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Karl-Anthony Towns : « À ma retraite, les gens diront que j’ai changé le basketball »

Crédit : David Sherman, Getty Images

En résumé

Il ajoute que la saison 2021-22 des Timberwolves était plus impressionnante que le récent titre des Nuggets.

Quand Karl-Anthony Towns a été repêché au premier rang du repêchage en 2015, plusieurs voyaient en lui un joueur qui avait le potentiel de révolutionner le poste de centre. Après tout, à l’époque, les joueurs de grande taille capables de tirer de loin avec efficacité étaient rares, et telle était la promesse entourant KAT. Des années plus tard, on peut mettre un bémol sur le tout, mais pas aux yeux du principal intéressé.

Dans les faits, on ne peut pas reprocher à Towns de ne pas être une menace pour les tirs à trois points. Aucun centre dans l’histoire n’a été aussi bon que lui à ce niveau, lui qui a quatre saisons distinctes avec au moins 100 réussites du centre-ville et un taux d’efficacité d’au moins 40%.

Aucun autre centre n’a plus d’une saison de la sorte dans l’histoire de la ligue.

D’une certaine façon, donc, Towns a clairement amené un nouvel élément au poste de pivot, un élément qui est de plus en plus répandu dans une certaine mesure (mais jamais au niveau de Towns). Victor Wembanyama a cependant le potentiel d’y parvenir dans le futur.

Ceci dit, même s’il a ajouté une corde à l’arche du prototype de centre de nouvelle génération, difficile de dire qu’il a pour autant « révolutionné » la façon de jouer cette position, ce qui était son potentiel annoncé à son arrivée dans le circuit.

Certes, on parle d’un joueur qui connaît une belle carrière, mais qui n’a rien gagné pour autant. Difficile de lui imputer la totalité du blâme (l’organisation des Timberwolves y est aussi pour beaucoup), mais il n’a jamais été en mesure d’être la première option d’une équipe aspirante.

Et aujourd’hui, il est plus que possible de défendre la thèse selon laquelle Anthony Edwards a surpassé KAT dans la hiérarchie au Minnesota.

Néanmoins, aux yeux du pivot, la réalité est un brin différente. Lors de son passage au podcast de Patrick Beverley, KAT a affirmé qu’il est convaincu qu’au moment où il prendra sa retraite, les gens affirmeront qu’il a « changé le basketball ».

Rien de moins.

Encore une fois, il n’a pas tort de penser qu’il a ajouté une dimension à la position de pivot qui n’existait pas auparavant. Ceci dit, si sa carrière prenait fin dès maintenant, il ne serait (presque assurément) pas un membre du Temple de la renommée.

Peut-on vraiment dire qu’un joueur a révolutionné le sport s’il n’est même pas reconnu de la sorte? J’en doute, personnellement.

Certes, il a encore le temps de peaufiner ses récoltes d’honneurs individuels et d’équipe, lui qui n’a encore que 27 ans. Par contre, il faudra que la machine s’active, d’autant plus que les Timberwolves ont grandement investi dans un duo de pivots qu’il forme avec Rudy Gobert pour épauler Anthony Edwards.

Et quand je parle d’honneurs d’équipe, je parle principalement de championnats, pas seulement de victoires au match de play-in. Parce qu’aux yeux de KAT, la saison 2021-22 des Timberwolves (où ils ont été éliminés en première ronde après avoir gagné leur match de play-in) était plus impressionnante que le titre des Nuggets cette saison.

Il explique son point en disant que le noyau des Nuggets avait plus d’expérience que le groupe qui formait les Timberwolves en 2021-22. Ceci dit, malgré sa justification, on s’entend que le commentaire paraît un peu mal, d’autant plus que les TWolves ont été vaincus en cinq matchs par les Nuggets cette saison.

Si KAT veut connaître le succès qu’ont connu les Nuggets cette saison, il y a du travail à faire dans le Minnesota. Peut-être encore une fois en raison de l’inexpérience (tant chez les jeunes joueurs qu’en termes du groupe), l’équipe a multiplié les erreurs mentales au courant de la saison, ce qui a brimé le potentiel de ce groupe bourré de talent.

Pensez simplement au coup de poing de Rudy Gobert à l’endroit de Kyle Anderson lors du dernier match de la saison : un geste complètement immature qui n’était pas nécessaire et qui a fait jaser à la tonne.

Mais clairement, en écoutant Towns parler, on sent que la confiance du pivot est énorme. En plus d’avoir Patrick Beverley qui le considère comme le meilleur big man de la ligue, KAT est convaincu qu’il pourrait inscrire 40 points par match sans problème s’il était en charge d’appeler les jeux sur le parquet.

Et dans les faits, ses habiletés offensives laissent croire que le potentiel y est. Sur papier, peu de joueurs ont un arsenal offensif aussi développé que le louveteau avec le plus d’expérience au sein de la meute du Minnesota, mais même si les hauts sont hauts, les bas sont très bas dans son cas.

À ce stade de sa carrière, trouver de la constance ne devrait plus être un problème. Pourtant, c’est encore sa réalité.

Rappelons que depuis l’élimination des Timberwolves, des rumeurs circulent abondamment quant au fait que l’équipe songe à échanger KAT. J’ai personnellement des doutes à ce sujet et je pense qu’on reverra le même noyau (Edwards, Towns, Gobert, Mike Conley et Jaden McDaniels) en ville l’an prochain, mais il pourrait y avoir du changement autour de lui.

Les Timberwolves ont payé une somme colossale pour acquérir Gobert, et même si la première saison a été truffée d’erreurs mentales et d’incoordination, l’absence prolongée de Towns en raison d’une blessure fait en sorte qu’il est difficile d’évaluer le potentiel réel du groupe.

Sur le parquet, ça a donné de bons résultats par moments, et avec une saison morte complète à peaufiner la chimie entre tous, la prochaine saison pourrait amener de meilleurs résultats s’il y a une réelle progression et si les blessures épargnent l’équipe.

Mais pour y arriver, ça prendra un Karl-Anthony Towns revu et amélioré. Un Karl-Anthony Towns capable de briller en jouant les seconds violons derrière un Anthony Edwards qui aura un rôle en expansion.

Et s’il y parvient tout en continuant d’être une gâchette efficace du centre-ville pour enlever du poids sur les épaules de son jeune coéquipier en prenant charge de certains matchs, ce sera parfait ainsi. Parce qu’au lieu d’avoir révolutionné le sport, il aura trouvé le moyen de faire sa place dans un rôle qui lui convient, et ce sera alors une réussite sur toute la ligne.

Félix Forget

Félix Forget

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