Où est passé Enes Kanter Freedom ? J’ai eu la chance de m’asseoir avec lui pour discuter de son avenir et lui poser quelques questions sur son passé.
Troisième choix au total du repêchage de 2010, le pivot d’origine turque est devenu récemment un symbole d’activisme, notamment dû au fait qu’il a dénoncé à maintes reprises les régimes autoritaires de Chine et de Turquie.
Nominé pour le prix Nobel de la paix pour ses travaux humanitaires, le géant de 6 pieds, 10 pouces critique depuis quelque temps la Chine, car le traitement des Ouïghours est une cause qui lui tient à cœur, lui qui est de foi musulmane. Renié par sa famille et sa terre d’origine, la Turquie, difficile de trouver quelqu’un pour qui l’expression « nul n’est prophète en son pays » s’applique mieux.
Le 14 février dernier, Freedom (il a changé de nom de famille en 2021) s’est fait racheter son contrat par les Rockets de Houston. Depuis, il n’a jamais refoulé les parquets d’un amphithéâtre de la NBA. Selon lui, il est victime du même sort que Colin Kaepernick dans la NFL, victime de ses propres opinions.
Mais pourquoi ? Freedom tient à le réitérer : c’est parce que la NBA ne veut pas perdre leurs contrats avec la Chine. ESPN a récemment sorti une nouvelle qui dévoile que 40 propriétaires de la ligue ont plus de 10 milliards de dollars en Chine… Ceci explique-t-il cela ?
Freedom m’a confirmé que le but était toujours de revenir dans la ligue. Pourtant, un directeur général anonyme de la NBA n’y croit pas vraiment et ce n’est pas une question d’activisme, mais bien de talent.
« Je pense que du point de vue basketball, c’est vraiment discutable. Je ne pense pas qu’il trouve d’autre emploi à cause de ce qu’il dit ou fait, je pense qu’il ne défend tout simplement pas. Il parait plus vieux qu’il ne l’est vraiment sur le jeu. »
DG anonyme
Ce n’est pas complètement farfelu de penser ainsi. À ses 35 derniers matchs dans la ligue, Enes roulait à une moyenne de 3.7 points, 4.6 rebonds et 0.2 passe décisive par match. Autant dire qu’on est loin du joueur qu’on a connu à Oklahoma City il y a de cela quelques années déjà.
Pourtant, il a encore espoir de jouer dans le circuit d’Adam Silver. À 30 ans, Freedom estime qu’il a encore de bonnes années à donner à une équipe de la NBA.
Puisqu’il aime tant le basketball et qu’il a dévoué sa vie à ce sport, Freedom regrette-t-il ce qui s’est passé ? Non, aucun regret. En fait, Enes m’a même dit qu’il serait plus vocal si c’était à refaire.
« J’ai vu l’hypocrisie de la NBA, l’hypocrisie de Wall Street, d’Hollywood et du gouvernement. Tous des gens qui aiment parler des problèmes dans le monde, mais quand il est question de la Chine, puisqu’ils ont de l’argent là-bas, ils ont peur. »
Il faudra donc garder un œil sur Freedom. Lui et son équipe ont encore confiance en ses chances de revenir dans la grande ligue. D’ici là, il multiplie les apparitions aux quatre coins de l’Amérique pour parler de ses convictions politiques. Il y a quelques mois, Enes a publiquement fait savoir qu’il serait ouvert à l’idée de poursuivre sa carrière en Grèce.
Faits divers
Sinon, je lui ai évidemment demandé sa prédiction pour les finales de la NBA. Sa réponse ? Warriors en six. Il est d’ailleurs pertinent de rappeler que si Boston gagne, Enes remporterait sa première bague de championnat, lui qui a joué avec les Celtics en début de saison.
J’ai ensuite voulu savoir avec quel joueur de l’histoire de la NBA il aimerait partager le court. Après avoir hésité entre Steve Nash, Michael Jordan et Allen Iverson, Freedom a plutôt préféré y aller avec son ancien coéquipier, Russell Westbrook.
Pourtant, lors de la dernière saison, la relation entre les deux joueurs n’avait pas l’air si rose.