La WNBA a finalement révélé l’emplacement de sa nouvelle équipe d’expansion : la Baie de San Francisco. Autant que les partisans se soient réjouis de la venue d’une franchise dans le nord de la Californie, d’autres remarquent l’absence de Toronto dans le processus. De conflits à l’interne à des inquiétudes concernant l’horaire, voici pourquoi la candidature de Toronto pour une alliance avec la WNBA – qui semblait si évidente – n’est plus.
Le groupe MLSE (Maple Leaf Sports & Entertainment) en a déçu plus d’un cette semaine. La WNBA ne sera pas à Toronto de sitôt et il y aurait de la bisbille à l’interne au cœur du problème, notamment entre Masai Ujiri et Edward Rogers de Rogers Communications. Doug Smith du Toronto Star a rapporté que la relation dysfonctionnelle entre les deux hommes aurait grandement influencé le retrait de la candidature de la Ville reine.
Comme enjeu principal, toutefois, on comprend que ce serait le problème de l’aréna utilisée qui aurait d’abord refroidi MLSE. La WNBA voudrait que le Scotiabank Arena (19 800 places assises) accueille les matchs à domicile d’une potentielle concession torontoise, mais le groupe qui la gouvernerait ne serait pas prêt à dédier une vingtaine ou trentaine de soirs d’été à du basketball féminin – aux dépends de concerts et spectacles qui rapporteraient possiblement plus d’argent.
Ujiri a pris les commandes des Raptors en 2013 et il a grandement contribué à la modernisation de l’équipe : la venue d’un club dans la G League (2015), un nouveau centre d’entraînement dernier cri (2016) et l’ajout de diverses ressources pour les joueurs au Scotiabank Arena, domicile des Raptors et des Maple Leafs. Bref, depuis son arrivée chez les Raptors, Ujiri a forcé la main de MLSE à dépenser de l’argent là où l’organisation s’est déjà montrée hésitante.
Masai Ujiri a du pouvoir. Après tout, les Raptors ont mis la main sur un premier titre en NBA, produit deux Entraîneurs-chefs de l’année (Dwane Casey et Nick Nurse), le Joueur le plus amélioré de 2019 en Pascal Siakam, une Recrue de l’année en Scottie Barnes, un Sixième homme de l’année en 2015 avec Lou Williams, plusieurs All-Stars et sept apparitions consécutives en séries éliminatoires (2014-2020).
Si les Raptors vont bien, Masai Ujiri sera applaudi. Si les Raptors vont mal, il sera pointé du doigt. C’est d’ailleurs ce pouvoir auprès des gouverneurs chez MLSE qui est à l’origine des tensions que l’on connaît aujourd’hui.
De plus, on a rapporté cet été que Larry Tanenbaum, lequel détient 25% des parts de la compagnie, s’éloignerait du portrait peu à peu. Le géant de la construction serait toujours à la recherche d’un acheteur de ses parts. Décidément, rien ne va plus chez MLSE.
Et pourtant…
Toronto coche toutes les cases pour obtenir une équipe professionnelle de basketball féminin. En près de 30 ans d’existence, les Raptors ont gagné le cœur des partisans dans l’ensemble du pays – comme on l’a vu lors de la conquête de 2019. La région du Grand Toronto représente d’ailleurs le marché inexploité par la WNBA le plus important entre le Canada et les États-Unis.
En mai dernier, un match préparatoire entre les Lynx du Minnesota et le Sky de Chicago a pris d’assaut la ville. La ligue n’aura eu besoin que de 20 minutes pour voir la totalité des billets vendus, soit plus de 19 000. Toronto a répondu présente pour du basketball de la WNBA, mais MLSE n’en a visiblement rien à faire et le projet devra attendre avant de revoir le jour.
La WNBA aura deux nouvelles équipes en 2025, dont la nouvelle formation qui sera parrainée par les Warriors de Golden State, puis une dont l’emplacement est toujours à déterminer. On regarde aussi du côté de Portland pour l’ajout d’une 14e franchise à la ligue. Il n’y a toutefois pas de date prévue pour une autre future expansion.
C’est dommage de voir que le conflit entre Masai Ujiri et MLSE est au détriment des partisans de la sorte, lesquels en ressortent ultimement perdants. Toronto était une candidate parfaite, mais la direction chez Maple Leaf Sports & Entertainment n’est visiblement pas prête à inviter du basketball de la WNBA à Toronto.
Le projet pourrait néanmoins se concrétiser dans le futur, avec ou sans MLSE.