En allant à contre-courant de ses habitudes des dernières années au repêchage, l’organisation des Raptors de Toronto s’est entichée hier soir de Gradey Dick, un freshman de l’Université Kansas. Cette décision va un peu à l’encontre du prototype de l’ailier défensif aux longs membres qui ne sait pas nécessairement tirer de l’extérieur, ce que les Raptors ont favorisé à maintes reprises.
En fait, Dick vient justement pallier aux lacunes périphériques des Raps : il était peut-être le meilleur lanceur de 3 points disponible jeudi à l’encan 2023.
Natif de Wichita au Kansas, Dick a justement poursuivi son parcours high school et universitaire dans son État-mère, avant d’entreprendre une aventure chez les professionnels qui le retirera cette fois du Kansas pour lui permettre de s’épanouir au Canada.
Faisant référence aux souliers rouges de rubis de Dorothée dans le Magicien d’Oz, le jeune homme de 19 ans a d’ailleurs souhaité faire un clin d’œil au compte classique qui prend d’abord place au Kansas, via son complet rouge à paillettes (très) éclatant.
Comme s’il s’agissait d’un signe du destin, une équipe aux couleurs principales mettant de l’avant le rouge a choisi de faire confiance au jeune Dick avec la 13e sélection de la cuvée 2023. Or, l’accord entre le joueur et la franchise ne fonctionne pas qu’au niveau de l’esthétique d’un complet…
En une campagne collégiale et 36 apparitions en saison régulière, Gradey Dick a enregistré en moyenne 14.1 PTS, 5.1 REB, 1.7 AST et 1.4 STL par rencontre, en plus de 2.3 tirs à 3 points convertis par soir en 5.7 tentatives (40%). Le rôle du freshman de 6 pieds 8 pouces chez les Jayhawks de Kansas était simple : heurter l’adversaire en décochant de l’arche à chaque occasion.
Ses prouesses du centre-ville ont été suffisantes à l’ailier afin de lui valoir une mention parmi la deuxième équipe All-Big 12 à sa première année dans la conférence, puis une mention sur la première équipe All-Freshman du Big 12.
Après avoir soulevé le trophée de champions nationaux en 2022, le parcours de ces derniers ne s’est toutefois pas rendu jusqu’à l’étape du Sweet Sixteen en 2023; l’Université d’Arkansas (8) a causé la surprise face aux Jayhawks (1).
Dick a également réussi 44% de tous ses tirs à l’université, ainsi que 85% de tous ses lancers francs, pour une excellente cote True Shooting de 58%. Dans cette catégorie, Toronto a terminé sa saison 27e du circuit en 2022-2023. S’il aide immédiatement les Raptors à titre de tireur d’élite de taille, Gradey n’a pas qu’un seul atout dans son sac.
En Dick, Masai Ujiri (président) et Bobby Webster (directeur général) sont également allés chercher un joueur fort intelligent qui fait à peu près tout sur un terrain de basketball : il défend bien sa position et peut permuter sur d’autres, il a l’instinct de la coupure parfaite au panier et il peut même créer son propre tir à l’occasion lorsque la situation le demande.
Tout ça, sans oublier son jeu de la mi-distance et son habileté à finir au panier de plusieurs façons créatives et parfois même acrobatiques.
Considérant tous ces attributs, certains compareront Dick (au mieux) à Reggie Miller et (au pire) à un joueur actif aux instincts de vainqueurs, à la Christian Braun. Pas besoin de mémoire à très long terme pour se rappeler l’apport crucial de Braun à deux titres consécutifs, en NCAA puis en NBA.
Dans ce que les Raptors ont qualifié d’une sélection du « meilleur joueur disponible », et non d’un choix basé sur les nécessités actuelles de l’alignement de l’équipe, ils ont mis la main sur un « tireur ++ » qui rappelle parfois Kyle Korver lorsqu’il décoche de distance, après une course à travers des écrans, à partir d’un saut à deux pieds (un hop) ou en deux pas, en allant vers la droite, la gauche, l’avant ou l’arrière.
Certains experts un peu plus inquiets vous dirons que Dick est en fait grand de 6 pieds 6 ou 6 pieds 7 et énonceront son envergure négative et ses lacunes défensives lorsqu’il est amené dans des situations à 1-contre-1 avec de l’espace face à des meilleurs athlètes. Il faut donc se rappeler qu’il s’agit ici en effet d’une recrue – il ne faut pas s’attendre à voir Gradey parmi le cinq partant dès le jour 1.
Un certain talent est tout de même à exploiter ici et c’est entre autres ce qui a poussé Ujiri à donner le feu vert à cette décision qui diffère des habitudes récentes de l’équipe. Sans doute, la présence de Gradey Dick en Ontario apportera un vent de fraîcheur à une franchise qui n’a pas vu de joueur de ce type depuis plusieurs années.
Même si des arrières avec davantage de capacités de création de jeu (un autre besoin des Raptors) tels Kobe Bufkin et Jalen Hood-Schifino étaient encore disponibles lorsqu’est venu le temps aux Raptors de parler, Webster s’est voulu rassurant lorsqu’il s’est exprimé aux médias.
« Nous l’avions dans son propre groupe. La taille, le tir et le QI se démarquaient du lot. Il n’est pas qu’un tireur. Il sait comment jouer hors du ballon et comment couper au panier. »
Bobby Webster au sujet de Gradey Dick, via Ryan Wolstat
Cette addition représentait hier le seul choix de repêchage des Raptors, mais ces derniers ont également offert une chance en fin de soirée au guard Markquis Nowell, lui qui a signé un contrat à deux volets. Il était celui à établir le record de 19 passes décisives en une rencontre du March Madness il y a quelques mois.
Ces décisions sont loins de révéler toutes les intentions de l’état-major torontois, mais elles pourraient affirmer les rapports qui précisent depuis quelques semaines que les Raptors opteront pour le statu quo et ne transigeront pas leurs vedettes – du moins pour encore une saison.
Chris Haynes de TNT et Bleacher Report l’a notamment rapporté lorsqu’il a communiqué le refus de Pascal Siakam quant à une signature ailleurs qu’à Toronto.
Gradey Dick fit effectivement plutôt bien à l’aile sur une deuxième unité ou encore à côté de Fred VanVleet dans le backcourt de l’alignement de départ.
On n’a peut-être pas été en mesure de soutirer Scoot Henderson aux Trail Blazers avec un troc impliquant le troisième choix total, mais on s’en est tout de même bien sortis au repêchage à Toronto.
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