L’inauguration de l’Alliance de Montréal – tout comme le basketball en général le fait dans la province depuis quelques années – laisse dans son sillage des séries de vagues d’engouement. Depuis quelques jours, alors que les joueurs qui représenteront la métropole québécoise dans le circuit de la LECB (Ligue élite canadienne de basketball) se préparent à prendre le terrain, l’anticipation est à son comble.
Inévitablement, avec la construction du club vient aussi un buzz croissant qui l’entoure, propulsé par des acteurs comme Annie Larouche, Joel Anthony, les pages réseaux sociaux de l’Alliance, RDS, nous-mêmes à AlleyOop360 et même, récemment, une chanson de rap en l’honneur de l’équipe naissante.
L’enseignant des Laurentides, père de famille et ami d’AlleyOop360 David Vigeant est passionné de basketball le jour et rappeur amateur la nuit, entre plusieurs chapeaux portés. Derrière l’œuvre intitulée « l’Alliance », officiellement partagée aujourd’hui sur les plateformes de streaming, c’est David qui en est le génie.
À écouter sur la plateforme de votre choix :
Sous le pseudonyme de « Riiem Tafl », David Vigeant a écrit et enregistré les paroles de la chanson hip-hop de A à Z, sur une trame sonore libre de droits créée par Pendo46. Les visuels utilisés comme signatures, ainsi que pour cet article, ont été réalisés par l’artiste graphique Davidt80 à qui revient tout le crédit des images.
Débuts humbles, mais des buts vénérables
Rien de mieux pour bien se préparer au retour du basketball professionnel au Québec que cette œuvre musicale aussi enivrante qu’entraînante. C’est dans cette optique qu’AlleyOop360 a interrogé l’artiste amateur au sujet du projet « l’Alliance », mais aussi des intentions et de l’inspiration qui sont aux sources de l’idée.
D’abord, d’où vient le nom choisi pour représenter l’identité de Vigeant derrière le micro?
« C’est parti d’un personnage de jeu vidéo que je m’étais fait quand j’avais 12 ans. J’ai pris ce nom-là sur Discord pour rejoindre une communauté nostalgique de cette époque-là, et le nom est resté ensuite. »
C’est d’ailleurs de l’univers des jeux vidéos qu’est née la première création signée Riiem, après avoir proposé à un « streamer » québécois de lui monter une chanson de rap pour son personnage de mafieux fictif, le tout sur la trame thématique remixée du film Le Parrain. Une semaine et demie plus tard, on pouvait déjà attribuer plus de 1000 écoutes à l’œuvre au ton plus humoristique – afin de correspondre au contexte d’univers fictif –, mais dans un ensemble tout à fait hip-hop.
Un peu moins d’un an plus tard et Riiem a déjà une dizaine de tracks sous la ceinture, qu’il écrit et continuera d’écrire sans presse, au gré de l’inspiration. Pour l’instant, l’artiste purement amateur n’a besoin de rien de plus qu’un micro de téléphone, un logiciel de montage sonore et un bon flow pour transmettre ses lignes et paragraphes.
« J’aime ça, je veux en faire d’autres et je suis content de savoir qu’il y a du monde qui écoute. »
David Vigeant, alias Riiem Tafl
L’intention n’est ni au profit, ni à la popularité, ce qui ajoute la touche d’authenticité aux chansons du rappeur, cette touche qui vient faire la différence. Il existe également derrière ce passe-temps une motivation noble d’inspirer autrui, particulièrement les jeunes élèves de ses classes du primaire.
« Une des tounes que j’ai faites, [je l’avais] montrée à mon entourage et mes élèves pour leur montrer que même quand on est plus vieux, on peut avoir des projets personnels dans la vie qui sont juste pour le trip. […] Celles [en vidéo] sur YouTube, ceux qui les regardent, ils les regardent et sinon c’est pas plus grave que ça. »
Le premier élément qui a ensuite poussé Riiem à marier sa passion grandissante du rap à la formation de basketball professionnelle de l’Alliance, existait bien avant l’arrivée de la LECB au Québec. Un hymne aux Raptors de Toronto paru en 2015 sous forme de chanson hip-hop, par Peter Jackson, trottait dans la tête de notre artiste, jusqu’à ce que le lien, l’éclair de génie, se fasse automatiquement à l’introduction de l’Alliance.
Cet autre « anthem » de l’artiste Azeem Haq a marqué le parcours des Raps en 2019, laissant aussi ses traces dans le travail conséquent de Riiem.
Témoin de la lenteur avec laquelle on démontrait tranquillement notre excitation pour l’arrivée de l’Alliance au Québec, Riiem a également vu une opportunité de potentiellement avoir son rôle à jouer dans la visibilité grandissante que mérite le club, à juste titre.
« Ce serait hot d’avoir une toune du genre pour l’Alliance, pour leur venue, quelque chose qui peut […] justement contribuer au hype, » s’était dit Riiem. « C’était vraiment juste par amour du sport, puis pour contribuer à l’engouement, parce que des fois je voyais les publications de l’Alliance et je me disais : ‘Il y a juste sept likes. Comment ça?’ »
« Il faut que le monde en parle plus, il faut que ça se sache, il faut que ça marche. »
Sans toutefois être le plus avide des consommateurs de rap, certains noms ont influencé l’oreille de Riiem au fil des années : The Notorious B.I.G., Eminem, Dr Dre et les gros noms du hip-hop des années 80, 90 et 2000, en plus d’avoir une certaine appréciation de pionniers et artistes québécois tels que Loco Locass et Alaclair Ensemble.
En contrepartie, d’un point de vue formateur, le basket a occupé une place bien plus importante dans la vie de David Vigeant, avant Riiem.
« J’étais un amoureux du basket au secondaire. Dans le fond, j’ai joué au basketball pas mal tout mon secondaire. […] J’avais vraiment un amour du sport, du sport d’équipe. »
Et ce, dans une ville et région où le hockey prenait alors toute la place. Tels Roméo et Juliette, cela n’a pas empêché le ballon orange et David de poursuivre leur relation. Relation qui a connu ses premiers pas dans une salle de cinéma.
« J’ai vu Space Jam, puis je me suis dis : ‘Moi je veux dribbler et, comme le rêve de tous les kids, aller dunker.’ »
Si des films comme Space Jam en étaient l’étincelle, ce furent les Raptors qui prirent ensuite le flambeau. Même s’il a accroché ses chaussures en sortant de l’école secondaire, rien n’a empêché le père d’un garçon d’être diverti par les professionnels pratiquant le sport; autant à Toronto que, bientôt, à Montréal. Sans bien sûr oublier de jouer le match occasionnel avec des élèves.
Aujourd’hui, Riiem a comme mission de non seulement transmettre et de véhiculer sa passion par la musique, mais d’aussi la partager à ses élèves de l’école primaire, chez qui il voit l’intérêt du basketball gagner progressivement en importance. Enseignant depuis huit ans, Vigeant est en première loge pour observer cet engouement chez les enfants, sur une base quotidienne.
« Ça fait deux, maximum trois ans qu’il y a un intérêt pour le panier de basket dans la cour. […] Il y a maintenant une file d’attente [pour jouer au panier]. »
Difficile d’accorder le crédit de cette effervescence à seul élément, mais la conquête du championnat des Raptors a notamment été citée. Or, un tel changement dans la culture sportive des cours d’écoles peut être majoritairement expliqué par un facteur précis, un phénomène qu’on observe depuis quelques années ici…
« C’est naturellement aussi en voyant aller de plus en plus de Québécois sur la scène américaine, Mathurin, mais aussi Boucher, Dort, Birch, Mané. Avant, on pouvait pas nommer autant de boys d’ici dans les grosses ligues. »
Une identité qui fait la différence
Dix. Voilà le nombre d’athlètes québécois qui portent les couleurs de l’Alliance aujourd’hui au camp d’entraînement. À ce total s’ajoutent ensuite cinq membres du personnel, dont Annie Larouche (vice-présidente), Joel Anthony (directeur général), Ryan Thorne (entraîneur-adjoint), Rose-Anne Joly (entraîneuse-adjointe), Sheray Thomas (entraîneur-adjoint) et Jeff Dosado (consultant), qui ont tous des origines dans la belle province.
En ajoutant un Français en Vincent Lavandier à la proue du navire, on obtient un équipage très francophone, dont 12 membres ont vécu à Montréal.
Il va sans dire que l’identité montréalaise et francophone de l’équipe d’expansion de la LECB aura son impact sur la communauté locale et québécoise, ce qui n’est pas à sous-estimer selon Riiem. Cette identité serait même essentielle à ses yeux.
« On vient de voir les médias accorder tant d’importance à [l’embauche d’un] entraîneur francophone chez le Canadien, mais l’entraîneur [sur la glace] il va parler juste en anglais. C’est vraiment juste pour les médias et le public, » ce qui ne sera pas le cas lors d’interactions entre Lavandier et bon nombre de ses joueurs.
« Ça prend ça pour aller chercher tranquillement la curiosité d’une personne à la fois. Ce sont pas des joueurs de l’extérieur qui viennent chez nous pour essayer de vendre des billets. »
Comme le feront les Alliés sur le terrain, David Vigeant alias Riiem Tafl souhaite « represent » notre chez-nous. Et avec des objectifs qui ressemblent humblement à ceux d’AlleyOop360, il obtient tout notre support. Merci à lui pour l’entrevue exclusive et au plaisir de se voir à l’Auditorium de Verdun dès le 29 mai pour un match de l’Alliance de Montréal.