Des rumeurs en défaveur des Trail Blazers, Pelicans et du Jazz circulent depuis un moment, mais le réputé journaliste Howard Beck de Sports Illustrated a fait de ces flammes un brasier en y ajoutant de l’huile, lundi dernier. Il a rapporté de sources anonymes, soit disant des dirigeants à travers la ligue, qu’on se préparerait à une demande d’échange imminente de la part de Damian Lillard, Zion Williamson et/ou Donovan Mitchell. En cette ère du fameux « player empowerment » qui redonne le pouvoir de décision aux joueurs, chacun des clubs de la NBA serait donc en attente de cette prochaine vedette mécontente… prêt à bondir sur l’opportunité.
Même si les équipes qui sont aujourd’hui chanceuses de compter au moins une étoile parmi leurs rangs sont nombreuses, elles se doivent de toujours demeurer aux aguets et de constamment s’assurer du confort de leurs meilleurs joueurs, question de les garder heureux. Les autres sont quant à elles à la recherche de cette star au potentiel de faire grimper leur cote.
Trois cibles pour la prochaine entre-saison et au-delà ont été établies, selon Howard Beck et d’autres experts : Damian Lillard des Trail Blazers, Zion Williamson des Pelicans et Donovan Mitchell du Jazz. Tels des prédateurs, les directeurs généraux et présidents de partout aux États-Unis n’attendent que le bon moment pour tenter de s’accaparer l’un de ces trois athlètes, dont deux qui pourraient avoir revêtu leur maillot actuel pour la dernière fois, déjà. Il s’agit de trois cas bien différents, mais tous très intéressants.
Damian Lillard
Oui, Dame a peut-être joué son dernier match pour les Blazers en carrière déjà, sans même en avoir fait l’annonce. Parce que si tel était le cas, ni lui, ni ses coéquipiers, ni son entraîneur-chef Chauncey Billups, ni son directeur général par intérim Joe Cronin, n’était au courant.
En effet, Lillard a subi une chirurgie aux muscles abdominaux le 13 janvier dernier après avoir composé avec cette blessure au tronc depuis la campagne précédant celle-ci, et à travers les Jeux olympiques de Tokyo. N’étant plus lui-même sur les parquets depuis un moment, il était impératif pour le point guard de passer sous le scalpel; ses amis et coéquipiers l’imploraient même d’accepter l’opération, comme l’a mentionné Draymond Green.
Lorsqu’invité à participer au plus récent épisode du podcast « The Draymond Green Show », la superstar des Blazers s’est ouverte sur plusieurs sujets, incluant le départ de CJ McCollum, ainsi que sa chirurgie. Si on lit entre les lignes, c’est évident que le basketteur/rappeur ne sera pas de retour au jeu pour le présent calendrier régulier.
Cronin et ses collègues, eux, ont les yeux rivés sur l’entre-saison, avec un alignement totalement métamorphosé, après quelques semaines saturées d’échanges, qui n’est pas digne de faire les séries éliminatoires, malgré la séquence active de quatre victoires consécutives du groupe et sa 10e place au classement. Il est désormais apparent qu’on veut mener cette phase de transition à terme.
La question à se poser, cependant, concerne la présence de Damian Lillard de l’autre côté de la tempête. À en juger par les mouvements d’effectif qu’a fait l’organisation depuis peu, on pourrait être portés à croire qu’une reconstruction par la jeunesse représente en réalité le plan ici. Plan dans lequel un Lillard âgé de presque 32 ans ne cadre simplement pas.
Ce changement complet de direction ferait donc inévitablement de Dame D.O.L.L.A. l’une des pièces le plus prisées de l’histoire sur le prochain marché des transferts, à l’été – peu importe son niveau de loyauté envers la franchise qui l’accueille si chaleureusement depuis 2012.
L’avenir et les intentions de cette dernière sont toutefois très incertains au moment d’écrire ces lignes. Mais ne faites pas erreur, Damian Lillard a possiblement enfilé son uniforme de la Rip City pour la dernière fois. Dame Time tire peut-être à sa fin.
Zion Williamson
La saga Zion Williamson se poursuit de plus belle alors que nous apprenions lundi que l’athlète de 21 ans et environ 300 livres (ou plus?) n’était pas entré en communication avec CJ McCollum depuis que ce dernier a été transigé vers La Nouvelle-Orléans, et qu’il pourrait même avoir besoin d’une seconde intervention chirurgicale à son pied en rétablissement.
Tout n’est évidemment pas rose de ce côté, alors que même l’email officiel envoyé aux détenteurs de billets de saison pour renouveler en vue de l’année prochaine incluait les noms de Brandon Ingram, CJ McCollum et Jonas Valanciunas, mais pas celui de Zion. De plus, Christian Clark de NOLA.com rapportait jeudi que Williamson « n’aurait pas confiance en David Griffin », le vice président des opérations basketball.
Pourtant, le message de Griffin et des dirigeants du club à l’automne 2021 était encourageant : Williamson retrouvera la santé avant le lancement des activités et sera de la partie tôt dans la saison. On constate désormais que non seulement ne sera-t-il pas de retour dans le futur rapproché, mais qu’il régnerait un certain climat de tension entre le premier choix de l’encan 2019, ses supérieurs et même ses coéquipiers.
Décrit comme « détaché » par son ancien collègue JJ Redick, Zion n’a performé qu’à 85 occasions en pas loin de trois ans à titre de Pelican : une donnée inquiétante qui rappelle certains des pires busts (ou choix décevants) de l’histoire tels Greg Oden. Or, Williamson n’a rien d’un choix de repêchage bousillé – encore –, puisque sa valeur demeure celle qui lui revient de droit, soit d’une jeune méga-vedette en devenir.
Afin d’illustrer son désagrément, selon plusieurs, le gaillard et sa famille seraient mécontents des façons de faire des Pelicans, en lien avec le traitement de ses blessures. Les rumeurs veulent même qu’une requête d’échange serait à l’horizon dans son cas, signifiant un autre dossier à la « Anthony Davis » entre les mains des Pels; situation qu’ils veulent éviter à tout prix.
Zion sera eligible à une prolongation de contrat d’une valeur d’environ 181 M$ sur cinq ans, dès la fin de la présente campagne. Gardons alors un œil sur la situation, car un refus de signature de sa part indiquerait le pire scénario possible pour l’équipe de Louisiane : qu’un deuxième projet si prometteur quitte les lieux avant de connaître de véritable succès. Dans les circonstances où Williamson opte plutôt de paraffiner cette offre, les Pelicans ne sont toujours pas sortis du bois, considérant le pouvoir qu’ont les joueurs de premier plan de nos jours d’imposer leur volonté.
Ce duel, potentiellement similaire à celui entre Ben Simmons et les 76ers, ne serait certainement pas beau à voir.
Donovan Mitchell
La situation de Donovan Mitchell en Utah est peut-être la plus intrigante des trois dossiers illustrés dans cet article, simplement parce que rien ne semble trop urgent – en surface. Mais lorsqu’on plonge la tête sous l’eau afin de mieux voir l’entièreté du portrait, on constate l’imensité de l’iceberg.
Mitchell, jeune shooting guard trois fois All-Star ayant connu des moments grandioses en séries, n’a peut-être que 25 ans, mais il sent la pression qui pèse sur ses épaules. Il voit l’iceberg sous la surface, particulièrement après le mois de janvier lamentable que vient de connaître le Jazz de l’Utah.
« Le mois de janvier m’a ouvert les yeux. Je n’avais jamais perdu de la sorte dans ma vie. »
Donovan Mitchell, via Tony Jones de The Athletic
Il y a beaucoup en jeu à Salt Lake City, alors que le noyau actuel pourrait être près d’une dissolution, faute de trop peu d’amélioration. Est-ce que l’addition de Nickeil Alexander-Walker vient faire de la troupe de Quin Snyder un véritable prétendant dans la conférence Ouest, alors que les Suns, les Warriors, voire les Grizzlies, se dressent sur son chemin vers une apparition en finale?
Force est d’admettre que cette question doit être posée au sein des dirigeants de la franchise d’Utah. Leur marqueur principal est certainement capable de grimper encore quelques échelons dans sa progression personnelle, notamment aux chapitres de la création pour autrui et de la défensive périphérique, mais serait-ce suffisant?
Le Jazz trônait au premier échelon de son tableau après 72 matchs en 2020-2021, puis s’est fait montrer la porte de sortie au deuxième tour d’activité, à nouveau. Une telle conclusion à cette saison conséquente représenterait un échec, aux yeux de la majorité, même si la vedette du club ne fait qu’amorcer son apogée et qu’il n’y a pas vraiment feu.
« Je pense vraiment être à un point maintenant où nous avons fait la deuxième ronde des séries, et nous en voulons plus, a ajouté Mitchell en entrevue exclusive à The Athletic. Nous sommes affamés.
J’ai vu Aaron Donald et Cooper Kupp au Super Bowl; ils ont juste trouvé des façons de gagner. »
Tout comme Lillard, la loyauté de Spida pourrait potentiellement avoir une date d’expiration si ces objectifs ne sont pas atteints. Mitchell a mentionné dernièrement en entrevue au podcast « Posted Up with Chris Haynes » que ses buts incluaient de remporter un titre, certes, mais aussi de soulever un trophée de MVP. Sera-t-il en mesure de cocher ces deux cases s’il demeure dans un marché comme Salt Lake City?
C’est loin d’être impossible; plusieurs grands l’ont accompli par le passé. Néanmoins, la trajectoire de carrière de D Mitch risquerait de ressembler davantage à celle de Damian Lillard que Giannis Antetokounmpo. Dans un scénario très plausible où le Jazz se fait éliminer au premier tour des playoffs – malgré le sentiment d’urgence de ses membres –, le camp de Donovan pourrait très bien demander un changement de décor, même si son contrat actuel le suit théoriquement jusqu’en 2025-2026 (option de joueur).
C’est une pratique de plus en plus commune chez les superstars que de demander un transfert au milieu d’un contrat, concept qui nuit aux intentions de leurs supérieurs. Cet adage moderne de « sign now, ask out later » est mis en pratique de plus en plus. Rappelons simplement le cas récent de Simmons chez les Sixers, de James Harden, ou de Zion qui pourrait le faire prochainement.
En cinq ans seulement, neuf vedettes du basketball ont forcé leur départ, dont deux qui l’ont accompli à deux reprises; Harden et Paul George ont chacun fuit une ville, seulement pour mieux quitter la prochaine.
Mitchell est probablement moins sujet à ce genre de requête, avec son âge et son statut, mais rien ne garantit qu’il optera pour le statu quo encore longtemps si le second tour des séries représente le plafond de cette unité. Ce n’est certainement pas sa relation dite délité avec Rudy Gobert qui viendrait sauver la situation, non plus.
Somme toute, que ce soit dans le cas de Lillard, Williamson ou Mitchell, rien n’est encore coulé dans le béton. Qui sait? Les trois joueurs de haut niveau pourraient hisser leur club respectif vers les sommets de la NBA dans les prochaines années… S’il est vrai que les victoires guérissent tous les maux, n’empêche qu’une seule équipe sur 30 est sacrée championne chaque année.