Dominants, agressifs, voire féroces, les Timberwolves ont dévoré les Nuggets pour une deuxième victoire en deux matchs de cette demi-finale de la conférence Ouest, le tout dans le domicile des champions en titre, dont la base partisane est demeurée abasourdie lundi soir. Anthony Edwards agissait à nouveau à titre de fer de lance magistral pour l’attaque du Minnesota, alors que l’équipe déployait un incroyable effort défensif, en l’absence de Rudy Gobert (lui qui a vu son premier enfant naître le même jour).
Franchement, il s’agissait possiblement de la meilleure application défensive que j’aie vu en direct, de toute ma vie : les T-Wolves ont limité Denver à seulement 34% d’efficacité globale au tir, pour l’emporter 106-80 et demeurer invaincus (6-0) dans ces séries éliminatoires. Il s’agissait d’ailleurs du deuxième plus grand écart de triomphe (+26 points) de l’histoire de la concession du Minnesota.
On dit parfois que « la défense gagne des championnats ». Et cette édition des Timberwolves a mené le circuit au chapitre des cotes défensives pour virtuellement tout le calendrier régulier. On ne devrait donc pas être surpris de voir que la troisième tête de série à l’Ouest, laquelle a terminé la saison avec 56 victoires, domine par sa défensive, en playoffs, aussi. Mais pourtant, on ne peut s’empêcher d’être émerveillés par le traitement que les Timberwolves ont réservé aux Nuggets, eux qui étaient considérés comme des favoris clairs au championnat de leur conférence cette année.
Certes, les partisans de la franchise de Minneapolis vous dirons qu’ils avaient espoir de vaincre les puissants champions en titre après avoir balayé les Suns de Phoenix – une troupe hautement offensive –, mais personne n’aurait pu prédire que les Wolves s’empareraient d’une avance de 2-0 avec autant de fougue et de panache, en territoire ennemi. Les fans des Nuggets, eux, ont certainement l’impression de se réveiller d’un cauchemar improbable en ce mardi matin.
Les prouesses défensives de Jaden McDaniels, Nickeil Alexander-Walker, Anthony Edwards et même le vétéran Mike Conley au périmètre ont fait suffoquer les arrières opposés, dont Jamal Murray et Kentavious Caldwell-Pope, lesquels connaissaient sans aucun doute leur pire sortie respective des séries. À l’intérieur, les Timberwolves ont même accompli ce qui était récemment considéré impossible, c’est à dire freiner le MVP Nikola Jokic.
Le Joker n’avait pas Rudy Gobert devant lui – celui qui devrait être nommé Joueur défensif de l’année pour une quatrième fois ce soir –, mais plutôt les polyvalents Karl-Anthony Towns, Kyle Anderson et Naz Reid. La stratégie des entraîneurs du Minnesota était cependant de doubler Jokic de façon rapide, décisive et organisée à chaque occasion, et le pivot titulaire des Nuggets n’a pas su capitaliser sur ces opportunités de passes comme il sait habituellement si bien le faire. Ses coéquipiers ne profitaient pas de ses passes pour convertir leurs tirs à découvert, non plus.
Au total à travers 38 minutes, Nikola Jokic a été limité à seulement 16 points sur un taux d’efficacité inhabituel de 39%, avec tout de même 16 rebonds et 8 mentions d’aide à son compte. On a rarement (voire jamais) vu le Joker avoir l’air aussi secoué sur des parquets auparavant.
L’action offensive du pick-and-roll Jokic-Murray – une arme pourtant si redoutable – qui avait été leur gagne-pain lors des séries de 2023 a été totalement neutralisée. Aussi, la tendance de revirements qui a commencée face aux Lakers de Los Angeles au premier tour se poursuivait dans le cas du Serbe, alors qu’il enregistrait 4 revirements de ballon, autant que Murray.
Le meneur de jeu canadien, justement, vivait une partie hautement désagréable, en ne récoltant que 8 points sur 17% d’efficacité, mais aussi 13 rebonds, 2 passes et 2 interceptions, en 35 minutes. On assistait donc au deuxième match de séries au plus bas taux d’efficacité pour un membre des Nuggets. Carmelo Anthony (6% en 2004) est premier de cette liste déshonorante.
L’attitude et la frustration de Murray face aux développements de la première demie ont escaladé jusqu’à ce qu’il lance une serviette et une pochette chauffante en direction d’un arbitre – à partir du banc – au deuxième engagement, soit un comportement inexcusable pour quiconque.
Le point guard de 27 ans pourrait être suspendu ou, du moins, puni pour ses actions au cours des prochains jours, selon plusieurs analystes. Le degré « d’énervement » qu’il a démontré en ce Match #2 n’était donc pas seulement qu’en lien avec ses propres difficultés offensives et la défense étanche des adversaires, mais aussi en lien avec le travail du personnel d’officiels.
Après 24 minutes d’écoulées dans ce violent combat, Edwards et Towns avaient, à eux seuls, 36 points combinés, ce qui était plus que toute la formation des Nuggets de Denver, à 35 points.
Selon Jamal et son entraîneur en chef, les arbitres n’appelaient pas plusieurs fautes en première demie, et Michael Malone s’est même rendu jusqu’au centre du terrain pour engueuler Marc Davis. De façon surprenante, il ne s’est pas vu décerner de faute technique sur cette séquence :
Son équipe s’est mise dans l’eau chaude avec ces deux revers, mais Malone admettra néanmoins en conférence d’après-match que la majeure part du crédit pour ce résultat à sens unique revient à l’équipe adverse.
« Nous nous sommes faits ‘sur-coacher‘, nous nous sommes faits dominer. On peut soit se désoler, ou on peut faire tout en notre possible pour être meilleurs au Match #3. »
Michael Malone
En ce qui concerne le camp victorieux, Ant a bien fait au son de 27 points, 2 rebonds, 7 aides et 2 interceptions, convertissant 65% de tous ses tirs. Idem à son acolyte, KAT y est allé d’une belle performance bidirectionnelle de 27 points, 12 rebonds et 2 contres, sur 67% d’efficacité et 3/5 du périmètre. Naz Reid et Alexander-Walker ont chacun ajouté 14 points en sortie de banc, au travers de 29 minutes d’activité.
À titre de note, Edwards devenait hier le septième joueur le plus rapide de tous les temps à rejoindre le plateau des 500 points en carrière, en séries éliminatoires, derrière Michael Jordan, Rick Barry, Wilt Chamberlain, Bob McAdoo, Luka Doncic et Kareem Abdul-Jabbar !
Sur à peu près tous les plans, les T-Wolves ont imposé leur loi à Denver hier :
- Paniers réussis – MIN 42/84 (50%) c. DEN 29/83 (34%)
- Tirs à 3-points réussis – MIN 13/33 (39%) c. DEN 9/30 (30%)
- Passes décisives – MIN 28 c. DEN 16
- Interceptions – MIN 11 c. DEN 6
- Contres – MIN 12 c. DEN 6
- Revirements – MIN 12 c. DEN 16
- Points marqués dans la clé – MIN 52 c. DEN 34
- Points marqués en transition – MIN 18 c. DEN 10
- Points marqués après revirements adverses – MIN 19 c. DEN 2
- Plus importante priorité du match – MIN 32 c. DEN 2
Cette édition des Nuggets a déjà su mettre sur pieds d’incroyables remontées à l’intérieur de séries où elle tirait de l’arrière 3-1 – dont deux fois en 2020 –, mais jamais de retards de 2-0.
En dérobant ainsi l’avantage du domicile aux Nuggets, Ant-Man et sa bande s’envolent donc pour le Minnesota avec leur service en poche et tout le momentum. La troupe de Michael Malone, elle, bénéficiera de quatre jours de repos afin de se ressaisir et de monter une plan de match différent en vue de la troisième rencontre, qui aura lieu à Minneapolis le vendredi 10 mai (21h30).
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