ses erreurs, brillera-t-il autant? Il s’agit du plus gros point d’interrogation, dans son cas : plusieurs analystes l’excluent du top 5, et Mike Schmitz (ESPN) le classe au douzième rang de son mock draft.

Son jeu sous pression peut inquiéter et sa main droite n’est pas aussi forte qu’on l’espère, même s’il est rapporté qu’il a impressionné les recruteurs lors de ses work-outs avant le repêchage. Il a tendance à tuer le jeu lorsqu’un défenseur applique de la pression sur lui, et son dribble n’est pas assez flamboyant pour s’en sortir et briser des chevilles.

Killian Hayes devra également limiter les revirements, problème persistant en début de saison. Il est un bon passeur, mais il force souvent la note et offre une possession gratuite à l’adversaire.

Essentiellement, vous avez devant vous un point guard de 6 pieds 5 pouces qui se démarque par sa fabrication de jeu, sa créativité, son stepback, son jeu de pied et son potentiel de tireur très efficace.

Sera-t-il un joueur d’impact dans la NBA? Tout semble dépendre de son tir.

TOP 30

Kevin Vallée

Kevin Vallée a été fondateur d'AlleyOop360, animateur du podcast et de l'émission de radio, chroniqueur basket au 91,9 Sports - BPM Sports et descripteur de L'Alliance de Montréal lors de sa saison inaugurale.

Kevin Vallée

Kevin Vallée a été fondateur d'AlleyOop360, animateur du podcast et de l'émission de radio, chroniqueur basket au 91,9 Sports - BPM Sports et descripteur de L'Alliance de Montréal lors de sa saison inaugurale.

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