Mathieu Jolivet de RDS a reçu le Camerounais Pascal Siakam en entrevue samedi dernier lors de la mi-temps de la joute Raptors-Trail Blazers, et le power forward étoile s’est exprimé dans sa langue maternelle, en français. C’est d’ailleurs « toujours un honneur » pour lui de « connecter avec la zone francophone » et d’avoir l’opportunité de parler en français. Désormais une décennie après avoir quitté son Cameroun natal, Siakam peut s’exprimer dans cette langue à Toronto avec notre Québécois Chris Boucher, mais aussi échanger avec son mentoré Christian Koloko au sujet des enjeux les plus importants du Cameroun, car les deux joueurs sont originaires de la même ville, Douala.
La vedette des Raps s’est également penchée sur une panoplie de sujets avec Mathieu Jolivet, dont les hauts et les bas de l’équipe – puis sa progression personnelle – depuis son arrivée au Canada.
Écoutez ici l’entrevue complète, via le site web de RDS :
Déjà 10 ans loin du Cameroun pour Pascal Siakam
Pour celui qu’on surnomme désormais Spicy P ou PSkills, l’adaptation à l’occasion de son arrivée en Amérique du Nord, là où on ne parlait pas français, était « compliquée », tout comme laisser sa famille derrière en Afrique. « [C’était] dur. Mais bon, c’était ce qu’il fallait faire. C’est tout ce que [mon père] voulait pour moi. »
Mort dans un accident de voiture au mois d’octobre 2014, Tchamo Siakam serait certainement fier du succès que connait aujourd’hui son fils sur la scène nord-américaine et de son ascension si rapide vers ces sommets. Seuls 10 ans ont été nécessaires pour que Pascal passe du niveau high school américain, à l’Université de New Mexico State, à la NBA, puis au statut de champion en 2019, de Joueur le plus amélioré et d’étoile.
« Venir aux États-Unis, jouer en NBA, ça a toujours été un rêve pour moi, un rêve pour ma famille, » a déclaré Siakam lors de l’entrevue. « Bien sûr que nous sommes très contents et émus que ce se soit passé si vite, mais ça a aussi pris beaucoup de travail, beaucoup d’heures à continuer à travailler sur mon jeu et faire tout ce que je pouvais faire pour que je puisse atteindre ce niveau-là. […] C’est un peu une combinaison de chance et de travail. »
Au sujet de la pandémie et des difficultés individuelles et collectives autant de sa part que celle de son club entre 2020 et aujourd’hui, le Camerounais est demeuré humble. Au même titre qu’il attribue beaucoup du positif dans sa vie à son dur labeur et à sa rigueur personnelle, Siakam reconnaissait que c’était ce même travail qui serait en mesure de le sortir de passages plus difficiles.
L’intérieur des Raptors a connu des marasmes offensifs dans le cadre de la bulle d’Orlando, en 2020, particulièrement lorsque son club a rencontré les Celtics de Boston au deuxième tour des séries éliminatoires, là où le parcours de défense du championnat des Torontois s’est arrêté.
En 2020-2021, à Tampa Bay, il a maintenu des moyennes de 21.4 PTS, 7.2 REB, 4.5 AST par match et un rendement de seulement 30% aux 3 points pour 45% au total – indiquant une légère régression face au précédent calendrier régulier. S’il n’a pas obtenu de mention d’étoile en cette rude saison pour le collectif des Raptors (27-45), il s’est toutefois mérité un honneur All-NBA la campagne suivante, puis devrait récidiver cette année.
« Il y a des gens qui ont passé des moments plus durs que moi et je comprend juste que c’est la vie et pour moi c’était ça : continuer malgré toutes les épreuves, juste essayer de garder la tête haute, de continuer à travailler et, bon, j’avais toujours espoir et la foi que ces moments allaient passer. »
Pascal Siakam vit potentiellement ses meilleurs jours à titre de basketteurs en 2022-2023, sur les parquets, lui qui fait démonstration de l’étendue de ses talents d’un soir à l’autre. Or, les victoires ne suivent pas nécessairement. Pour le joueur de 28 ans, il est toutefois encore loin de ses objectifs personnels.
« Bien sûr, je ne suis pas encore où je veux être en tant que joueur, en tant que personne. […] Tous les jours, j’essaie d’être meilleur et meilleur et j’espère que je vais continuer dans cette lancée-là. »
S’il serait ravi de participer à son deuxième Match des étoiles en carrière au mois de février prochain, Pascal n’a cependant que les succès collectifs dans sa mire en vue de cette deuxième moitié de saison qui est tout juste amorcée. Il l’a même rappelé à plus d’une reprise à travers l’entrevue.
Mentor de Christian Koloko, recrue des Raptors également originaire de Douala au Cameroun, Siakam avait ceci à dire à propos du jeune pivot qu’il a pris sous son aile :
« [Son arrivée en NBA] était quelque chose d’énorme pour le continent, pour les jeunes Camerounais. Je sais que tout le monde regarde, tout le monde est content [pour] lui et mois je suis content [pour] lui. »
Parle-t-il en français avec Christian dans les vestiaires, ainsi qu’avec le Montréalais Chris Boucher?
« Toujours. »
« C’est genre si on a envie de dire des trucs un peu entre nous, parfois c’est en français. Puis avec Christian c’est juste cette connection-là avec Douala, avec Cameroun, il y a toujours des trucs qui se passent dans le pays, alors on discute ensemble par rapport à ces choses-là. C’est plus facile [d’en] parler en français, tu vois. […] Avoir cette connection-là, ça fait plaisir. »
Considérant l’état actuel des Raptors, 11e de leur conférence avec un dossier de 17-23, les attentes placées en cette formation n’ont pas été atteintes – et Pascal le sait. Dans cette optique, il partage tout de même un message d’unité, à la façon d’un bon meneur. Il y aura de meilleur jours à l’horizon, si on en croit la confiance de Spicy P.
« Pour nous, l’important à ce moment-là c’est de rester ensemble. On doit rester ensemble, rester solidifiés, continuer à travailler dur et, ouais, je pense que ces moments vont aussi passer. Si on reste forts et qu’on reste soudés, je crois vraiment que ces moments vont passer. »
Pascal Siakam et Cie. croiseront le fer mardi soir avec les Hornets de Charlotte, dès 19h30, en sol ontarien.
Entrevue intégrale :
Déjà 10 ans loin du Cameroun pour Pascal Siakam
Tous crédits donnés à RDS et Mathieu Jolivet pour l’entrevue.