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Bill Walton : Le départ d’un géant

Crédit : Kirby Lee-USA TODAY Sports

En résumé

Bill Walton s'est éteint à l'âge de 71 ans après une lutte contre le cancer.

L’ancien joueur de la NBA et membre du Temple de la renommée, Bill Walton, s’est éteint hier le 27 mai 2024 à l’âge de 71 ans après une lutte contre le cancer. Pivot légendaire des années 1970 et 1980, il a marqué l’esprit de plusieurs générations grâce à son jeu sur le terrain ainsi que sa carrière dans les médias. Le monde du basketball pleure le départ d’une personnalité unique et attachante.

Bill Walton a disputé 13 saisons dans la NBA avec les Trail Blazers de Portland, les Clippers de San Diego, puis Los Angeles, et les Celtics de Boston. Il est encore à ce jour considéré comme étant l’un des meilleurs pivots de l’histoire de la NBA. Il a remporté deux championnats de la NCAA avec les Bruins de UCLA, en plus de sa remarquable fiche de 86-4 en trois ans au niveau collégial, pour ensuite remporter une première fois le trophée Larry O’Brien avec Portland en 1977, et une deuxième fois avec Boston en 1986.

En 1997, la NBA a nommé Walton sur sa liste des 50 meilleurs joueurs de l’histoire du circuit. Le joueur de centre se voulait très polyvalent autant offensivement que défensivement. Sa taille de 6 pi, 11 po et son athlétisme lui permettaient de défendre les meilleurs pivots adverses ainsi que d’être dérangeant autour du panier. À l’offense, Bill avait une vision du jeu et une qualité de passes qui le place encore aujourd’hui parmi les meilleurs joueurs de centre à ce chapitre. Il se servait de sa grande taille en regardant par-dessus son couvreur pour effectuer des passes à ses coéquipiers qui « coupaient » vers le panier avec une précision hors pair.

Ses quatre premières saisons dans la NBA à Portland ont été les meilleures de sa carrière. Avec les Blazers, Big Red avait enregistré des moyennes de 17.1 PTS, 13.5 REB, 2.6 BLK et 4.4 AST par rencontre. Il a profité de ces années afin d’ajouter à son armoire à trophée un titre de Joueur le plus utile de la saison 1977-1978, deux participations au Match des étoiles, deux mentions All-NBA et All-Defensive, en plus de terminer la campagne de 1976-1977 à titre de meneur chez les rebondeurs et bloqueurs de tir, puis avec le trophée de MVP de la finale en mains.

Le reste de sa carrière a grandement été affecté par les blessures, cependant.

Tout juste avant de quitter l’équipe qui l’a sélectionné au premier rang du repêchage de 1974, Walton a dû s’absenter pour l’entièreté de la saison 1978-1979, puis pour les saisons 1980-1981 et 1981-1982 dans l’uniforme des Clippers. Au total, il a subi 39 opérations chirurgicales, principalement pour ses chevilles et ses pieds, en plus de manquer 762 matchs au cours de ses 13 saisons.

Lors de son passage avec les Clippers, Bill Walton a vu l’organisation déménager d’une grande ville californienne à une autre à sa dernière année sous la bannière du club. Sans être aussi dominant qu’à Portland, le centre était tout de même encore très utile à son équipe au cours de cette période. Malheureusement, tranquillement, mais sûrement, son impact diminuait avec les années.

Après sept ans en Californie, Walton a été échangé aux Celtics de Boston où il a accepté un rôle plus modeste en sortie de banc derrière Robert Parrish. Lors de la campagne 1985-1986, Bill a disputé 80 des 82 matchs de la saison régulière, ce qui était nettement supérieur à son record personnel de 67 rencontres. Sa belle saison avait été récompensée par sa victoire du trophée de Sixième homme de l’année.

En plus de jouer presque tous les matchs de saison régulière et l’entièreté des joutes de séries éliminatoires, Bill Walton a eu la chance de gagner le championnat de la NBA au sein de cette redoutable formation menée par Larry Bird. Un accomplissement que le membre du Temple de la renommée a qualifié comme étant « sa plus grande réussite personnelle en tant que joueur. »

« Je n’ai jamais eu de meilleurs moments en jouant. En plus de gagner, mes moments préférés sur le terrain sont survenus lorsque j’étais là-bas avec Larry Bird. On peut dire sans se tromper que nos styles étaient complémentaires. »

Bill Walton via sa biographie Nothing But Net

Larry Bird est sans contredit l’un des plus grands joueurs de tous les temps et il n’offrait pas des compliments facilement. Toutefois, il a été élogieux à l’endroit de Walton lors d’une entrevue pour un documentaire sur la vie de son coéquipier.

« Quand [Bird] a dit que [Walton] était l’un des meilleurs de tous les temps, j’ai dit : Centres ? »

« Et il a dit non. Joueurs. »

Discussion entre Steve James et Larry Bird

L’après-carrière

La personnalité excentrique de Bill Walton était taillée sur mesure pour le monde des médias. Après sa grande carrière dans la NBA, il a passé plusieurs années avec les réseaux américains CBS, NBC et ABC/ESPN sous son chapeau d’analyste coloré. Il a participé à la diffusion d’un grand nombre de matchs et il a notamment remporté un Emmy pour la meilleure diffusion télévisée de sports en direct. Un talent inattendu, car Big Red bégayait dans sa jeunesse.

« J’ai vécu la majeure partie de ma vie seul. Mais dès que j’étais sur le terrain, tout allait bien. Mais dans la vie, être si gêné, les cheveux roux, le gros nez, les taches de rousseur, le visage maladroit et ringard et incapable de parler. J’étais incroyablement timide et je ne disais jamais un mot. Puis, à 28 ans, j’ai appris à parler. C’est devenu la plus grande réussite de ma vie et le plus grand cauchemar de tous les autres. »

Bill Walton

À la télévision, Bill était complètement lui-même. L’enfant gêné avait disparu pour faire place au géant qui n’avait pas peur de dire ce qu’il pensait. Son bonheur et son sourire étaient contagieux autant pour ses collègues que pour les téléspectateurs. Son énergie était appréciée de tous et il était reconnu pour ses chandails multicolores qui le représentaient si bien.

Lundi, ESPN a partagé un beau vidéo lui rendant hommage :

Plus qu’un joueur de basketball

Au cours de sa vie, Bill Walton n’a jamais eu peur de dire ce qu’il pensait. C’était vrai à la télévision et ce l’était aussi concernant les causes sociales. Dans les années 1970, la guerre du Vietnam était un sujet controversé et fortement critiqué par la population étudiante des États-Unis. Walton avait d’ailleurs été arrêté par la police alors qu’il participait à une manifestation sur le campus de UCLA en tant qu’étudiant.

Une fois rendu dans la NBA, il n’a pas arrêté d’afficher ses convictions. En 1975, une semaine après sa deuxième saison avec les Trail Blazers, Walton avait participé à une conférence de presse à San Francisco pour défendre ses amis Jack et Micki Scott, qui vivaient parfois avec lui à Portland. Le FBI poursuivait les frères Scott pour avoir hébergé des membres de l’Armée de libération symbionaise, qui avaient kidnappé Patty Hearst. Les frères Scott niaient tout acte répréhensible. Walton avait demandé aux gens de « se tenir à nos côtés dans le rejet du gouvernement des États-Unis » tout en qualifiant le FBI d’« ennemi ».

Cette conférence de presse avait causé la colère du propriétaire des Trail Blazers qui avait publié une déclaration condamnant ouvertement le geste de son joueur. C’était un prix que Bill Walton était prêt à payer.

« Protester est ce qui fait avancer les choses. La dynamique d’un changement positif nécessite des actions. Les forces du mal ne se contentent pas de changer leurs habitudes. »

Bill Walton

Encore aujourd’hui, les athlètes sont souvent frileux de se prononcer sur des enjeux de la société, de peur de se faire réprimander. Le cas de Colin Kaepernick est un bon exemple de ce qui peut arriver à un athlète qui proteste. Pour Walton, le sport et la politique n’ont pas à être séparés.

« Le sport englobe tous les aspects de la vie. C’est malheureux quand les gens utilisent l’argument selon lequel ce n’est pas une plateforme pour la politique… Je crois qu’on ne peut pas s’arrêter et mettre le sport dans le vide. Ce n’est pas parce que les gens sont impliqués dans quelque chose de spécial comme le sport qu’ils ne peuvent pas prendre position. »

Bill Walton en entrevue avec Hal Bock de l’Associated Press en 1991

De 2007 à 2008, Big Red a pris une pause de la télévision. Les blessures sont encore venues le hanter. Il était constamment en douleur à cause de maux de dos qui ont nécessité une fusion vertébrale. Durant ces moments difficiles, Bill Walton a avoué avoir pensé au suicide. Une fois remis sur ses pieds, il a continué à transmettre sa belle énergie en tant « qu’homme changé ».

Le commissaire de la NBA a très bien résumé quel genre de personne Bill Walton était dans une déclaration à la suite de son décès :

« Bill Walton était vraiment unique en son genre. En tant que joueur du Temple de la renommée, il a redéfini la position centrale. Ses compétences globales uniques ont fait de lui une force dominante à UCLA et ont conduit à un titre de MVP de la saison régulière et des finales de la NBA, à deux championnats de la NBA et à une place dans les équipes du 50e et du 75e anniversaire de la NBA.

Bill a ensuite transmis son enthousiasme contagieux et son amour pour le sport à la télévision, où il a livré des commentaires perspicaces et colorés qui ont diverti des générations de partisans de basketball. Mais ce que je retiendrai le plus de lui, c’est sa joie de vivre. Il était régulièrement présent aux événements de la ligue – toujours optimiste, souriant jusqu’aux oreilles et cherchant à partager sa sagesse et sa chaleur. J’ai chéri notre étroite amitié, j’enviais son énergie illimitée et j’admirais le temps qu’il prenait avec chaque personne qu’il rencontrait.

En tant que membre chéri de la famille NBA depuis 50 ans, Bill manquera beaucoup à tous ceux qui l’ont connu et aimé. Mes plus sincères condoléances à l’épouse de Bill, Lori ; ses fils, Adam, Nate, Luke et Chris ; et ses nombreux amis et collègues. »

Adam Silver

Cette vidéo en anglais explique en détails ce qui rendait Bill Walton aussi dominant, lui qui a connu l’une des meilleures apogées de l’histoire du ballon orange, quoique trop courte :

Voici plusieurs réactions à la suite du décès de Bill Walton :

Charles Leblanc

Étudiant à l'Université Laval en communication publique, Charles est un passionné de basketball depuis l'âge de 10 ans. En plus d'être chroniqueur à AlleyOop 360, il est aussi animateur de radio sur les ondes de Chyz 94.3.

Charles Leblanc

Étudiant à l'Université Laval en communication publique, Charles est un passionné de basketball depuis l'âge de 10 ans. En plus d'être chroniqueur à AlleyOop 360, il est aussi animateur de radio sur les ondes de Chyz 94.3.

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