La bombe est tombée mercredi : Pascal Siakam fait ses valises pour se joindre à Tyrese Haliburton chez les Pacers d’Indiana, alors qu’une transaction monstre entre les deux clubs de la conférence Est voit d’ailleurs les ailiers Bruce Brown Jr et Jordan Nwora, ainsi que trois choix de premier tour, faire le chemin inverse vers Toronto.
Adrian Wojnarowski d’ESPN a d’abord rapporté les détails de l’échange, qui serait toujours en voie d’être finalisé au moment d’écrire ces lignes. Shams Charania de The Athletic avait cependant indiqué le premier, mardi soir, que cette entente était en train de se concrétiser.
La transaction marque la fin d’une ère chez les Raptors, alors que seul Chris Boucher demeure de la formation championne de 2019. Le virage jeunesse se poursuit avec l’acquisition de choix de repêchage qui viennent légèrement renflouer les coffres du président Masai Ujiri – même si Bruce Brown est âgé de 27 ans. Ce dernier pourrait être rapidement utilisé comme monnaie d’échange à la date butoir des transactions qui arrive dans moins d’un mois.
Brown a grandement contribué au parcours des Nuggets de Denver en 2023 et s’est valu le respect de tous par son jeu polyvalent, en plus d’un contrat de deux ans et 45 M$ (avec option d’équipe à la deuxième saison, soit 2024-2025). Ce contrat pourrait être alléchant aux yeux des franchises prétendantes au titre qui sauront se le permettre.
Woj a conséquemment précisé que les Pelicans de La Nouvelle-Orléans s’ajoutaient à l’accord en envoyant le point guard Kira Lewis Jr (22 ans) aux Raptors, puis un choix de deuxième ronde aux Pacers. On ne sait toujours pas ce que les Pels obtiendront en retour.
À titre de note, un des deux choix de première ronde pour 2024 qui est obtenu dans l’échange deviendra celui qui est le moins avantageux entre ceux qu’auront le Jazz, le Thunder, les Rockets ou les Clippers. Tout de même, les Raptors doivent se réjouir à l’idée de repêcher potentiellement trois fois au premier tour cet été (leur choix de premier tour personnel est transféré aux Spurs de San Antonio s’il tombe de 7 à 30) et une fois au deuxième (via les Pistons de Détroit) – malgré la nature peu excitante de la cuvée 2024.
Détails :
| Toronto obtient… | L’Indiana obtient… |
| Bruce Brown Jr | Pascal Siakam |
| Jordan Nwora | Choix de 2e tour (via NOP) |
| Kira Lewis Jr | |
| Choix de 1er tour en 2024 (via IND) | |
| Choix de 1er tour en 2024 (via UTA ou HOU ou LAC ou OKC) | |
| Choix de 1er tour en 2026 (via IND) |
Du côté des Pelicans, on parvient à se débarrasser du salaire de Kira Lewis qui doit empocher 5,7 M$ cette saison, afin de glisser sous la barre de la taxe de luxe. Avec deux sièges disponibles sur leur effectif, les têtes dirigeantes des Pelicans ont deux semaines pour les combler.
Autres détails : James Johnson a dû être retranché de l’effectif d’Indiana et c’est pareil pour le Camerounais Christian Koloko des Raptors, lui qui n’avait pas encore joué pour l’équipe cette saison avec des problèmes respiratoires.
Essentiellement, Siakam a une valeur bien supérieure à ce retour, mais Masai Ujiri et cie. ne pouvaient pas négocier pour beaucoup plus considérant l’incertitude des équipes adverses qui ne savent pas si elles pourront re-signer Pascal à long terme cet été. Il s’agit peut-être d’une victoire à court terme pour Toronto qui ne perd pas les services d’une autre vedette sans rien recouvrer en échange (voir Fred VanVleet), mais elle fait tout de même mal à long terme. Reste à voir ce que deviendront ces choix; gardez un oeil sur celui de 2026…
Malheureusement pour tous les partisans québécois des Raps, Bennedict Mathurin n’a pas été impliqué dans l’accord.
Un au revoir amer à Pascal Siakam
Le joueur francophone d’origine camerounaise vit actuellement la dernière année de son contrat à travers laquelle il se mérite un salaire de 38 M$. Son objectif est de signer une nouvelle entente maximale, laquelle il aurait initialement préféré négocier avec les Raptors, selon plusieurs rapports. Les Raptors ne voulaient vraisemblablement pas offrir à Siakam les sommes qu’il voulait, ce qui a mené à son départ.
Selon ESPN, Siakam aurait laissé savoir aux Pacers qu’il aimerait signer une nouvelle fiche contractuelle avec l’équipe en vue de 2024 et au-delà.
Les Kings de Sacramento faisaient partie des prétendants en vue de l’acquisition de Siakam, mais ont décidé de se retirer de la course dans les dernières semaines, après que le principal intéressé aurait informé la concession californienne qu’il n’aurait pas eu l’intention de demeurer et signer à long terme chez eux. Les Warriors de Golden State et les Mavericks de Dallas auraient également démontré un certain intérêt envers le joueur de 29 ans, selon les sources de The Athletic.
En 510 parties jouées durant sa carrière, toutes à Toronto, Pascal Siakam a laissé une marque indélébile dans la ville, la province et tout le pays en aidant notamment l’équipe à remporter le titre de champions en 2019, mais également par maintes autres accomplissements en tant que joueur et en tant qu’homme à l’extérieur des parquets – toujours souriant et prêt à aider la communauté.
Il termine son séjour au nord de la frontière à titre de cinquième meilleur marqueur total de l’histoire de la franchise canadienne, en plus d’être troisième aux rebonds totaux, cinquième aux passes décisives totales et premier au chapitre des performances avec au moins 25 points, 5 rebonds et 5 aides.
Spicy P a mené le circuit dans la catégorie des minutes par match à deux reprises sous Nick Nurse, en 2021-2022 et 2022-2023, réussissant à se créer une place à deux reprises au Match des étoiles de la NBA et à deux reprises sur une équipe All-NBA. Ajoutons à ce CV son trophée de Joueur le plus amélioré de 2019 et sa bague de championnat, puis on obtient l’un des plus grands athlètes de la courte histoire des Raptors de Toronto.
Comme c’était le cas lorsque Kyle Lowry, Fred VanVleet et O.G. Anunoby ont quitté l’équipe tour à tour, l’au revoir est difficile à faire pour les partisans du We the North dans le cas de Siakam. Les fans ont vu le Camerounais grandir et passer d’un junior méconnu issu de San Diego State, repêché 27e en 2016, à un MVP des finales dans la G League, à une superstar de la NBA, en seulement sept ans et demi de carrière.
La paire d’amis que sont VanVleet et Siakam représente à merveille les belles années du programme de développement des Raptors qui a créé deux joueurs étoiles, contre toute attente, à partir de jeunes hommes aux parcours atypiques et aux atouts incertains lorsqu’ils sont arrivés dans la cour des grands. Les deux joueurs ont du faire leurs preuves dans la G League sous les couleurs du 905 avant de créer la vague du « Bench Mob » avec Delon Wright et Jakob Poeltl, entre 2016 et 2018.
Peut-être qu’après les départs de Kawhi Leonard et de Kyle Lowry, lorsque la formation comptait désormais sur Siakam comme première option offensive, le power forward parfois maladroit n’endossait pas le rôle à la perfection, ou qu’il ne portait pas le chapeau qui lui faisait le mieux. Même s’il a connu ses meilleures campagnes individuelles depuis la conquête du championnat, avec des moyennes de 22.8 PTS, 7.6 AST, 4.8 REB et 1.0 STL par match sur 48% d’efficacité au tir (2020-2024), P Skills a plutôt excellé avec la fonction de troisième ou deuxième option auparavant.
Il demeure un joueur de basketball polyvalent, grand, long et agile qui sait défendre plusieurs positions, qui est menaçant en transition par sa vitesse et son agressivité, avec un sac de tours offensifs en constante expansion – voilà ce que les Pacers obtiennent dans cet accord. Avec un meneur de jeu hors pair en Tyrese Haliburton comme capitaine du navire, Pascal Siakam fera office de lieutenant merveilleux.
L’ailier fort venu des Raptors cadre tout simplement parfaitement dans l’alignement de Rick Carlisle à Indianapolis. Il aura la chance de mettre à l’oeuvre ses talents de création offensive et de s’accoutumer à l’équipe, sa deuxième depuis son arrivée chez les pros, en attendant le retour de Haliburton, blessé aux ischio-jambiers.
En Ontario, on continue de tourner la page vers un tout nouveau chapitre où Scottie Barnes est le personnage principal. Immanuel Quickley et RJ Barrett se sont déjà joints au club afin d’amorcer cette semi-reconstruction, via l’échange avec les Knicks de New York impliquant O.G. Anunoby, et voilà que Bruce Brown, Jordan Nwora, Kira Lewis et de futurs choix au repêchage viennent se greffer au noyau.
Les partisans te remercient pour tes services, Pascal, et ils s’ennuieront de toi – pour la plupart.
