Ça y est, le portrait de la grande finale de la NBA pour la saison 2023-2024 est coulé dans le béton, et les Mavericks de Dallas ont ponctué leur surprenant parcours à travers les séries éliminatoires de l’Ouest à l’aide d’une conquête du trophée Oscar Robertson – remis aux champions de la conférence –, eux qui ont su terrasser la meilleure défense du circuit, les Timberwolves du Minnesota, en cinq rencontres. Le dernier duel de la série, disputé jeudi soir au Target Center, aura été l’affaire des Mavs du début à la fin, avec une explosion historique de Luka Doncic au premier quart dont les Wolves n’ont jamais su récupérer.
Doncic et son acolyte Kyrie Irving ont chacun inscrit 36 points au Match #5 avant de l’emporter 124-103 et de signer leur billet pour la finale, là où les Celtics de Boston les attendent depuis quelques jours. Sans trop de surprise, le phénoménal meneur de jeu slovène chez les Mavericks s’est mérité le trophée Magic Johnson décerné au Joueur le plus utile de la finale de conférence Ouest.
Ils ont désormais battu la première tête de série et la meilleure équipe défensive à l’Ouest; il ne reste plus que la concession au meilleur bilan de la NBA se dressant sur leur chemin.
À 25 ans, le CV déjà fort impressionnant de Luka Doncic ne cesse de s’allonger et s’allonger. Cette imposante démonstration d’autorité au domicile des Timberwolves marquait peut-être le plus grand exploit de la carrière du Slovène – sa Mona Lisa –, lui qui n’a pas même voulu laisser de chance aux adversaires d’avoir espoir de revenir dans le match. Il a frappé en premier, et avec une force étourdissante, question de permettre une priorité de 16 points à sa troupe après un quart-temps, puis de 29 points à la mi-temps. Les Mavs n’ont plus jamais regardé de l’arrière et ont fait grandir leur priorité jusqu’à une apogée de 36 points en deuxième demie.
Ça n’aide pas non plus dans le cas des T-Wolves qu’ils aient raté 13 de leurs 14 premiers lancers à l’extérieur de la clé, alors que leur saison était en jeu, puis qu’ils ont seulement converti 11 de leurs 26 premières tentatives de tirs au panier.
Le tout aurait cependant été impossible sans la vingtaine de points de Luka au premier engagement, lui qui avait déjà accumulé ces 20 points en moins de 10 minutes de jeu, pour terminer le quart avec un point de plus à son compte personnel que toute l’équipe des Timberwolves. La foule abasourdie du Target Center assistait à un tour de force offensif des plus rares alors que Doncic réussissait huit de 10 tirs, dont 4/5 à partir du royaume des 3-points.
Quelques records
En outre de ses 36 points, Doncic a terminé sa soirée de travail avec 10 rebonds, 5 passes et 2 interceptions à son compte, ayant converti 64% de tous ses tirs et six de ses 10 essais du périmètre, pour une cote différentielle de +22. Dominant au travers de toutes les playoffs, le Wonderboy européen est un de seulement six joueurs à mener leur formation aux chapitres des points totaux, rebonds totaux et assistances totales en une même épopée se terminant en finale : Jason Kidd (2002), Tim Duncan (2003), Nikola Jokic (2023), Jayson Tatum (2024) et LeBron James (quatre fois) ont tous accompli l’exploit auparavant.
Mais ce n’est pas tout, car Luka Doncic se retrouve maintenant au sommet des catégories suivantes pour tous les participants à l’après-saison 2024 : points, rebonds, passes décisives, interceptions, paniers réussis, tirs à 3-points réussis et lancers francs réussis…
Voilà un autre fait d’armes d’envergure pour Doncic, lui qui a déjà été nommé joueur All-Star ET All-NBA à cinq reprises, Recrue de l’année, champion des marqueurs et MVP de la deuxième finale de conférence à laquelle il a participé, le tout à seulement 25 ans. Il est encore le meneur de l’histoire pour la plus grande moyenne de points par match en séries éliminatoires, d’ailleurs, avec 31.1 PTS. Question de mettre le record en perspective, le Slovène a connu plus de sorties de playoffs à au moins 30 points que 99% des joueurs depuis l’inauguration de la NBA.
De plus, le record pour le plus de performances à 30+ points, 5+ rebonds et 5+ assistances sur une année (saison régulière et séries combinées) lui appartient désormais, avec 55 matchs de la sorte, soit six de plus que l’ancien détenteur du record Oscar Robertson (1962).
Seuls trois duos ont déjà amassés chacun 30 points ou plus en une même rencontre éliminatoire leur permettant d’accéder à la finale, dans l’histoire de la ligue, et le binôme Doncic – Irving fait désormais partie de cette liste, en compagnie de Kobe Bryant – Shaquille O’Neal et LeBron – Kyrie.
Au fil de cet affrontement avec Minny, Luka et Kai ont inscrit ou fait la passe décisive sur 423 des 567 points marqués par leur équipe, soit environ 76% des points. Qui aurait cru, après que les Mavericks n’aient pas fait l’après-saison en 2022-2023, que cette paire d’arrières les mènerait cette fois vers la Terre promise ?
Au moment de rejoindre les vestiaires, Luka et Kyrie avaient déjà combinés leurs efforts pour 44 points totaux, ce qui représentait une plus grosse somme que l’opposition (40 points). La victoire semblait alors dans la poche, mais dans la NBA d’aujourd’hui plus aucune priorité n’est certaine, alors les visiteurs ont gardé leur pied sur l’accélérateur jusqu’à ce que l’entraîneur-chef adverse Chris Finch retire ses titulaires du match avec exactement 3 minutes à faire au cadran, jetant officiellement l’éponge.
Si Doncic allait chercher la grande majorité de ses paniers en première demie, la deuxième appartenait plutôt à Irving, lui qui a totalisé 36 points, 4 rebonds, 5 mentions d’aide et 4 tirs à 3-points en 10 tentatives, sans commettre de revirement. Le vétéran de 32 ans retournera en finale pour la première fois depuis 2017, là où il croisera le fer avec une de ses anciennes équipes.
Dallas a également vu de belles contribution des joueurs de rôle à nouveau soutenir la paire de gardes étoiles hier soir, dont celle de PJ Washington qui a inscrit 12 points, 7 rebonds, 2 aides et 2 vols de ballon, alors que Daniel Gafford était à nouveau crucial au centre avec ses 11 points, 9 rebonds et 1 contre. Or, la recrue Dereck Lively II, absent du Match #4 après un dur coup de genou à la tête au combat précédent, s’est peut-être montrée encore plus importante au succès des siens, grâce à 9 points, 8 rebonds, 3 passes et 3 contres en 24 minutes de jeu.
La base partisane des Mavs a tout de même connu une bonne frousse au deuxième quart lorsque Lively a reçu un autre coup à la tête, celui-ci de la part de Naz Reid, avant de tomber au sol en douleur. Heureusement, le pivot de plus de 7 pieds est revenu au jeu après une courte période de repos et Reid a obtenu une faute flagrante de type 1 pour son geste.
Inarrêtable au dunk contre le Minnesota, Dereck Lively II n’a pas raté un seul de ses 16 tirs, ce qui représente un record de tous les temps pour le nombre de paniers sans manquer la cible en une série.
Du côté des T-Wolves, ont peut pointer vers les apports des vedettes offensives Anthony Edwards et Karl-Anthony Towns comme des performances dignes de mention, même si la plupart de leurs points ont été récoltés en deuxième demie, lorsque la victoire était essentiellement hors de portée. Ant s’est chargé de 28 points, 9 rebonds, 6 passes décisives et 4/6 du périmètre; KAT mettait 28 points, 12 rebonds, 2 passes. Aucun autre membre du Minnesota n’a enregistré une dizaine de points ou plus dans le cadre de l’ultime défaite de leur saison.
En somme, la franchise des Villes jumelles peut toutefois se réjouir de la campagne qu’elle a connu, malgré une conclusion amère, devant des Mavericks qui se sont servis de leur « star-power » afin de réduire à néants les entreprises défensives de cette unité. Les Timberwolves ont remporté 56 parties de saison régulière pour décrocher la troisième place au classement de l’Ouest, en ayant le Joueur défensif de l’année (Rudy Gobert) et le Sixième homme de l’année (Naz Reid) parmi leurs rangs, ainsi qu’une belle mention sur la deuxième équipe All-NBA pour Edwards, lequel n’est toujours âgé que de 22 ans.
Au fil de cet impressionnant parcours de séries, Ant-Man s’est démarqué tel un des athlètes les plus dynamiques au monde et comme une véritable superstar dans la NBA. Durant ces trois rondes face aux Suns, Nuggets et Mavericks, Edwards a récolté en moyenne 27.6 PTS, 7.0 REB, 6.5 AST et 1.5 STL par match en plus de réussir environ 3 triplés par soir sur 40% d’efficacité.
Ils n’ont peut-être pas su reproduire leurs succès qu’ils avaient connus face aux Nuggets de Denver cette fois, contre Dallas, mais les hommes de Chris Finch ont raison d’être fiers de leur parcours et des surprises qu’ils ont causées à travers les derniers mois. L’entre-saison de l’équipe pourrait cependant en être une marquée par le changement, alors que le dossier légal de l’annulation de la vente des Timberwolves – impliquant les acheteurs potentiels Alex Rodriguez et Marc Lore et le gouverneur actuel Glen Taylor – plane toujours.
Aussi, on s’attend à ce que cet effectif coûte très, très cher aux dirigeants de l’équipe après la saison morte, ce qui peut porter à croire que des modifications risquent d’être apportées à son noyau : les Wolves de 2024-2025 pourraient être bien différents. Mais le tout reste à suivre.
En ce qui a trait aux deux clubs finalistes, on bénéficie d’une semaine de repos avant que la finale ne soit entamée à Boston, le jeudi 6 juin, à 20h30. Bonne semaine de « congé » de la NBA !