C’est un grand jour pour le basketball canadien. L’Équipe masculine sénior canadienne lançait officiellement son parcours de Coupe du monde de la FIBA 2023 vendredi matin face à la France, elle qui envoyait sur les parquets un groupe de joueurs presque identique à celui qui a remporté la médaille d’argent aux Jeux de Tokyo (2021) et le bronze à la précédente Coupe du monde (2019). Nonobstant, le Canada a triomphé de façon dominante, au compte final de 95-65.
Oui, vous avez bien lu la marque finale ci-haut. L’unité menée par sa vedette Shai Gilgeous-Alexander, son capitaine Kelly Olynyk et son leader défensif Dillon Brooks n’a fait qu’une bouchée de Rudy Gobert, Evan Fournier, Nicolas Batum et cie. en deuxième demie de ce qui était la première joute officielle du tournoi pour ces deux nations.
SGA, du Thunder d’Oklahoma City, a été absolument phénoménal dans le rouge et blanc ce matin, particulièrement en deuxième moitié de rencontre après deux premiers engagements plus difficiles. Une fois qu’il s’est réveillé, Shai a dominé la partie comme il a si bien su le faire à travers cette dernière saison de la NBA avant d’obtenir une mention sur la première équipe All-NBA. Au total, le guard de 25 a enregistré 27 points, 13 rebonds, 6 passes décisives, 2 interceptions et une cote finale de +31 contre la France, réussissant huit de ses 16 tirs.
Les Bleus ont d’abord frappé les premiers pour amorcer les festivités avec une séquence de 7-0, avant que les Canadiens ne connaissent leur propre séquence et mènent ensuite par 3 lorsqu’on a rejoint les vestiaires après 20 minutes d’activité. C’est après, au troisième engagement, que les hommes de Vincent Collet ont réellement goûté à la menace de Shai Gilgeous-Alexander et qu’ils ont frappé un mur.
Natif de Hamilton en Ontario, Shai est devenu le premier athlète canadien à mettre un double-double d’au moins 20 points dans le cadre d’une compétition de niveau sénior internationale.
Pourtant, au premier quart-temps, SGA n’avait à son compte aucun point, aucun panier en quatre tentatives et seulement 2 rebonds et 2 aides. La défensive acharnée de Dillon Brooks des Rockets de Houston, ailier titulaire pour Jordi Fernandez, a toutefois commencé à faire de plus en plus effet à mesure que la partie évoluait. Brooks a contribué à limiter ses opposants à seulement HUIT points totaux au troisième engagement, soit un moment décisif de l’affrontement.
Dans cette histoire de deux demies, les Français n’ont su convertir que 21% de tous leurs tirs extérieurs, alors que c’était plutôt leurs adversaires qui peinaient à trouver le centre de l’anneau à partir de l’extérieur en début de matinée. Ces derniers ont fini par frapper le mille à 31% de leurs essais à 3-points, capter 10 rebonds de plus que la France et commettre sept revirements de moins (10-17).
Le Montréalais Luguentz Dort, coéquipier de Shai au niveau NBA, et sa défense en sortie de banc, ont également eu un impact important sur la dominante performance canadienne; il a joué plus de 22 minutes totales même s’il n’a réussi qu’une seule de ses sept tentatives au lancer du périmètre, terminant son travail avec 7 points, 5 rebonds et 2 interceptions.
Dillon Brooks a quant à lui ajouté 12 points et 4 rebonds, Nickeil Alexander-Walker faisait démonstration de belle chimie avec son cousin SGA pour 12 de ses propres points sur un rendement de 4/8 aux 3-points, et Kelly Olynyk s’est annoncé tel le deuxième meilleur marqueur du club avec 18 points, en plus de 4 rebonds. Olynyk et Gilgeous-Alexander ont mis de la pression sur le panier adverse en se rendant à la ligne de lancers francs pour 16 occasions et 14 points combinés.
Si Rudy Gobert a posé problème à titre d’ancre défensive et de bloqueur de tir sous l’anneau, il n’a pas eu la production escomptée pour la France en cette ouverture de Coupe du monde. Le pivot des Timberwolves du Minnesota a conclu la partie avec 8 points sur un taux d’efficacité de 4/9, avec quatre revirements et une cote de -17 à sa fiche.
Evan Fournier faisait bien en première demie avec 19 points, donnant à quelques reprises de gros paniers aux siens qui avaient l’effet de bombes sur la tête des Canadiens, mais il a refroidi en deuxième portion de rencontre, en même temps que le reste de l’équipe. Au final : 21 points, 3 rebonds, 2 interceptions, -28 et 42% au tir pour Fournier, lui qui était le seul pointeur à dépasser la barre des 12 points pour L’hexagone.
« Nous nous sommes fait botter le derrière. »
Evan Fournier, conférence d’après-match
Après cette imposante dégelée par 30 points d’écart, le Canada prend une excellente option sur une participation aux quarts de finale et sur la tête du groupe H, présentement mené par la Lettonie après une victoire aussi remarquable par 39 points face au Liban, le tout sans l’apport de Kristaps Porzingis.
Les victoires et les différentiels de points auront une importance aux rondes ultérieures et pourraient aider le Canada s’il passe à l’étape suivante et doit rivaliser avec l’Espagne, classée première au monde par la FIBA. À titre de note, seules deux des formations espagnoles, françaises et canadiennes pourront potentiellement rejoindre les quarts de finale après les phases de groupe. Deux équipes de chaque groupe seulement passent à la prochaine étape.
L’horaire du Canada dans cette phase initiale :
- 25 août, 9h30 – c. FRANCE ✅ – CAN 95-65 FRA
- 27 août, 5h45 – c. LIBAN
- 29 août, 9h30 – c. LETTONIE
*Heures du Québec (matin)
Chacune de ces joutes est lourde d’importance pour les Canadiens qui espèrent également se servir de cette CDM afin d’obtenir leur billet officiel pour les Jeux de Paris de 2024. Ce gain contre la France pourrait s’avérer être l’un des plus monumentaux de l’histoire du programme de Basketball Canada, lequel a connu son lot de déceptions au fil des années.
La nation est aujourd’hui représentée par le groupe le plus talentueux de son histoire – et elle ne bénéficie même pas des services de Jamal Murray, Andrew Wiggins, Chris Boucher, Bennedict Mathurin, Cory Joseph, Oshae Brissett et plusieurs autres noms de haut calibre. Or, ce n’est pas le talent qui a empêché le Canada d’échouer dans le passé; ses meilleurs résultats à la Coupe du monde sont arrivés en 1978 et 1982 lorsque le pays a terminé au sixième rang de la compétition masculine. Et nous ne nous sommes pas qualifiés pour les Jeux olympiques depuis 2000.
Rappelons que le Canada était classé 15e au monde par la FIBA juste avant la CDM et la France cinquième… Tout un message a été lancé ce matin.
« Nous avons montré au monde que nous pouvons être vraiment bons, mais nous sommes toujours loin de notre plein potentiel, » a dit Jordi Fernandez à ses hommes après la victoire. « Nous avons une journée et demie ici pour se reposer, pour travailler et pour se préparer pour le prochain match, et leur montrer le respect qu’ils méritent. Un match à la fois. »
Tous les matchs de l’Unifolié sont diffusés en anglais sur les ondes de SportsNet.