Les rencontres de lundi soir, le 22 janvier, avaient une saveur bien spéciale – voire historique – car il semblait y avoir un je ne sais quoi dans l’air à l’occasion du 18e anniversaire de la grande sortie de 81 points de Kobe Bryant. C’était notamment bien illustré par les incroyables performances des centres Joel Embiid et Karl-Anthony Towns dans leur joute respective, eux qui devenaient la première paire de joueurs depuis 1978 à chacun mettre au moins 60 points en une même journée.
Embiid, le MVP en titre de la saison régulière, était évidemment le clou du spectacle, avec sa fantastique récolte de 70 points, 18 rebonds, 5 passes décisives (1 revirement) et un rendement de 59% au tir, le tout en seulement 36 minutes de jeu ! Ses 76ers qui accueillaient à Philadelphie les Spurs de San Antonio ont remporté le match par la marque finale de 133-123.
Le pivot camerounais de 29 ans fracassait du même coup le record de franchise pour le plus grand total de points en une rencontre par un membre des Sixers, appartenant précédemment à Wilt Chamberlain (68 points).
Totalement inarrêtable, Embiid n’a fait qu’une bouchée des défenseurs impuissants chez les Spurs, incluant Victor Wembanyama et Jeremy Sochan. Il est donc devenu le neuvième athlète de l’histoire du circuit à enregistrer 70 points ou plus en un seul match – et il est celui à l’accomplir avec le plus bas total de minutes jouées.
Joel est connu tel le roi des points par minute, mais il apporte cette notion vers de nouveaux sommets en 2023-2024, avec ses 1156 points totaux et 1096 minutes d’activité, pour une moyenne d’environ 1,05 point marqué par minute jouée… ce qui est facilement la meilleure marque de tous les temps. Juste avec cette performance lundi soir, JoJo a fait grimper sa moyenne de points par match pour cette saison d’environ 35 à plus de 36, tout en ne disputant que 34 minutes par soir.
Depuis le 1er décembre 2023, la superstar des 76ers présente des statistiques hors de ce monde en dominant l’opposition, grâce à ses 40.3 PTS, 11.9 REB et 5.1 AST par match sur des rendements de 57% au tir, 42% du centre-ville et 90% de la ligne de lancers francs. D’ailleurs, Embiid domine aussi à la ligne de charité avec 12,2 lancers francs par match, soit la meilleure cote de la NBA, devant Giannis qui en tire 11,5 par joute.
Joel Embiid continue d’ajouter à sa légende, non seulement comme un des plus grands joueurs de l’histoire de sa concession, mais à titre d’un des meilleurs centres à jamais avoir foulé les parquets de la NBA. On le sait et il le sait lui-même; il faudra toutefois que ces expressions de dominance se traduisent en séries éliminatoires et qu’il y connaisse plus de succès.
« Nous avons essayé de le ‘box out’, nous avons essayé de le doubler, nous avons essayé de lui envoyer de différents défenseurs. Il est MVP pour une raison. »
Devin Vassell, guard des Spurs, en conférence d’après-match
Malgré la défaite des Spurs, il ne faut néanmoins pas omettre de mentionner la magnifique prestation de Wembanyama, un peu passée sous silence en raison de l’explosion de son adversaire. La recrue française a bien fait sur le plan personnel, permettant aux siens de rester dans le coup jusqu’à tard durant la soirée, avec ses récoltes de 33 points, 7 rebonds et 2 contres.
Dans ce qui était l’une de ses meilleures productions de la saison, Wemby s’est mérité le premier rang de la Ligue en ce qui a trait aux performances d’au moins 2 tirs à 3-points et 2 tirs bloqués. Pas mal pour une recrue de 20 ans qui est entourée d’un des pires personnels de soutien de la NBA, au niveau de ses coéquipiers.
De la magie au Minnesota
Ailleurs dans l’association, Karl-Anthony Towns vivait lui aussi un moment historique à Minneapolis, en biais de son homologue Joel Embiid sur la côte est américaine. Les deux gaillards de 7 pieds devenaient non seulement la première paire de joueurs (toutes équipes confondues) à mettre 60+ points en une même soirée, depuis 1978, mais établissaient également un record de franchise respectif au chapitre des points individuels en un match.
Le 9 avril 1978, David Thompson avait connu une historique performance de 73 points, alors que George Gervin en réalisait une de 63 points de son côté, pour les Spurs. Jamais deux joueurs ont mis 65+ points dans le cadre d’une même journée auparavant, mais KAT et Embiid sont passés bien près de le faire.
Question de donner un peu de contexte, en 1978, Bill Walton était le Joueur le plus utile, Gervin était le champion des marqueurs, Wes Unseld était le MVP de la finale et il n’y avait encore que 22 franchises dans la NBA. Oh, et aucun joueur actif n’était encore né.
Towns, face aux Hornets de Charlotte, a inscrit un total de 62 points et 8 rebonds, en convertissant 10 de ses 15 tentatives depuis l’arche, à travers 37 minutes. Grandiose, certes, mais il y a un problème…
Les Timberwolves se sont inclinés 128-125 contre LaMelo Ball, Brandon Miller et cie., au grand désarroi de l’entraîneur-chef du Minnesota, Chris Finch. Ce dernier n’a pas mâché ses mots en conférence d’après-match, désenchanté de l’effort de ses joueurs.
« C’était une performance absolument dégoûtante de défense et de basketball immature à travers tout le match. […] C’est ce qui arrive quand on a ce type d’approche. […] Nous avons totalement manqué de respect envers le sport, envers nous-même et nous avons obtenu ce que nous méritons. »
Chris Finch au sujet du revers de son équipe face aux Hornets
Les coéquipiers de Towns ont visiblement priorisé son record avant la défensive, ce qui a notamment frustré Chris Finch.
KAT a beau avoir connu une sortie « Steph Curry-esque » du périmètre, il n’a contribué que de 4 points au quatrième engagement et a même été placé sur le banc pour une bonne portion de cet engagement par son entraîneur. Pourtant, la première demie de l’All-Star de 28 ans ressemblait à un scénario de film.
Au moment de rejoindre les vestiaires pour la pause de mi-temps, Karl-Anthony Towns avait déjà empoché 44 points et 8 tirs extérieurs, ce qui représentait le plus de points marqués en une demie par un joueur de centre (même s’il joue plus souvent à titre d’ailier fort depuis l’arrivée de Rudy Gobert) depuis – vous l’aurez deviné – Wilt Chamberlain.
KAT a ajouté 22 points au tableau à chacun des deux premiers quarts, avant d’en mettre 14 au troisième, puis 4 au dernier, sur une efficacité de 2/10. Les partisans des Wolves ont sans doute quitté le Target Center avec un goût amer en bouche, perdant l’affrontement par seulement 3 points. Il s’agissait tout de même du meilleur total de points par un individu à l’occasion d’une défaite, depuis les 70 points de Devin Booker face aux Celtics de Boston en 2017.
La recrue Brandon Miller, quelque peu silencieusement, a réussi 27 points (85% au tir), 2 aides et 3 rebonds pour le camp victorieux, tandis que LaMelo Ball menait le bal avec ses 18 points, 6 rebonds, 3 interceptions et 13 belles passes décisives.
Curieusement, les incroyables prestations des deux pivots n’étaient pas les seules à sembler tout droit sorties de jeux vidéos lundi soir. En fait, une foule d’athlètes du circuit ont voulu (inconsciemment ou non) honorer l’anniversaire des 81 points de Kobe avec leurs propres contributions statistiques formidables.
Voici certaines des meilleures performances de la soirée sur lesquelles Embiid et KAT ont fait de l’ombre :
- Giannis Antetokounmpo : 31 PTS, 17 REB, 10 AST, 3 STL – (VICTOIRE 122-113 c. Détroit)
- Luka Doncic : 33 PTS, 18 REB, 13 AST – (DÉFAITE 110-119 c. Boston)
- Jayson Tatum : 38 PTS, 11 REB, 3 STL – (VICTOIRE 119-110 c. Dallas)
- Jaylen Brown : 35 PTS, 2 BLK, 59% au tir – (VICTOIRE 119-110 c. Dallas)
- Kevin Durant : 43 PTS, 6 REB, 8 AST, 2 BLK – (VICTOIRE 115-113 c. Chicago)
- Scottie Barnes : 22 PTS, 12 REB, 8 AST, 6 BLK – (DÉFAITE 100-108 c. Memphis)
- Jaren Jackson Jr : 27 PTS, 4 REB, 5 AST, 6 STL, 1 BLK – (VICTOIRE 108-100 c. Toronto)