Histoire

Je me souviens : les Raptors sacrés champions

Crédit : Frank Gunn/The Canadian Press

En résumé

L’équipe championne de 2019 ne s’est pas construite du jour au lendemain et il a fallu plusieurs années pour assembler les pièces nécessaires qui donneront aux Raptors les succès en séries éliminatoires.

Les amateurs de basketball canadien et québécois se souviennent tous, ou presque, où ils étaient le 13 juin 2019. Les plus chanceux étaient probablement présents à l’Oracle Arena de San Francisco, mais la très grande majorité était rivée devant leur écran de télévision dans l’espoir, peut-être, de voir les Raptors vaincre les Warriors de Golden State qui tentaient d’obtenir un troisième titre consécutif. Un pointage final de 114-110 fait trembler la planète basket canadienne et donne à la seule franchise canadienne de la NBA son premier titre de champion. 

On se remémore particulièrement du parcours des Raptors en séries éliminatoires de 2019 à l’aide du tir de Kahwi Leonard dans l’ultime seconde du septième match de la demi-finale de la conférence Est, face aux 76ers. Ce tir, aujourd’hui surnommé The Shot, est l’un des moments les plus iconiques du sport torontois. Tout le monde se souvient des quatre bonds sur l’anneau avant de pénétrer dans le panier. La réussite de ce lancer a permis à ces Raps, outre de vaincre Philadelphie, de passer un coup de balai sur les échecs antérieurs des Raptors en séries et de faire croire en la possibilité que quelque chose de spécial pouvait arriver.

Le titre remporté par les Raptors en 2019 a été l’aboutissement d’un minutieux travail de construction pour donner aux partisans de la franchise la meilleure équipe possible. Ce long chemin a véritablement débuté en 2013 avec l’échange de Rudy Gay au mois de décembre. Le succès de cette transaction ne se trouve pas dans les joueurs qui ont été acquis – les Raptors envoyaient Gay aux Kings de Sacramento en compagnie de Quincy Acy et Aaron Gray, en retour de Greivis Vasquez, Patrick Patterson, John Salmons et Chuck Hayes –, mais bien dans l’opportunité qui a alors été donnée à Kyle Lowry et DeMar DeRozan de prendre les commandes de l’équipe.

Il faut dire que l’association entre Lowry et DeRozan est passée bien près de ne jamais se développer puisque, toujours en décembre 2013, un accord avait été trouvé avec les Knicks concernant Lowry. En échange du meneur, les rapports de l’époque mentionnent que les Raptors auraient mis la main sur Raymond Felton, Metta World Peace, Iman Shumpert ou Tim Hardaway Jr. et un choix de premier tour au repêchage de 2018. James Dolan, le propriétaire des Knicks, n’était pas à l’aise avec l’idée de sacrifier le choix de première ronde et a utilisé son droit de veto, ce qui a fait échouer l’accord entre les deux équipes.

À l’été 2015, les Raptors font l’acquisition de Norman Powell et d’un choix de première ronde en 2017 – qui sera O.G. Anunoby – en échange de Greivis Vasquez. Puis, au repêchage 2016, Toronto sélectionne Jakob Poeltl avec le neuvième choix et, surtout, Pascal Siakam en 27e position. Ils font aussi signer un contrat à Fred VanVleet qui n’a pas été repêché à cet encan, tout en offrant ensuite des minutes de G League aux trois jeunes hommes, pour les Raptors 905.

Les dirigeants des Raptors entourent leur jeune noyau avec l’expérience de Serge Ibaka, acquis en 2017 en retour de Terrence Ross. L’énorme pari est ensuite arrivé à l’été 2018, soit d’envoyer leur joueur de concession DeMar DeRozan aux Spurs de San Antonio en compagnie de Jakob Poeltl et d’un choix de premier tour, afin de mettre la main sur Kawhi Leonard et Danny Green.

La dernière pièce du casse-tête se place en février 2019 alors que Toronto transige Jonas Valanciunas aux Grizzlies de Memphis avec C.J. Miles, Delon Wright et un choix de deuxième tour au repêchage de 2024, contre le pivot espagnol Marc Gasol. Tout est alors en place pour le parcours qui culmine, le 13 juin 2024, vers l’entrée des Raptors de Toronto dans l’histoire de la NBA.

L’édition championne 2018-2019 avait conservé un dossier de 58-24 et avait terminé au deuxième rang de la conférence Est. En séries éliminatoires, Kawhi Leonard avait terminé avec des moyennes de 30.5 PTS, 9.1 REB et 1.7 STL par rencontre, ce qui le plaçait au premier rang de l’équipe dans ces catégories. Kyle Lowry, avec 6.6 AST par match, était le meneur en termes de passes décisives. Leonard avait été nommé – à juste titre – Joueur le plus utile de la finale durant laquelle il avait maintenu une moyenne de 28.5 PTS.

Que reste-t-il de cette édition 2019 des Raptors, mise à part la bannière de champions au plafond du ScotiaBank Arena? Parmi les participants à cette grande conquête, seul Chris Boucher est toujours un membre des Raptors. Kawhi Leonard, Kyle Lowry, Pascal Siakam, O.G. Anunoby, Norman Powell et Fred VanVleet sont toujours en activité dans la NBA. Marc Gasol a pris sa retraite en janvier dernier alors que Serge Ibaka joue en Allemagne. Patrick McCaw évolue en G League avec les Blue Coats du Delaware alors que Jodie Meeks est assistant-entraîneur pour le Squadron de Birmingham. Malcolm Miller, Eric Moreland, Jordan Loyd et Jeremy Lin jouent tous en Europe ou en Asie. Danny Green, lui, est agent libre depuis le mois de novembre 2023.

Aujourd’hui, certains voient dans la construction récente de l’équipe le même chemin emprunté par les dirigeants qui ont bâti l’édition championne de 2019. Même si la dernière saison s’est révélée comme décevante avec une fiche de 25-57 et le 12e rang de la conférence Est, il est permis de nourrir des espoirs que les beaux jours des Raptors reviendront plus tôt que tard. À ceci, seul l’avenir nous dira combien de temps s’écoulera avant de voir monter au plafond du ScotiaBank Arena une seconde bannière de champion.

Pierre-Louis Mongrain

Pierre-Louis Mongrain

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