Histoire

Apprenez à mieux connaître : Rip Hamilton

Crédits: AlleyOop360

En résumé

Subtilement, un marqueur de premier plan, un champion, un fondateur de plusieurs tendances ainsi qu'un des meilleurs coéquipiers de son époque.

Les années 2000 sont plaquées de légendes : Kobe Bryant, Kevin Garnett, Tim Duncan, Dirk Nowitzki, Allen Iverson et Shaquille O’Neal sont de premiers plans. Tous des joueurs étampés à jamais dans l’histoire du basket-ball. Soit par pure dominance sur le parquet, par le biais du multiples championnats ou même par le simple fait que chaque soir était un spectacle. Leur ombre est gigantesque, mais il est impératif de regarder en profondeur pour trouver les autres joueurs ayant signé une page de l’histoire de la NBA. Aujourd’hui, lisez l’histoire de l’homme masqué, Rip Hamilton. Subtilement, un marqueur de premier plan, un champion, un fondateur de plusieurs tendances ainsi qu’un des meilleurs coéquipiers de son époque.

D’abord un McDonald’s All-American, Richard Hamilton était plutôt connu comme le bras droit à Kobe Bryant dans les circuits estivaux à l’adolescence. Une relation basée sur des valeurs de travail acharné et de confiance en soi, les deux ailiers ont été essentiels au succès de chacun durant leurs carrières respectives. Le surnom de « Rip » est venu peu après. Grand et svelte dans sa jeunesse comme dans sa carrière, son physique a engendré le nom qu’on connaît aujourd’hui.

Un étant un petit peu plus confiant que l’autre, Kobe (surprise) est allé directement vers la NBA en 1996. Hamilton, de son côté, a pris le chemin de UConn afin d’évoluer sous l’entraîneur de renommée Jim Calhoun. Durant ses trois saisons au Connecticut, Hamilton s’est établi comme un des meilleurs marqueurs au pays avec une moyenne de points par match de 19.8. À sa dernière saison en 1999, il a mené les Huskies à la victoire du March Madness.

Après son triomphe collégial, il était temps pour Hamilton de tenter sa chance dans la NBA. Il s’est alors joint à une excellente cohorte mettant en vedette Ron Artest, Baron Davis, Shawn Marion, Elton Brand, Lamar Odom, Manu Ginobili et Andrei Kirilenko. La liste était longue, mais Rip a trouvé sa place à Washington alors que les Wizards l’ont sélectionné au septième rang.

La soirée du repêchage n’a pas été de tout repos pour Rip, il a même congédié son agent le lendemain de sa sélection. Baron Davis a sauvé Hamilton de plusieurs ennuies:

« La journée avant le repêchage, Baron Davis est venue dans ma chambre: « Tu t’en vas aux Wizards […] mon agent me l’a dit. » J’ai fini par renvoyer mon agent le lendemain. Comment BD sait où je m’en vais et pas lui? »

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Lancé dans une situation plus ou moins chaotique à Washington, Rip cite que Rod Strickland a été son mentor principal à son année recrue. Que ce soit sur le terrain ou à l’extérieur, la fidélité de Strickland était inconditionnelle. Hamilton crédite d’ailleurs une combinaison de Kobe Bryant et son vétéran pour son succès plus tard dans sa carrière:

« Quand tu commences dans la NBA, les vétérans veulent que tu te places en attente, que tu ne sois pas un alpha. Les gars disaient que je tirais trop, […], j’ai donc pris une page du livre de Kobe Bryant :  » Rip, si tu es un marqueur, tu vas marquer. […] Si tu arrives et tu te mets sur la liste d’attente, tu seras un joueur d’utilité pour le reste de ta carrière. » Rod m’a dit que si les gars avaient un problème avec ma tendance à tirer, ils avaient juste à aller lui parler. »

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Hamilton n’a pas vu beaucoup de temps de jeu à sa première année. L’année suivante, les Wizards étaient tout simplement mauvais et comme le veut la tradition, les jeunes joueurs peuvent en profiter. Rip a alors doublé sa production offensive à deuxième année en bondissant de 9 points par match à 18.

Tout juste avant sa troisième saison, la légende de Michael Jordan se greffait aux rangs de l’équipe. Malgré que les attentes soient que MJ ralentissent son développement, Hamilton stipule que Jordan a été « incroyable » pour sa carrière. Il a même grimpé à 20 points par match durant la campagne.

Cependant, l’habitude de Michael Jordan à rapatrier ses copains à ses côtés était trop forte lors de la saison morte. Également président de l’équipe, Jordan a échangé Hamilton à Détroit pour l’ancien membre de l’Université de la Caroline du Nord, Jerry Stackhouse.

Ce fût un cadeau pour Hamilton, le même été, les Pistons ont signé le meneur de jeu Chauncey Billups. Les deux arrières allaient former un des duos les plus dynamiques des années 2000. Leur style de jeu mettait en étoile l’incroyable habileté marathonienne d’Hamilton à courir sans arrêt à travers les écrans, combinée avec l’intelligence et la patience de Billups. Leur chimie était quelque peu une sorte de préfiguration de la danse aujourd’hui popularisée par Steph Curry et Draymond Green.

Plus tard réputé comme responsable de la descente aux enfers des Pistons, Joe Dumars a toutefois bâti un alignement légendaire en 2003-2004. Reconnue comme les « Going to Work » Pistons, la troupe prenait fierté à leur identité défensive. Ben Wallace commandait la clé et Tayshaun Prince défendait le meilleur joueur au périmètre pendant que Billups et Hamilton se transformaient en réelles pestes au ballon. L’addition tardive de Rasheed Wallace était la pièce manquante aux aspirations de championnat chez les Pistons.

L’édition s’est portée historique, derrière l’entraîneur-chef Larry Brown, Détroit n’avait que la bague en vue. L’équipe était mise de l’avant pour tout le monde:

« Personne ne rendait les choses à propos d’eux-mêmes, c’était l’équipe en premier. Notre identité était: « Je suis le gardien de mon frère. » C’était très spécial. »

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Avec une défensive monstrueuse et une offense plus qu’altruiste, Détroit a ravagé son opposition. Hamilton était le meilleur marqueur de son équipe. Traditionnellement, cela veut dire 23 à 30 points par match. Rip a marqué 17.6 points par rencontre. Quatre joueurs se partageaient la charge à l’attaque en affichant plus que 10 points en moyenne. L’époque était différente, certes, mais la dominance défensive est des Pistons est historique. Durant la totalité de la saison, l’équipe de Motor City a alloué 84.3 points par match à l’adversaire. Sans oublier les cinq parties consécutives où ils ont accordé moins que 70 points.

Hamilton n’a jamais été affiché comme une bête défensive. Il gardait la tête au-dessus de la surface, mais laissait les grandes responsabilités à Prince, Rasheed Wallace et Billups. Il devait obligatoirement garder son énergie pour attaquer le panier, courir à travers les défenseurs et tout simplement fatiguer l’opposition. Rip est un des meilleurs tireurs du mid-range de l’histoire de la NBA. En 2004, sa facilité à constamment réussir ses tirs a propulsé les Pistons au championnat. Il a réussi 45.4% de ses tirs de deux points, dont 42% passé la marque de 10 pieds. Tout en étant suivi par des joueurs de la trempe de Reggie Miller, Richard Jefferson, Ron Artest et Kobe Bryant pendant la totalité des séries éliminatoires.

Les années suivantes, sans être conclues par un trophée, ont tout de même été victorieuses pour Hamilton et les Pistons. Détroit a participé à quatre demi-finales consécutives et une finale en 2005.

En 2004 et 2008, Rip a joué dans 381 des 410 parties possibles. Titulaire à toutes les rencontres, il a maintenu une moyenne 18.7 PTS, 3.5 REB et 4.0 AST. Hamilton a également participé à ses trois seuls match des étoiles entre 2006 et 2008.

Après neuf saisons à évoluer au Palace, Hamilton s’est vu libéré par les Pistons en 2011. Il a terminé sa carrière en 2013 après trois saisons avec les Bulls de Chicago. Coéquipier du joueur le plus utile en 2011, Derrick Rose, Hamilton aurait très bien pu ajouter une deuxième bague à sa collection. Malheureusement, les blessures ont gâché les espoirs des hommes de Tom Thibodeau à maintes reprises. Mettant fin à la légende de Derrick Rose et par défaut, la carrière d’Hamilton.

Il n’était pas une tête d’affiche, il n’a jamais été mentionné parmi les meilleurs joueurs au monde et n’a jamais fait parler de lui dans les débats mentionnants Dwyane Wade, Kobe Bryant et Ray Allen. Rip Hamilton n’avait pas besoin d’être une étoile, il était, après tout, un des meilleurs joueurs d’une équipe victorieuse. Par contre, le classement hiérarchique au sein de l’équipe était un sujet tabou à Détroit pendant les années 2000. Si Rip avait à mener la charge, il acceptait. Si c’était au tour de Billups, Rasheed ou Mehmet Okur, il acceptait.

Dans son livre The Book of Basketball, Bill Simmons mentionne à répétition « The disease of More ». C’est-à-dire la maladie que les équipes championnes transportent à travers leur cheminement; plus de responsabilités, de temps de jeux, de promotions, d’argent… Les Pistons, malgré leur unique championnat, n’ont jamais succombé à la maladie. À leur honneur, ils ont dû se plier aux Spurs, à LeBron James et aux Big Three des Celtics. Rip n’a jamais demandé d’échanges, de primes de loyauté ou de contrats extravagants. Tout comme ses coéquipiers, l’équipe était pour lui la priorité. Le temps disait et le travail dictait.

Ironiquement, son jeu était implicitement et explicitement masqué. Remarquable sans être spectaculaire, son style était nécessaire au succès de l’équipe. Son masque était sa marque de commerce subtile. Initialement un item de protection, c’est devenu son identité sur le terrain. Un visage caché derrière un masque peut être traduit comme un joueur derrière un écran, un défenseur derrière un mur nommé Wallace, un rôle exécuté à perfection derrière un ensemble de rôles exécutés à perfection.

Jean-Christophe Dion

Jean-Christophe Dion

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