La journée de dimanche, le 19 mai, était la scène d’une paire de Matchs #7 historiques alors que les Timberwolves du Minnesota allaient arracher le gain dans le domicile des Nuggets à Denver, quelques heures après le triomphe des Pacers d’Indiana au Madison Square Garden. Anthony Edwards n’était pas au sommet de sa forme pour amorcer la décisive partie, mais les Wolves ont tout de même su s’improviser les auteurs d’une remontée improbable après avoir tiré de l’arrière par 20 points – pour une victoire 98-90 –, soit du jamais vu dans l’histoire du circuit pour un septième affrontement d’une série.
Abasourdis et impuissants devant l’énergie de deuxième demie déployée par l’adversaire, les champions en titre de la NBA et leurs partisans tombent au deuxième tour des éliminatoires et devront plier bagage plus tôt que prévu, permettant au Minnesota de passer à l’étape de finale de conférence pour une première fois en deux décennies, question d’y croiser le fer avec les Mavericks de Dallas.
Jamal Murray a lancé les festivités de façon enflammée, avec un step-back du périmètre, un lay-up, un fadeaway de la mi-distance, puis deux autres tirs à 3-points, tout ça au premier quart-temps, afin d’y accumuler 13 points rapides et donner un certain ton à la joute, tandis que plusieurs tirs sont ratés d’une part comme de l’autre chez les autres participants. Le Canadien a terminé les 24 minutes de jeu initiales avec 24 points à sa fiche.
L’avance des Nuggets était grande de 15 points à la pause de mi-temps, considérant leur deuxième quart dominant de 29 points à 19, momentum sur lequel les hommes de Michael Malone ont immédiatement voulu capitaliser à l’entame du troisième engagement pour en faire un gouffre de 20 points. Or, les T-Wolves ont resserré la vis au fil des minutes à suivre pour rapidement gruger cet écart et ne permettre que 14 points totaux aux champions en titre durant le quart.
Juste avant d’amorcer le quatrième, Denver commence à suer, ayant vu sa priorité s’évaporer pour ensuite mener que par 1 point au lancement du dernier quart, qui a ultimement été remporté 32 à 23 par l’équipe des visiteurs. Les 13 points, 15 rebonds et 5 passes décisives de Jokic à la mi-temps – ce qu’il est seul à avoir accompli à travers les 25 dernières années – ont été réduits à néant alors que Jaden McDaniels (23 pts, 6 reb, 2 stl, 70% au tir) et Karl-Anthony Towns (23 pts, 12 reb, 2 stl, 57% au tir) mettaient sur pieds d’excellentes deuxièmes demies défensives et offensives.
À titre de fait intéressant, McDaniels est le deuxième plus jeune athlète avec deux matchs à éliminations de suite où son rendement était d’au moins 20 points et 3 interceptions + contres. Seul un certain Michael Jordan réussi l’exploit à un plus jeune âge.
Ant-Man laissait derrière lui une première demie de seulement 4 points (1/7 au tir, 0/3 de l’arche) pour lui aussi contribuer de belle façon à la remontée des siens avec une efficacité défensive hors pair, combinée à quelques bons moments à l’attaque, question de propulser la séquence de 19-3 des Wolves au troisième quart. Lorsque le cadran n’affichait plus que 8:00 au quatrième, l’équipe locale tirait désormais de l’arrière par 2 points, sans plus jamais revoir la priorité qu’ils avaient pourtant entretenue à travers deux quarts complets.
Le jeune arrière vedette des Timberwolves a terminé sa soirée de travail avec 16 points, 8 rebonds, 7 passes décisives et 2 interceptions dans le cadre de cette histoire qui s’écrivait en deux temps, mais son impact en seconde portion de joute allait bien au-delà de la feuille de match, même s’il n’a converti que 25% de tous ses tirs. La remontée de 20 points est la plus importante de tous les temps en un Match #7.
« J’ai menotté Jamal, » a déclaré Edwards après le gain, au sujet de sa performance de deuxième demie, avec toute la bravade qu’on lui connaît.
Et il a raison : Murray n’a converti que 38% de ses tirs lorsque soit Edwards ou McDaniels était son défenseur principal dans le cadre de cette série. De plus, rappelons que seul Ant, LeBron James et Kobe Bryant ont moyenné des seuils minimum de 25 points, 5 rebonds et 5 aides par match à 22 ans (ou moins), dans un parcours éliminatoire qui a mené à la finale de conférence.
Plus tôt dans l’après-midi de dimanche, les Pacers devenaient la 20e formation en 20 occasions à remporter son septième match lorsqu’elle jouissait d’une avance de 15 points ou plus en rejoignant les vestiaires… Ça n’a pas pris de temps cependant avant que les Nuggets mettent fin à cette séquence invaincue des livres d’histoire de la ligue avec la première défaite de la sorte en 21 occasions.
Il s’agissait d’ailleurs de la première journée depuis l’inauguration de la NBA où deux équipes s’emparaient de victoires de Match #7 sur la route.
En ce qui a trait à la troupe vaincue hier soir, on essuyait un 12e revers cette saison en 12 matchs – dont la moitié furent contre le Minnesota – où on enregistrait moins de 100 points totaux ! On parle donc d’un sérieux problème auquel il faudra remédier en préparation pour la campagne 2024-2025, lorsque les Nuggets voudront certainement revenir avec un esprit vengeur et un sentiment de business non terminée.
Celui qui a soulevé son troisième trophée de Joueur le plus utile ce mois-ci a dit des Timberwolves qu’ils étaient « bâtis pour vaincre [les Nuggets]. » Et il n’a pas tout à fait tort. Le Serbe a également voulu lancer leurs fleurs à l’opposition et le meneur de jeu Mike Conley, qu’il qualifiait de « probablement le joueur le plus sous-estimé de la NBA. »
Au fil de ses trois récentes sorties, le vétéran de 36 ans a inscrit en moyenne 12 points, 6 passes décisives et 3 tirs à 3-points par match, sur un taux d’efficacité de 50% du périmètre. Il compte 18 mentions d’aide sans revirement durant ce trio de joutes !
Moins composé en conférence d’après-match, l’entraîneur-chef des Nuggets a lancé à un journaliste qu’il avait posé une « stupid ass question »… Michael Malone n’avait pas envie de se pencher sur la remontée de l’équipe adverse. « La saison est terminée. Voilà ce qui est difficile. F**k l’avance de 20 points. »
Le portrait qui est finalement peint de ce parcours en playoffs pour les défenseurs du titre de champion en est un en dents de scie, avec d’horribles revers (matchs no. 2 et 6) et de grandes victoires, entre autres grâce aux tirs cruciaux de Jamal Murray contre les Lakers de Los Angeles au premier tour. Au final, ils ne faisaient pas démonstration de la même cohésion ou de la même force mentale qu’au printemps 2023, avec des élans de frustration de Murray et de son coach ici et là.
Les spécialistes et joueurs de rôle au sein de l’équipe doivent également se regarder dans le miroir à la suite de ce revers amer, considérant qu’aucun d’entre eux n’a mis plus de 5 points durant le match, tandis que Jokic et Murray en étaient chacun à plus de 30. Le Joker s’est chargé de 34 points, 19 rebonds, 7 mentions d’aide et 1 contre sur 46% d’efficacité, mais il n’a fait mouche qu’à deux de ses 10 tentatives du centre-ville, éprouvant des difficultés avec son tir extérieur tout au long de ce parcours.
Pour sa part, Jamal Murray a déposé 35 points, 3 rebonds et 3 passes à 48% d’efficacité au tir, mais en vain. Ici, au Canada, on peut se désoler des éliminations précoces de Shai Gilgeous-Alexander et du Blue Arrow à l’intérieur de ces playoffs, mais il est tout de même possible de se réjouir à l’idée que les deux arrières de grand talent bénéficieront d’un repos prolongé avant de se lancer dans les préparatifs pour les Jeux de Paris, en juillet.
Murray a justement confirmé son engagement envers le programme canadien alors qu’il s’adressait aux journalistes après la rencontre :
L’État du Minnesota peut aujourd’hui célébrer en sachant que la meilleure équipe défensive du circuit – et franchement la meilleure défense des dernières années – participera à la finale de la conférence Ouest pour la première fois depuis 2004 (et deuxième fois au total), soit lorsque le Big Ticket Kevin Garnett était fer de lance du club. Les Lakers de Shaquille O’Neal et Kobe Bryant avaient toutefois remporté ce duel en six joutes pour atteindre la grande finale. On espérera un meilleur résultat cette fois chez les T-Wolves.
Désormais, nous savons que la NBA aura un nouveau champion pour la sixième année consécutive, ce qui n’était pas arrivé depuis 1980. Ce sera également une troisième occasion au fil des 30 dernières saisons où l’équipe qui soulèvera le Larry O’Brien n’a pas d’ancien MVP parmi ses rangs (Raptors en 2019 et Pistons en 2004).
Le premier affrontement entre les Mavs de Luka Doncic et les Timberwolves aura lieu ce mercredi à 20h30, dans l’enceinte du Target Center.
