Le Heat de Miami n’aura pas su répéter l’exploit et soutirer le premier match de cette finale NBA aux Nuggets de Denver, sur la route, comme il l’a fait lors de ses trois premières séries de l’après-saison – contre les Bucks, les Knicks et les Celtics. Jeudi soir, la franchise du Colorado, forte de 11 jours de repos, a pu compter sur des Nikola Jokic et Jamal Murray des grands jours pour aller chercher le gain au compte de 104-93.
La troupe d’Erik Spoelstra, habituellement si impétueuse, semblait plus fatiguée à l’occasion de la rencontre #1 de cette historique finale, laquelle implique une huitième tête de série pour seulement une deuxième fois. Miami n’était pas à la hauteur de ce grand adversaire, la seule équipe invaincue jusqu’ici à domicile (9-0), en éliminatoires.
Le tandem de virtuoses du basketball que forment ensemble Nikola Jokic et Jamal Murray opérait à plein régime encore une fois, dans cette valse à deux qui a donné lieu à cette victoire dominante des locaux, première tête de série à l’Ouest après son calendrier régulier.
Le Joker a donné le ton au combat dès ses premiers instants en récoltant 10 de ses 14 passes décisives (0 revirement) et 10 de ses 27 points en première demie, sachant contrôler chaque aspect des possessions offensives des siens. Impuissants devant les prouesses du meilleur passeur au monde à sa position, les joueurs du Heat ont également permis 10 rebonds, 1 interception et 1 contre au joueur qui enregistrait un autre triple-double et 67% d’efficacité au tir.
14 mentions d’aide… Il s’agit là d’un record pour quelconque première en finale de la NBA, ainsi qu’un record par un pivot à l’intérieur de cette ultime étape des séries. La précédente marque par un centre tenait depuis 1969, année où Bill Russell avait distribué 13 assistances.
Le grand Serbe de 7 pieds est devenu le deuxième joueur de l’histoire à réussir le triple-double à sa toute première participation en finale – Jason Kidd l’avait accompli lui aussi en 2002 face aux Lakers. Ajoutons au CV déjà fort impressionnant de Nikola le fait qu’il a su mener les deux formations participantes à ses débuts en finale en termes de points et passes décisives, exploit que seul Michael Jordan (1991) a derrière la cravate.
Lorsqu’on rejoignait les vestiaires à la mi-temps, Jokic présentait d’ailleurs un taux d’efficacité parfait – autant du terrain qu’aux lancers francs. La fierté canadienne Jamal Murray a conséquemment utilisé les talents de fabrication de jeu de son acolyte pour mettre 26 points (50% au tir), en plus de 6 rebonds et 10 de ses propres mentions d’aide.
Celui qu’on surnomme le Blue Arrow, deuxième plus jeune homme des 30 dernières années avec 25 points et 10 aides en finale, y allait donc d’une sixième joute consécutive avec au moins 25 points à son compte, soit un record personnel autant pour la saison régulière que les séries. Seuls Alex English (12) et Carmelo Anthony (7) ont su monter de plus longues séquences à Denver.
Si le binôme de vedettes des Nuggets n’en a pas fait suffisamment pour vous convaincre de son importance historique, considérez qu’ils ont rejoint Michael Jordan et Scottie Pippen, puis Magic Johnson et James Worthy comme troisième duo de l’histoire à chacun enregistrer 10 passes décisives ou plus en partie de finales.
Le triomphe d’hier soir a satisfait aux partisans sur place au Ball Arena de Denver dans sa singularité; c’était un premier gain de l’histoire des Nuggets en finale de la NBA, où la concession participe pour la première fois depuis son inauguration, en 1967 (alors les Rockets de Denver).
Les joueurs de rôle qui ont été d’une si grande valeur à l’entraîneur Michael Malone toute l’après-saison ont à nouveau répondu présents dans l’effort des Nuggets : Michael Porter Jr (14 PTS, 13 REB, 2 BLK, +20), Aaron Gordon (16 PTS, 6 REB [et 5 paniers sous l’anneau après 5 minutes]) et Bruce Brown (10 PTS, 5 REB, 2 AST) ont chacun ajouté leur grain de sel.
Or, le collectif des locaux n’a même pas eu à connaître un excellent apport au niveau des tirs de 3 points pour sonner la victoire, car on n’y réussissait que 29% de toutes nos tentatives pour une conversion de huit tirs extérieurs. Ça aura plutôt été la défense de qualité – mariée à l’attaque toujours bien huilée de cette machine – et 46 points dans la clé qui auront permis cette issue et une priorité maximale de 24 points.
Un facteur important du résultat final s’est avéré être l’énorme disparité au chapitre des lancers francs, là où les visiteurs n’ont obtenu qu’une opportunité : Haywood Highsmith a réussi ses deux tirs de la ligne de charité, les deux seuls de son club et le plus bas total de l’histoire des playoffs. Denver a converti 16 de ses 20 essais.
Bam Adebayo ajoutait une 14e performance d’au moins 20 points et 10 rebonds en séries à son actif, avec ses 26 points, 13 rebonds et 5 passes, se joignant à LeBron James à titre de seuls athlètes de l’histoire de la franchise à totaliser un tel nombre de prestations de la sorte.
Jimmy Butler, en 38 minutes d’activité, n’était pas à la hauteur du moment avec ses 13 points, 7 rebonds et ses 7 aides. Le plus décevant pour Miami dans le cadre du match #1, cependant, venait peut-être sous la forme des productions de Caleb Martin (3 PTS, 1/7 au tir), Max Strus (0 PT, 0/10 au tir) et Duncan Robinson (3 PTS, 1/6 au tir), chacun en plus de 20 minutes de jeu.
Le trio d’amigos non repêchés ont pourtant été si cruciaux aux succès de leur équipe tout au fil du parcours atypique du Heat. Certes, on ne peut pas placer tant d’attentes en ces joueurs après qu’ils les aient si grandement surpassées depuis quelques semaines et/ou quelques mois, mais de meilleures sorties de la part de ces ailiers seront absolument nécessaires afin de donner une chance à Miami face au mastodonte que représentent les Nuggs.
En contrepartie, le quatrième membre du prodigieux groupe de joueur non repêchés du Heat, Gabe Vincent, s’est illustré de 19 points, 2 rebonds et 5 passes, démontrant ainsi que sa blessure à la cheville ne le dérangeait plus autant.
Kyle Lowry (11 PTS, 5 REB, 5 AST), lui qui s’invite à une deuxième finale en carrière, est passé bien près de ramener sa troupe dans le match au quatrième engagement, rognant l’écart à 10 points avec une série de tirs du centre-ville et avec l’aide de Haywood Highsmith en sortie de banc (18 PTS, 2 REB, 2 STL).
Beaucoup de corrections – notamment du point de vue de l’agressivité, question d’aller chercher plus d’opportunités aux lancers francs – devront être apportées aux schémas défensifs et offensifs de Coach Spo en vue du prochain affrontement des finales, lequel aura lieu dimanche le 4 juin à 20h00.