Il y a 30 ans de cela, les Jeux olympiques de Barcelone se terminent. Il va de soi que l’histoire dominante de la portion basketball masculin de l’événement était la présence de la Dream Team, menée par les Michael Jordan, Magic Johnson et John Stockton. Cependant, la formation américaine n’a pas toujours été le centre d’attention des Jeux. Un jeune homme de 23 ans, sorti tout droit de Croatie et rempli de talent nommé Toni Kukoc, est venu mêler les cartes.
La Mère Patrie
Originaire de la Croatie, Toni a grandi durant des temps tumultueux. Faisant autrefois partie de la Yougoslavie, la terre mère de Kukoc était l’épicentre de plusieurs conflits politiques et culturels, menant ainsi à une guerre civile en 1991.
Son père, Ante Kukoc, était aussi un athlète. Au-delà de son travail au chantier naval, l’aîné était un adepte du water-polo et du handball, deux sports dominants en Europe de l’est. Il va de soi que le sport fait partie de la vie du jeune Toni. Sa coordination au soccer ainsi qu’au tennis de table lui ont grandement servi dans son arsenal au basketball, sport qu’il n’a commencé qu’à pratiquer une fois adolescent. À l’âge de 17 ans, l’ailier commence sa carrière professionnelle.
Toni Kukoc était la sensation de l’heure. Alors inconnu de plusieurs en Amérique, il était certainement sur les lèvres des partisans européens. De 1989 à 1993, le jeune prodige a raflé tous les trophées possibles. En 1989, 1990 et 1991, sa formation du KK Jugoplastika est couronnée championne de l’EuroLigue. En 1992 et 1993, il fait idem en remportant la Ligue italienne et la Coupe d’Italie.
Lors des Jeux olympiques de 1992, l’équipe nationale de la Croatie a remporté l’argent, dans un effort vaillant qui a tout de même les États-Unis vainqueurs.
Ses impressionnantes prouesses lui ont d’ailleurs mérité le surnom du Waiter (ou serveur en français) puisqu’il distribuait le ballon avec tant de facilité. On disait que ses passes étaient servies sur un plateau d’argent.
L’Amérique
Ayant gagné tout ce qui pouvait l’être en Europe, Toni fait ses valises et s’installe aux États-Unis à la veille de la saison 1993-1994. Il allait ainsi rejoindre l’équipe qui l’a repêché en 1990 : les Bulls de Chicago. Michael Jordan en est alors à sa première pause du basketball professionnel, ce qui permet à Toni de s’intégrer à l’équipe de « façon plus douce ».
Toni était une pièce maîtresse de la triple-conquête des Bulls de Chicago en 1996, 1997 et 1998. Pilote de la deuxième unité, son savoir-faire et sa finesse ont aidé la dynastie des années 1990 à remporter leurs quatrième, cinquième et sixième titres.
Toni est l’un des joueurs de deuxième unité les plus respectés de son ère. Son illustre carrière lui a mérité une place au Temple de la renommée du basketball en septembre 2021. De plus, il est un pilier de l’émigration de joueurs européens vers l’Amérique.
Le Croate a évolué en NBA de 1993 à 2006, mais ses meilleures années – de 1994 à 2001 – aux États-Unis ont été marquées de moyennes de 14.1 PTS, 4.8 REB, 4.2 AST et 1.0 STL par rencontre en presque 30 minutes par soir.